Kocel

 
 
 

Statue de Koceľ (Assemblée nationale de Serbie à Belgrade)

Kocel (aussi Kocel´, Kozel, Gozil, Chozilo, Chezilo, Hezilo, Chezul), mort en 876, fut le deuxième prince de la Principauté du Balaton de 860/861 à 876.

Il était le fils et successeur de Pribina et de sa femme d´origine bavaroise. Son nom, Gozil, est d´origine bavaroise, il fut utilisé sous sa forme slave. Il est probablement né avant ou juste après que son père fut chassé de sa Principauté de Nitra par Mojmír Ier en 833. En tout cas, il accompagna son père lors de son séjour dans l´Empire bulgare. Avant d´être prince, il fut d´abord comte, au plus tard en 850, probablement du comté du Balaton, une partie de la principauté du Balaton. Cette année-là, il était présent à Blatnograd lors de la consécration de l´église de la Vierge-Marie. Il fut d´abord un vassal des Francs de Francie orientale, puis un allié de la Grande-Moravie avant de retourner sous l´influence des Francs dans les années 870. Il continua la politique de christianisation de son père. Adalwin, l´archevêque de Salzbourg consacra plusieurs églises dans son domaine en 865.

Il est surtout connu pour avoir hébergé les frères Cyrille et Méthode de Salonique pendant l´été 867 lors de leur voyage depuis la Grande-Moravie jusqu´à Rome. Ces deux missionnaires des Slaves ont instruit jusqu´à 50 élèves dans sa capitale de Blatnograd et ils ont laissé une forte impression sur Kocel. Ensuite, il soutint et développa la liturgie en langue slave. Pendant l´hiver 869/870, il demanda au pape Adrien II la nomination de Méthode comme archevêque de Sirmium, responsable de la Pannonie et de la Grande-Moravie. Cette nomination fut à l´origine de conflits avec l´archevêque de Salzbourg qui perdait le contrôle de ces domaines et fut une motivation pour la rédaction du livre « Conversio Bagoariorum et Carantanorum » qui décrit le rôle des archevêques de Salzbourg dans la christianisation de la région.

En 876, il prit part aux campagnes franques contre les Croates de Dalmatie et trouva la mort. Les circonstances de sa mort sont inconnues. Après son décès, la principauté du Balaton tomba dans les mains d´Arnulf de Carinthie.

Pribina

 
 
 

Statue de Pribina à Nitra

Pribina, aussi appelé Priwina ou Privina dans les chroniques franques, est un prince slovaque de la Principauté de Nitra (v. 825-833) fondateur de la Principauté du Balaton (v. 840-861). En Slovaquie, il est considéré comme le premier souverain des Slovaques. La principale source écrite concernant sa vie est le Libellus de conversione Bagoariorum et Carantanorum rédigé à Salzbourg dans les années 870.

On ne sait pas avec certitude si Pribina était païen. Dès 828, il laisse construire une église à Nitra qui fut consacrée par Adalram, l'archevêque de Salzbourg. C'est la plus ancienne église de Slovaquie. Elle a pu servir soit à des marchands chrétiens soit à sa femme d'origine bavaroise. De plus, la construction de plusieurs châteaux est attribuée à cette période.

Pribina est chassé de Nitra en 833 par le prince morave Mojmír Ier. La destruction des châteaux de Pobedim et Čingov est attribuée à cette guerre. Pribina se réfugie donc chez Radbod, le margrave de Pannonie, qui le fait baptiser (ou rebaptiser). Après des disputes avec Radbod, il s'enfuit en Bulgarie et essaie de persuader le Khan Malamir d'attaquer les Francs. Ayant juste conclu la paix, celui-ci refuse et Pribina repart vers la Slavonie, chez le prince Ratimir, un membre de sa famille. Mais en 838, Radbod conquiert la principauté de Ratimir et Pribina fuit chez Salacho, un prince de Carniole, une contrée qui était alors probablement déjà soumise à l'autorité de Radbod. Salacho réconcilia Radbod et Pribina.

En 839 ou en 840, Pribina reçoit un domaine peuplé par des slaves situé en Pannonie entre le Danube, la Drave et la Raab de la part du roi de Francie orientale Louis le Germanique. Actuellement, ce domaine est connu sous le nom de Principauté du Balaton. En 846 ou en 847, il en obtint la propriété perpétuelle. Dans ce domaine, il encouragea la colonisation et fut un missionnaire ardent. Il fit de sa capitale Blatnohrad une énorme forteresse, fit construire 15 églises et fut jusqu'à sa mort un vassal fidèle des rois francs. Il protégea l'empire des Francs des attaques de la Grande-Moravie, de la Bulgarie et des princes slaves du sud-ouest.

Pribina est mort en 861 pendant les combats opposant Carloman à Rastislav de Moravie (Certains historiens supposent qu'il est mort face à Carloman, lors de sa rébellion contre son père, Louis le Germanique). Son successeur fut son fils, Kocel, qui poursuivit le travail de son père.

Littérature[modifier | modifier le code]

  • A History of Slovakia: The Struggle for Survival, Stanislav J. Kirschbaum, 1995, (ISBN 9780312104030).

Principauté du Balaton

 
 
Balaton principality.png
 
 

Carte de la Principauté du Balaton

La Principauté du Balaton (aussi appelée Principauté de Pribina-Kocel1, Pannonie, Basse-Pannonie, principauté pannonienne, principauté transdanubienne), est l'appellation moderne d'une principauté slave située dans la partie occidentale de la plaine pannonienne, entre le Danube à l'est, la Drave au sud et Graz à l'ouest, dans la période 839/840-876.


 

 

 

La période précédente[modifier | modifier le code]

 

Pribina, le premier prince de la Principauté du Balaton

La principauté a été l'un des États slaves reliant les zones habitées par les Slaves du nord et les Slaves du sud avant d'être divisé par les conquêtes des Francs, l'arrivée des Magyars en Pannonie.

Les peuples slaves de l'époque étaient faiblement différenciés, parlant des dialectes étroitement liés de la même langue commune. Les habitants de la Principauté du Balaton ont très probablement été étroitement liés à chacun des peuples slaves voisins : les Grand-moraves (futurs Tchèques et Slovaques) au nord, les Carantaniens à l'ouest (futurs Slovènes), les Croates au sud et les Sorabes du sud (futurs Serbes) au sud-est.

L'établissement des Slaves en Pannonie a commencé à la fin du ve siècle après la chute de l'union tribale des Huns. À la fin du vie siècle, les Slaves sont devenus des sujets de l'union des tribus avares (khanat avar). Au début du ixe siècle, à cause de troubles dus à des conflits internes ainsi qu'aux attaques extérieures des Francs (dirigé par Charlemagne) et des Bulgares (dirigés par Khan Krum), le système politique avar s'effondre. Le sud-est de la Pannonie (le long du cours inférieur de la Tisza) est pris par les Khans bulgares, tandis que la Pannonie occidentale à l'ouest du Danube tombe sous la domination franque.

Ces marches de l'est de l'empire carolingien étaient initialement gouvernées par le duc de Frioul au service de l'empereur Louis le Pieux. Dans les deux premières décennies du ixe siècle, une grande partie de la Basse-Pannonie était dirigée par Ljudevit Posavski, un vassal des Francs.

 

Le sud-est de l'Europe au ixe siècle

La Principauté du Balaton[modifier | modifier le code]

Lors de la création de la Grande-Moravie au nord du Danube en 833, Pribina, jusqu'alors prince de la Principauté de Nitra est expulsé de son pays par Mojmír I de la Principauté de Moravie. Après plusieurs aventures, il reçut les territoires des Francs situés en Basse-Pannonie en 839 ou il créa la principauté du Balaton. Ce fut un geste calculé de la part de Louis le Germanique, qui visait à limiter la puissance de son préfet, Ratbod, ainsi qu'a gagner un allié (et un État tampon) contre les menaces potentielles de la Grande-Moravie et de la Bulgarie. Sa capitale était Blatnohrad (la vile de la Blatna, appelée plus tard Mosabourg, aujourd'hui Zalavár), une ville construite sur la Zala (Blatna en slave, la "rivière boueuse") entre le petit et le grand Balaton. Pribina était un duc au service de Louis le Germanique. Il fortifia la ville, son État grandit, et il le dirigea pendant deux décennies. Son État était peuplé de Carantanes, de Francs, d'Avars, de Slaves et de Germaniques divers. Pribina permit à l'archevêque de Salzbourg de consacrer des églises dans la région.

 

Statue de Kocel (Assemblée nationale de la République de Serbie à Belgrade)

Après une attaque de Carloman (lors de sa révolte contre Louis le Germanique), Kocel, le fils de Pribina, s'enfuit à la cour de Louis. Il fut bientôt rétabli dans les terres de son père. Pendant l'été 867, le prince Kocel offrit l'hospitalité aux frères Cyrille et Méthode lors de leur voyage de Grande-Moravie jusqu'à Rome alors qu'ils allaient se justifier envers le pape de l'utilisation de la langue slave comme langue liturgique. Ils firent ainsi de Blatnohrad un des centres de diffusion de la nouvelle écriture slavonne, le glagolitique. Bien que vassal des Francs, il finira par commencer à résister à l'influence des féodaux et du clergé germains et essaiera de former un archevêché slave indépendant.

Finalement, après la mort de Kocel en 876, la principauté devint à nouveau une marche de la Francie orientale, dirigée par Arnulf de Carinthie. Au cours de la guerre de succession dans l'est de l'empire franc, en 884, la région fut conquise par la Grande-Moravie. Après quelques années de paix, Arnulf reprit la guerre contre la Moravie et reconquit la Basse-Pannonie en 894. Après avoir revendiqué la couronne impériale en 896, Arnulf donne la Basse-Pannonie en fief à un autre duc slave, Braslav. Peu après, en 901, la région fut conquise par les Hongrois qui en restèrent maîtres jusqu'à nos jours.

La principauté se composait du:

  • comté du lac Balaton - entre Veszprém et la Drave.
  • comté de Ptuj – aux environs de Ptuj
  • comté de Dudleb – aux environs de Graz et Blatnohrad (Zalavár)

probablement aussi:

Souverains[modifier | modifier le code]


 

Littérature[modifier | modifier le code]

  • Kirilo-Metodievska entsiklopedia (Encyclopédie de Cyrille et Méthode), en 3 volumes, (en bulgare), [DR5.K575 1985 RR2S], Sofia 1985
  • Dejiny Slovenska (Histoire de la Slovaquie) en 6 volumes, Bratislava (volume 1 1986)
  • Steinhübel, Ján: Nitrianske kniežatstvo (La Principauté de Nitra), Bratislava 2004

Note[modifier | modifier le code]

  1.  Hans-Erich Stier (dir.): « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, (ISBN 3-14-100919-8), p. 59.


 

Pannonie

 
 
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La Pannonie (en latin Pannonia) est une ancienne région de l'Europe centrale, limitée au nord par le Danube et située à l'emplacement de l'actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie, de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Slovénie, de l'Autriche et de la Slovaquie.

Les habitants originaux sont les Pannoniens, peuple indo-européen apparenté aux Illyriens et aux Vénètes, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au ive siècle av. J.-C.

 

La Pannonie dans l'Empire romain, vers 120.

L'université de Veszprém, située à Veszprém (Hongrie), est encore appelée université de Pannonie.

 

 

Conquête romaine et organisation de la Pannonie[modifier | modifier le code]

En 35 av. J.-C., la Pannonie est envahie par les troupes d'Octave (qui ne porte pas encore le titre d’Auguste). Selon Suétone, Octave fut blessé deux fois pendant cette campagne. La lutte de pouvoir contre Marc Antoine accapara ensuite Octave.

Entre 12 et 9 av. J.-C., les Romains commandés par Tibère reprennent la conquête de l'Illyrie. Tibère doit intervenir à nouveau entre les années 6 et 9 apr. J.-C. pour réduire une révolte de l’Illyrie au cours d’une guerre difficile, engageant pas moins de 15 légions et autant d’auxiliaires, soit un effectif considérable compris entre 150 000 et 180 000 soldats. Après sa victoire, l’Illyrie est divisée en Dalmatie et en Pannonie ; la Pannonie est organisée en province impériale gouvernée par un légat, à la tête de trois légions.

 

Province de Pannonie, ier siècle apr. J.-C.

 

Division de la Pannonie, iie siècle apr. J.-C.

En 14, à l’avènement de leur ancien général Tibère, les légions de Pannonie et de Germanie se révoltent et exigent une solde égale à celle des prétoriens en poste à Rome. La discipline est rapidement rétablie par Drusus1, le fils du nouvel empereur, qui réorganise également la province et lance la construction de nouvelles voies de communication.

Drusus commença l'occupation de la région au nord de la rivière Drave, fondant entre 18 et 20 quelques forts romains à Aquincum  Budapest-Óbuda), Arrabona (hu) (Győr), Brigetio (hu), Gorsium (hu)2, Lussonium (hu) (Dunakömlöd (hu)), Bononia (Banoštor) et Teutoburgium (Dalj).

Tacite rapporte également qu'en 50 apr. J.-C., sous le règne de l'empereur Claude, Vannius (en), roi des Quades, fut évincé par ses propres sujets qui avaient demandé l'aide à la fois du roi des Hermundures, un certain Vibilius (en), et des Lygiens. Claude, préoccupé par ces événements mais refusant d'intervenir directement dans le conflit, ordonna au gouverneur de Pannonie, Palpiellus Istrus, « d'occuper la rive du Danube avec sa légion et des auxiliaires choisis dans le pays même » afin de garantir la protection de la faction vaincue et de dissuader les barbares victorieux d'envahir la province romaine3. La légion concernée était la XV Apollinaris, et la nouvelle forteresse dans laquelle elle fut installée était celle de Carnuntum (Bad Deutsch-Altenburg, Autriche). Par la suite, les fils de la sœur de Vannius, Vangion et Sidon, divisèrent entre eux le grand royaume des Suèves (Quades et Marcomans), mais maintinrent leur loyauté absolue envers Rome, et un conflit fut évité.

En 69, l’armée du Danube se soulève de nouveau, mais pour des raisons politiques : à Rome, les prétoriens viennent d’assassiner l’empereur légitime Galba, l’armée du Rhin a imposé Vitellius ; l’armée du Danube se rallie à Vespasien, et apporte une contribution décisive à son accession au titre d’empereur.

Vespasien se souvint de l’importance des provinces danubiennes et fonda plusieurs colonies de vétérans en Pannonie : Sirmium et Siscia. L’armée devient un facteur de romanisation des populations locales et, en tant que gros consommateur, un moteur de l'activité artisanale et commerciale. Les indigènes engagés dans les unités romaines acquièrent la citoyenneté et prennent le nom de famille de l’empereur régnant, ce qui expliquerait la présence des Flavius tel que Flavius Constance Chlore, des Valérius, des Aurelius. La Pannonie devient un carrefour des liaisons militaires et commerciales sur les axes Rhin  Balkans et Italie – Balkans, et de la route commerciale vers la Baltique. Deux routes importantes traversent d’ouest en est la Pannonie :

Ces deux voies se réunissent à Mursa et se poursuivent par Sirmium vers la Mésie.

Vers 105 apr. J.-C., Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l'ouest et Pannonie inférieure à l'est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l'éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d'Italie rencontre d'abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Les villes principales de Pannonie supérieure étaient  :

Celles de Pannonie inférieure étaient :

Empire romain, rôle-clé de la Pannonie[modifier | modifier le code]

 

Peuples de la Pannonie.

À la fin du iie siècle, la Pannonie prend une importance stratégique majeure pour les communications entre l’ouest et l’est de l’Empire romain, qu’il s’agisse de repousser les envahisseurs germaniques et autres qui ont franchi le Danube ou d’aller affronter un compétiteur au titre d’Empereur.

  • Marc Aurèle repousse les Quades, les Marcomans, les Iazyges et les Sarmates, puis les affronte sur leurs territoires de 167 à 175, et de 177 à 180. Les pertes des Quades et des Marcomans sont telles que la frontière du moyen Danube resta assurée pour plus de deux générations. Marc Aurèle décède à Vienne en 180.
  • En 193, Septime Sévère est proclamé empereur à Carnuntum par les quinze légions de Germanie, Norique, Pannonie, Dalmatie et Mésie. Arrivé à Rome, il licencie les cohortes prétoriennes et les remplace par de nombreux soldats illyriens. La force de l’armée du Danube s’impose contre les autres candidats à l’Empire, Pescennius Niger puis Clodius Albinus.
  • En 214, Caracalla mène une tournée d’inspection sur le Danube avant de passer en Asie. Les frontières entre les deux provinces de Pannonie sont légèrement modifiées : ainsi la région de Brigetio est attribuée à la Pannonie inférieure.
  • En 235, Maximin le Thrace installe la cour impériale à Sirmium pour mieux combattre les Sarmates et les Daces.
  • En 248, la pression sur le Danube augmente, la Mésie est envahie par les Goths et les Vandales, les Balkans sont pillés. Les légions de Pannonie proclament empereur leurs généraux, Pacatianus, en 249 (mais il est tué par ses soldats peu après), puis Décius, qui périt en Mésie dans une expédition contre les Goths.
  • À partir de 249, les Quades et les Sarmates envahissent la Pannonie, les Goths traversent la Mésie et ravagent les Balkans et la côte de l’Asie Mineure, tandis que les légions proclament un peu partout des usurpateurs éphémères.
  • En 258, l’empereur Gallien décide l’envoi des troupes de Pannonie en Germanie pour renforcer la défense du Rhin contre les attaques des Francs. Furieux, le gouverneur de Pannonie Ingenuus s’insurge contre cette décision, qui expose sa province sans défense. Gallien est obligé d’envoyer contre lui son chef de la cavalerie Aureolus ; Ingenuus est vaincu à Mursa, en 258.
  • En 259, le général Régalien, chargé de la défense de la Pannonie, profite de la capture de Valérien par les Parthes pour se faire proclamer empereur. Les Sarmates, les Quades et les Roxolans saisissent cette occasion pour franchir le Danube et balayent Régalien.
  • En 270-271, l’empereur Aurélien rétablit la sécurité en Pannonie par ses victoires sur les Germains.
  • En 278-279, l’empereur Probus débarrasse la Pannonie des dernières bandes de pillards germaniques. En 282, il fait entreprendre à ses soldats des travaux d’assainissement autour de Sirmium, mais ses troupes se révoltent et le mettent à mort.

La réorganisation de l’Empire[modifier | modifier le code]

Le Dalmate Dioclétien arrive au pouvoir en 284 et met fin aux usurpations en série en instaurant le système de la tétrarchie. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense :

  • la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium ;
  • la Pannonie supérieure est, elle aussi, divisée en deux : au nord, la Pannonia Prima, avec pour capitale Savaria (auj. Szombathely), au sud la Pannonia Ripariensis ou Savia (du nom de la Save), avec pour capitale Siscia (Sziszek).

La Pannonie, considérée dans son ensemble, conserve son importance dans les luttes de pouvoir pour l’Empire, grâce à la puissance de l’armée d’Illyrie.

  • Dans la seconde tétrarchie, un autre Pannonien, Sévère, devient César en 305, puis Auguste en 306. Contesté en Italie par Maxence, il est éliminé en 307 par Maximien.
  • En 308, Dioclétien, Maximien et Galère, réunis à Carnuntum, nomment Auguste l’Illyrien Licinius. Celui-ci reste cantonné en Pannonie, en Rhétie et sur les Balkans, avant de pouvoir s’imposer en Orient contre Maximin Daïa en 313.
  • En 326 et 327, Constantin, qui a éliminé Licinius, fortifie la frontière du Danube, menacée par la pression des Goths, des Vandales et des Sarmates, ces derniers cantonnés face à la Pannonie. En 331/332, les Goths sont massacrés, tandis que des milliers de Sarmates sont accueillis dans l’Empire et répartis en Thrace, en Macédoine et en Italie. La sécurité de la frontière du Danube est rétablie pour quelques années.
  • En 350, Magnence tue l’empereur Constant Ier et usurpe le pouvoir en Occident. La Pannonie est de nouveau l’enjeu des rivalités de pouvoir. La sœur de l’empereur Constance II pousse le maître des milices d’Illyrie Vetranio à se faire proclamer empereur, pour empêcher Magnence de prendre le contrôle de l’armée d’Illyrie. Vetranio est abandonné par ses soldats dès l’arrivée de l’armée de Constance II fin 350, et abdique. En 351, la Pannonie est le théâtre des affrontements sanglants entre les armées de Magnence et de Constance II, à Sirmium puis à Mursa.
  • En 364, c’est encore un général d’origine pannonienne qui est proclamé empereur par l’armée : Valentinien Ier. En 375, il venait d'infliger une défaite cuisante aux Quades et aux Sarmates, qui avaient franchi le Danube et ravageaient la Pannonie, lorsqu’il meurt à Aquincum. L’armée du Danube proclame Auguste son fils Valentinien II, un enfant de quatre ou cinq ans, dont la mère Justine est régente.

Au milieu du ive siècle, la Pannonie inférieure est également impliquée dans le conflit religieux entre orthodoxes et ariens :

De la Pannonie romaine au royaume de Hongrie[modifier | modifier le code]

En 387, les Sarmates s’emparent définitivement de la Pannonie, d’où ils menacent l’Italie à partir de 392.

En 388, Théodose Ier bat Maxime à Siscia sur la Save, et le capture à Aquilée.

En 395, l’ultime division de l’Empire romain attribue la Pannonie à l’Empire romain d'Occident. En pratique, les Romains ne dominent plus que quelques îlots de ce territoire, où les barbares se sont installés et continuent d’affluer. À partir de 400, les Wisigoths d’Alaric ne font que passer, avant d’attaquer l’Italie. Vers 440, les Romains évacuent les dernières villes menacées par les Huns. La Pannonie se trouve englobée dans l’éphémère empire d’Attila, d’où il lance ses raids sur l’empire d’Orient, puis d’Occident. Certains Pannoniens collaborent, tel Flavius Oreste, comme secrétaire d’Attila.

Après la mort du roi des Huns Attila, en 453, la Pannonie est occupée successivement par les Ostrogoths, les Gépides puis les Lombards au début des années 500. Ils s’agglomèrent avec les débris de divers peuples (Sarmates, Hérules, Ruges, Suèves, etc.). Leur roi Waccho (vers 510-540) entretient de bons rapports avec l'empire d'Orient, qui a repris la Dalmatie et bataille pour la reconquête de l’Italie. En 568, les Lombards et leurs alliés quittent la Pannonie pour l’Italie.

Ils sont aussitôt remplacés par les Avars, qui occupent le bassin du Danube, et s’emparent de Sirmium en 582. La romanisation de la Pannonie est déjà effacée, et leur présence coupe durablement la route commerciale entre la mer Adriatique et mer Baltique. Leur royaume fut plus solide et plus durable que celui des Huns ; il menaça l’empire d’Orient, puis se heurta à l’expansion vers l’est des Francs au milieu du viie siècle. Ils furent soumis par Charlemagne en 811.

Les Slaves du Sud de Ljudevit Posavski expulsèrent les Francs au (ixe siècle), les Hongrois s'installent en Pannonie en 901.

L'histoire de la Pannonie se termine ici, et s'enchaîne sur l'histoire de la Hongrie.

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources / Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775).
  • Paul Petit, La Paix romaine, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1967, 2e édition 1971.
  • Roger Remondon, La Crise de l’Empire romain, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1964, 2e édition 1970.
  • Fitz, J. (1976), « La Pannonie sous Gallien » (Vol. 148). Latomas, Revue d'études latines.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Antiquité romaine

Liens externes[modifier | modifier le code]

 

Problématique[modifier | modifier le code]

Ce peuple n'a laissé aucun texte et aucune culture archéologique ne peut lui être attribuée avec certitude à l'heure actuelle. L'existence des Indo-Européens comme peuple est une hypothèse au second degré. Elle découle de l'hypothèse d'une langue indo-européenne et donc d'une communauté linguistique, c'est-à-dire d'un peuple avec une identité ethnique, culturelle et religieuse, qui parlait cette langue. C'est l'idée d'un peuple migrateur dont la communauté se serait étendue depuis l'âge de pierre jusqu'à l'âge du cuivre qui est généralement retenue par les spécialistes. En effet, outre les langues indo-européennes, de nombreux autres indices religieux, culturels, traditionnels, anthropologiques et même certains savoir-faire techniques, suggèrent l'existence d'un ancien peuple « indo-européen » qui se serait répandu avec sa langue, ses connaissances propres, son identité ethnoculturelle avant de se différencier géographiquement et de subir des influences diverses dans ses différentes régions d’expansion2,3. Les hypothèses concernant le foyer originel de ces Indo-Européens sont discutées.

Le foyer originel, différentes hypothèses[modifier | modifier le code]

L'hypothèse kourgane[modifier | modifier le code]

Article détaillé : hypothèse kourgane.
 

Carte représentant la migration des Indo-Européens entre 4000 et 1500 av. J.-C. selon l'hypothèse kourgane.

La thèse aujourd'hui la plus communément admise, quoique toujours incertaine, est la première à combiner données linguistiques, archéologiques et désormais génétiques. Émise par l'archéologue américaine d'origine lituanienne Marija Gimbutas, elle consisterait à identifier les Indo-Européens avec les porteurs de la civilisation des kourganes dans la steppe pontique. Cette culture du néolithique située dans la steppe pontique, dans la partie sud de l'aire entre Volga et fleuves de l'Oural, se distingue par la domestication précoce du cheval4., ce qui en ferait un acteur privilégié d'invasions5.

Les seuls vestiges de cette civilisation, des tombeaux, dits kourganes (anglais : pit-graves), indiquent qu'il s'agit d'une société patriarcale et très hiérarchisée. En effet, ces kourganes sont des tombes collectives, ce qui laisse supposer une immolation des proches (femmes et serviteurs) en cas de décès du maître, pratique retrouvé aussi bien dans l'Inde des brahmanes que chez les Mérovingiens6.

Les extensions et reflux successifs de ces tombeaux en Europe laissent imaginer trois vagues d'invasions successives. La première, datée de la fin du Ve millénaire av. J.-C. (vers - 4200), se serait d'abord limitée au Danube et à la Macédoine, provoquant entre autres l'extinction de la culture de Tisza. Pour autant, cette invasion demeurera superficielle : tantôt les autochtones repoussent les envahisseurs comme ce serait le cas des premiers atteints, les peuples de culture danubienne vivant sur les bords du Dniepr, tantôt ils les assimilent. La deuxième vague prendra place un millénaire plus tard (vers – 3300) et aura, semble-t-il, plus de succès, puisque la moitié de l'Europe est touchée : Balkans, Italie du Nord et du Centre, Allemagne du Sud et de l'Est, Europe centrale, Turquie du Nord. Si, dans les marges, l'indo-européen ne se maintient pas, il s'implante par contre durablement ailleurs. Du fait de leur ancienneté, ces premières vagues d'invasions n'ont pu être à l'origine des subdivisions linguistiques que l'on connaît aujourd'hui, entre branches grecque, celtique ou sanskrite. Il s'agit en fait d'une forme primitive d'indo-européen, antérieure aux reconstitutions effectuées par les méthodes comparatistes, et d'où est issue la branche précoce de l'anatolien7.

Ce n'est qu'à partir de la troisième vague (vers – 2800), de plus grande extension que la précédente, qu'ont dû commencer à se fixer les premières langues proprement indo-européennes, différenciées les unes des autres (comparer avec les origines des langues romanes) : d'un côté les langues italo-celtiques (proto-romanes) qui très tôt se tourneront vers l'ouest par le Danube alors que le grec se positionnera plus au sud, et d'un autre côté les langues germano-balto-slaves (aire thraco-cimmérienne), longtemps séparées par les Carpates, et qui à partir du Dniepr se déplaceront vers le nord-ouest, contrairement aux langues indo-iraniennes qui iront occuper l'aire sud-est7.

Par la suite, Marija Gimbutas précisera encore sa thèse. Elle évoquera un second homeland ou habitat primitif secondaire en Europe centrale d'où seraient parties les préformes du celtique, du germanique, du balte, du slave, de l'italique et du grec8. Selon elle, « l'expansion à partir de l'Europe centrale et en direction de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est fut d'une énorme importance pour l'élaboration ethnique de l'Europe »9.

Plusieurs études génétiques réalisées depuis 2009, dont la première étude systématique paléogénétique de l'ADN des populations préhistoriques européennes publiée en 2015, semblent confirmer l'hypothèse kourgane10. Une migration très importante s'est produite depuis les steppes pontiques vers le centre de l'Europe puis les autres parties de l'Europe autour de -3000, en particulier de la culture Yamna vers le centre de l'Europe ce qui a donné la naissance de la culture de la céramique cordée. Ces deux cultures jouent un rôle central dans l'hypothèse kourgane11. Cette étude est considérée comme un tournant majeur dans l'étude de la préhistoire européenne12.

La thèse des kourganes demeure à l'heure actuelle la plus probable des thèses indo-européennes13.

Hypothèses alternatives[modifier | modifier le code]

L'hypothèse anatolienne[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Hypothèse anatolienne.

Cette hypothèse, développée par Colin Renfrew en 1984, situe le foyer originel des Indo-Européens en Anatolie (actuelle Turquie), dans la zone où le blé pousse toujours à l'état sauvage. Les Indo-Européens auraient été à l'origine de la culture du blé. Depuis ce berceau, l'expansion indo-européenne se serait faite à partir d'environ 8000 av. J.-C., de manière pacifique, soutenue par l'explosion démographique que permet l'agriculture, qui aurait submergée les populations environnantes de chasseurs-cueilleurs mésolithiques, peut-être cinquante fois moins nombreux, à raison d'une trentaine de kilomètres par génération.

Les premiers à quitter le berceau auraient pris la direction du Caucase (Arméniens) et de l'Asie centrale (Tokhariens), puis une seconde vague aurait traversé la mer Égée pour se répandre en Europe (Grecs, Thraces Illyriens, Italiques, Celtes, Germains, Slaves), avant qu'une fraction installée dans la steppe pontique ne prenne le chemin de l'Iran et de l'Inde, donnant naissance aux peuples scythe, sarmate, perse, mède, et à tous les peuples de l'Inde du nord parlant des langues cousines ou nièces du sanskrit.

Cette hypothèse de la migration d'un peuple paysan a trouvé peu d'échos chez les linguistes et les comparatistes, qui rappellent que la tradition formulaire des Indo-Européens n'a strictement rien à voir avec un peuple de paysans, mais montre au contraire l'image d'un peuple guerrier dont les idéaux se rapprochent de ce qu'on appelle la société héroïque de l'âge du bronze. Enfin, le refus de tenir compte des indications du vocabulaire pose des problèmes insurmontables pour cette hypothèse. Ainsi, par exemple, le substantif désignant le cheval est présent dans les différentes langues indo-européennes alors que Renfrew fait venir les Indo-Européens d'une région où le cheval a été introduit beaucoup plus tard.

L'hypothèse balkanique[modifier | modifier le code]

Marcel Otte soutient l'idée d'une longue continuité des peuples européens depuis l'arrivée des premiers hommes modernes s'imposant sur les populations néandertaliennes. Les premières manifestations du Gravettien14, précurseur des microlithes du Magdalénien qui se généralisent au Mésolithique, proviennent de cette région avec le site de Kozarnika (Kozarnikien), qui semble également le berceau de l'haplogroupe I du chromosome Y15.

Récemment[Quand ?], Renfrew s'est rallié à la proposition d'Igor Diakonov (en) qui suggèrait en 1985 le sud-est de l'Europe comme berceau des Indo-Européens au néolithique16. La région balkano-danubienne a en effet l'avantage d'être le centre des différentes voies d'une immigration progressive des Indo-Européens. Kalevi Wiik (en) est aussi un des tenants de cette théorie17.

L'hypothèse de la culture des gobelets en entonnoir de l'Europe du Nord[modifier | modifier le code]

Cette hypothèse, mise en avant par Hermann Hirt et d'autres chercheurs, a été reprise par Carl-Heinz Boettcher. La présence du nom du cuivre dans le vocabulaire reconstruit tend à resserrer les possibilités dans une culture du néolithique final ou cuprolithique.

Pour Boettcher, le mouvement des populations qui aboutit à la formation du peuple indo-européen commence dès la fin du paléolithique, lorsque le réchauffement du climat permet aux chasseurs de rennes de suivre le gibier dans la partie nord de l'Europe, débarrassée des glaces. Ils sont à l'origine de la culture proto-germanique de Hambourg (13500 ans à ) et des groupes proto-celtiques à Federmesser. Dans ces régions, ils font la connaissance des phénomènes boréaux qui marqueront leurs mythes18. Ces groupes de chasseurs pêcheurs sont à la base de la culture de Maglemose (environ 9000 à ). La remontée du niveau des mers en Europe du Nord entraîne la submersion de certains territoires occupés par les Maglemosiens (Doggerland) et les repousse vers le sud. Les héritiers de cette culture créent les cultures d'Ertebölle et d'Ellerbek19. Boettcher compare leurs activités à celles des vikings quelques siècles plus tard. Il décrit une société guerrière qui développe le compagnonnage, qui se livre au commerce et à la piraterie en remontant les cours d'eau des contrées occupées par des agriculteurs qu'ils rançonnent d'abord puis soumettent ensuite en devenant leurs chefs. Ils constituent avec eux une nouvelle culture celle des gobelets en entonnoir (-4 200 à -2 600 ans) qui constitue selon lui l'habitat originel des Indo-Européens, ce qui expliquerait les mythes de « guerres de fondation » étudiés par Georges Dumézil (Enlèvement des Sabines à Rome, guerre entre les Ases et les Vanes de la mythologie nord-germanique...) qui montrent l'union d'un groupe de guerriers avec ses chefs à un groupe de « producteurs ». La première culture indo-européenne serait ainsi issue de la néolithisation de culture d'Ertebölle et de la soumission de formes récentes de la culture de la céramique linéaire20.

Plus tard, la culture des sépultures à ocre (territoire de Dniepr-Donets) aurait été l'habitat originel des Indo-Iraniens, les Celtes, Italiques, Slaves, Germains et Baltes provenant de la culture de la céramique cordée, la culture de Baden étant quant à elle le berceau géographique des Grecs et des Hittites.

Thèse de la continuité paléolithique[modifier | modifier le code]

La théorie de la continuité paléolithique, développée par le linguiste italien Mario Alinei présuppose une évolution continue des populations européennes depuis le paléolithique récent. Les cultures se seraient engendrées au fil des temps sans apport extérieur impliquant une rupture dans l'évolution, qu'aucune recherche archéologique ne confirmerait.

Alinei rejoint les anciennes conclusions du linguiste Nicolaï Troubetzkoy, qui voit dans la famille des langues indo-européennes un ensemble d'isoglosses ne présupposant pas l'existence d'une langue-mère ou les migrations d'un peuple porteur de cette langue et de sa culture. L'anthopologue allemand Lothar Kilian penche aussi pour une origine européenne des Indo-Européens datant du Paléolithique, toutefois avec quelques distinctions21.

Une thèse proche est soutenue par le préhistorien Marcel Otte et avance : « Les Indo-Européens sont arrivés en Europe avec Cro-Magnon » et pour lequel « aucune vague migratoire ne peut expliquer la gigantesque extension des Indo-Européens. » Ainsi, l'Aurignacien (et encore plus sûrement le Gravettien qui lui succède), « cette culture radicalement différente », élimine les cultures antérieures en quelques milliers d'années (35 000-30 000 ans) en étant homogène dans tous ses aspects22.

L'héritage littéraire indo-européen[modifier | modifier le code]

C'est essentiellement par l'étude de l'héritage littéraire indo-européen que les spécialistes, linguistes, comparatistes et philologues se sont penchés sur la vision du monde que cet héritage transmettait, notamment pour l'organisation sociale avec les travaux de Georges Dumézil, les institutions (Émile Benveniste) ou encore la religion (Jean Haudry),

L'idéologie trifonctionnelle des Indo-Européens[modifier | modifier le code]

Selon l'anthropologue Georges Dumézil, l'idéologie sociale de ces peuples était originellement structurée autour de trois fonctions :

  1. la « fonction sacrée » qui regroupe ceux qui prient, qui détiennent la connaissance (les prêtres, le clergé) ;
  2. la « fonction militaire » qui regroupe ceux qui combattent, qui dominent militairement (les guerriers, la noblesse) ;
  3. la « fonction productive » qui regroupe ceux qui travaillent, qui produisent les richesses (agriculteurs, artisans, commerçants, etc.).

Les religions des peuples descendants des Indo-Européens sont également structurées autour de ces trois fonctions.

Critiques[modifier | modifier le code]

Critiques linguistiques[modifier | modifier le code]

Nikolaï Troubetskoï dans les années 1930 ou le linguiste italien Vittore Pisani dans les années 1960-70 ont remis en cause l'existence d'un indo-européen commun et d'une communauté linguistique23. Troubetskoï écrit ainsi en 1939 : « L'hypothèse d'un indo-européen primitif n'est pas totalement impossible. Mais elle n'est nullement nécessaire, et on peut très bien s'en passer »24. Il avance que les correspondances entre les langues indo-européennes s'expliqueraient par emprunt mutuel.

Plus récemment (2013), sans contester le modèle indo-européen comme modèle d'origine linguistique et de relations entre langues, le linguiste James Clackson se dit très réservé sur les hypothèses proposées concernant le foyer originel des Indo-Européens : « à partir des seules données linguistiques, sans tenir compte de la preuve de l'archéologie ou de textes anciens, il est impossible de tirer des conclusions définitives sur le homeland des locuteurs du proto-indo-européen, ou même sur l'âge de la famille des langues »25. Ces vues ont été discutées par d'autres linguistes26.

Critique de l'existence d'un foyer unique des Indo-Européens[modifier | modifier le code]

L'archéologue Jean-Paul Demoule a fait valoir à plusieurs reprises que l'existence d'un foyer unique des Indo-Européens reposait sur des postulats non démontrés. Après avoir publié en 1980 un article intitulé « Les Indo-Européens ont-ils existé ? »»27, puis en 1998 un autre article intitulé « Les Indo-Européens, un mythe sur mesure »28, il souligne en 2014, dans un essai intitulé Mais où sont passés les Indo-Européens ?, ce qu'il estime être les faiblesses, notamment au plan archéologique, des deux principales thèses contemporaines, l'hypothèse anatolienne et l'hypothèse kourgane29,30.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Dravidiens exclus.
  2.  Jean Haudry, Les Indo-Européens, PUF, coll. « Que sais-je », , p. 4-5
  3.  I. Lebedynsky, Les indo-européens, faits, débats, solutions, , 3e éd., chapitre IV, V, VI
  4.  (en) David W. Anthony, The Horse, the Wheel, and Language: How Bronze-Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World [archive], Princeton University Press, 2010, p.59 et suiv.
  5.  Bernard Sergent, Les Indo-européens, Payot, coll. « Bibliothèque scientifique », , « Chap. VIII ».
  6.  Martinet 1987, p. 51-52.
  7.  a et b Lebedynsky 2009.
  8.  (en) Marija Gimbutas, « Remarks on the ethnogenesis of the Indo-Europeans in Europe », dans Ethnogenese europäischer Völker, sous la dir. de W. Bernhard et A. Kandler-Palsson, Stuttgart – New York, Gustav Fische, 1986, p.9 et s.
  9.  (de) Marija Gimbutas, Die Ethnogenese der europäischen Indogermanen, Innsbruck, Institut für Sprachwissenschaft der Universität Innsbruck, 1992, p. 25
  10.  Sur la piste controversée des Indo-Européens [archive], Stéphane Foucart, lemonde.fr, 19 juin 2009
  11.  (en) W. Haas et al., « Massive migration from the steppes is à source for Indo-European langages in Europe », Nature,‎  (lire en ligne [archive] [PDF])
  12.  (en) Ann Gibbons, « Revolution in human evolution », Science, vol. 349,‎ , p. 362-366.
  13.  (en) Asya Pereltsvaig, « Is “massive migration from the steppe … a source for Indo-European languages in Europe”? » [archive], sur languagesoftheworld.info, 
  14.  Marcel Otte, « Les Indo-Européens sont arrivés en Europe avec Cro-Magnon », in Daniel Le Bris (dir.), Aires linguistique Aires culturelles. Étude de concordances en Europe occidentale : Zones Manche et Atlantique CRBC/UBO, Brest, 2012, pp. 19-51 [texte intégral [archive]]
  15.  http://www.eupedia.com/europe/Haplogroupe_I1_ADN-Y.shtml [archive]
  16.  (en) “On the Original Home of the Speakers of Indo-European.”, Journal of Indo-European Studies. Volume 13, 1985, p. 92
  17.  (en) Indo-European in Southeast Europe [archive], Dienekes Pontikos, 2 mai 2008
  18.  Boettcher 1999, p. 28.
  19.  Boettcher 1999, p. 68.
  20.  Boettcher 1999, p. 148.
  21.  Lothar Kilian, Zum Ursprung der Indogermanen: Forschungen aus Linguistik, Prähistorie und Anthropologie, Habelt, 1983, 178 pages
  22.  Marcel Otte, « Les Indo-Européens sont arrivés en Europe avec Cro-Magnon », dans Daniel Le Bris (dir.), Aires linguistique Aires culturelles. Étude de concordances en Europe occidentale : Zones Manche et Atlantique, Brest, CRBC/UBO,  (lire en ligne [archive]), p. 19-51.
  23.  L'arrivée des Indo-Européens en Europe [archive], Jacques Freu, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, Année 1989, Volume 1, Numéro 1, pp. 3-41
  24.  (de) N.S. Troubetskoï, Gedanken über das indogermanenproblem, Acta linguista 1, 1939, p.81-89
  25.  (en) ‘The Origins of the Indic Languages: the Indo-European model’ [archive], James Clackson, in Angela Marcantonio and Girish Nath Jha (eds.) Perspectives on the origin of Indian civilization, New Delhi, 259-287., 2013
  26.  Asya Pereltsvaig et Martin W. Lewis, The Indo-European Controversy. Facts and Fallacies in Historical Linguistics, Cambridge University Press, 2015, p. 37 et suiv
  27.  Jean-Paul Demoule, Les Indo-Européens ont-ils existé ?, L'Histoire, 28 novembre 1980
  28.  Jean-Paul Demoule, "Les Indo-Européens, un mythe sur mesure", La Recherche, Avril 1998
  29.  (en) Gérard Fussman, « Mais où sont passés les Indo-Européens? Le mythe d’origine de l’Occident », Journal of Indo European Studies, vol. 43, no 3-4,‎ 
  30.  Jean-Loïc Le Quellec, « Mais où sont passés les Indo-Européens ? - Le mythe d’origine de l’Occident », Science et pseudo-sciences,‎  (lire en ligne [archive])

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Générale[modifier | modifier le code]

  • (en) David Anthony, The Horse, the Wheel, and Language : How Bronze-Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World, Princeton, Princeton University Press,  (ISBN 0691058873)
  • Émile Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, Les Éditions de Minuit,  (ISBN 978-2707300508 et 978-2707300669)
  • (de) Carl-Heinz Boettcher, Der Ursprung Europas : Die Wiege des Westens vor 6000 Jahren, Röhrig,  (ISBN 3861102005)
  • Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? : Le mythe d'origine de l'Occident, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », , 742 p.(ISBN 978-2-02-029691-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Dumézil, Mythe et Épopée I. II. III., Paris, Gallimard,  (1re éd. 1968, 1971, 1973) (ISBN 978-2070736560)
  • (en) Russell D. Gray et Quentin D. Atkinson, « Language-tree divergence times support the Anatolian theory of Indo-European origin », Nature, no 426,‎ , p. 435-439
  • (de) Harald Haarmann, Die Indoeuropäer : Herkunft, Sprachen, Kulturen, Munich, C. H. Beck,  (ISBN 9783406606823)
  • Jean Haudry, Les Indo-Européens, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »,  (1re éd. 1981) (ISBN 213037090X)
  • Iaroslav Lebedynsky, Les Indo-Européens : Faits, débats, solutions, Paris, Errance,  (ISBN 978-2877723961)
  • (en) The Linguistic Roots of Europe : Origin and Development of European Languages, sous la direction de Robert Mailhammer, Theo Vennemann et Birgit Anette Olsen, Copenhague, Museum Tusculanum, 2015.
    • Marc vander Linden, « An impossible dialogue? On the interface between archaeology, historical linguistics and comparative philology », p. 1–28.
    • Joseph Salmons, « Language shift and the Indo-Europeanization of Europe », p. 103–126.
  • James Patrick Mallory, À la recherche des Indo-européens, Paris, Seuil, 1998 (édition française) (ISBN 2020143909)
  • André Martinet, Des steppes aux océans : l'indo-européen et les Indo-européens, Paris, Payot, 
  • (en) Asya Pereltsvaig et Martin W. Lewis, The Indo-European Controversy : Facts and Fallacies in Historical Linguistics, Cambridge University Press, 2015
  • (en) Indo-Europeans in the Fourth and Third Millennia : Proceedings of the Conference Held Feb 4-5, 1980 in Austin, Tx (Lin), sous la direction d'Edgar C. Polomé, Ann Arbor (MI), Karoma, 1982 (ISBN 0897200411)
  • Colin Renfrew, L'énigme indo-européenne : Archéologie et langage, Paris, Flammarion, coll. « Champs Flammarion », 1990 (édition française) (ISBN 978-2080813039) Document utilisé pour la rédaction de l’article(Compte rendu critique par plusieurs spécialistes dans Topoi n°2, 1992. [lire en ligne [archive]])
  • Bernard Sergent, Les Indo-Européens - Histoire, langues, mythes, Paris, Payot,  (ISBN 2228889563)
  • Bernard Sergent, « Penser - et mal penser - les Indo-Européens », dans Annales. Économies, sociétés, civilisations, 37e année, n°4, 1982, p. 669-681.[lire en ligne [archive]]

Monographies complémentaires[modifier | modifier le code]

  • Gabriel Bergounioux, « ‘Aryen’, ‘indo-européen’, ‘sémite’ dans l'université française (1850-1914) », dans Histoire Épistémologie Langage, vol. 18, n⁰ 1, 1996, p. 109-126.
  • Gérard Fussman, Jean Kellens, Henri-Paul Francfort et Xavier Tremblay, Aryas, Aryens et Iraniens en Asie Centrale. : I : Grammaire comparée et grammaire historique : quelle réalité est reconstruite par la grammaire comparée? (Xavier Tremblay). II : Entre fantasme, science et politique (Gérard Fussman). III : Les Airiia ne sont plus des Aryas : ce sont déjà des Iraniens (Jean Kellens). IV : La civilisation de l'Oxus et les Indo-Iraniens et Indo-Aryens en Asie Centrale (Henri-Paul Francfort)., Paris, Collège de France, , 346 p. (ISBN 2-86803-072-6)
  • Merritt Ruhlen (trad. Pierre Bancel, préf. André Langaney), L'origine des langues : sur les traces de la langue mère [« The Origin of language: tracing the evolution of the mother tongue »], Paris, Belin, coll. « Débats »,  (ISBN 9782701117577)

Génétique[modifier | modifier le code]

  • W. Haak, I. Lazaridis, N. Patterson, N. Rohland, S. Mallick, B. Llamas, G. Brandt, S. Nordenfelt, E. Harney, K. Stewardson, Q. Fu, A. Mittnik, E. Bánffy, C. Economou, M. Francken, S. Friederich, R. G. Pena, F. Hallgren, V. Khartanovich, A. Khokhlov, M. Kunst, P. Kuznetsov, H. Meller, O. Mochalov, V. Moiseyev, N. Nicklisch, S. L. Pichler, R. Risch, M. A. Rojo Guerra et C. Roth, « Massive migration from the steppe was a source for Indo-European languages in Europe », Nature,‎  (DOI 10.1038/nature14317, lire en ligne [archive])
  • Eppie R. Jones, « Upper Palaeolithic genomes reveal deep roots of modern Eurasians », Nature (journal),‎  (DOI 10.1038/ncomms9912, lire en ligne [archive])
  • Iosif Lazaridis, « Ancient human genomes suggest three ancestral populations for present-day Europeans », Nature (journal), vol. 513,‎ , p. 409–413 (DOI 10.1038/nature13673,lire en ligne [archive])
  • Karl Zimmer, « DNA Deciphers Roots of Modern Europeans », New York Times,‎  (lire en ligne [archive])

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

 

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Eurasie

 
 
 Ne doit pas être confondu avec Eurasisme.
Eurasie
Carte de localisation de l'Eurasie.
Carte de localisation de l'Eurasie.
Superficie 53 990 000 km2
Population 4 600 000 000 hab.
Densité 85 hab./km2
Pays 92
Dépendances 4
Principales langues Mandarin, arabe, persan, turc, russe, hindi, indonésien, japonais, ourdou, malais, allemand, italien, français, anglais, espagnol, arménien, géorgien, néerlandais, coréen
Fuseaux horaires UTC-1 (Açores)
UTC+12 (Russie)
Principales villes Tokyo, Moscou, Séoul, Bombay, Jakarta, Pékin, Istanbul, Manille, Calcutta, Londres, Saint-Pétersbourg, Dacca, Paris, Shanghai
 

Eurasie, avec l'Afrique du Nord et la corne de l'Afrique visibles

 

Vue de l'hémisphère est de la Terre depuis l'espace. L'Eurasie est au nord de la photographie.

L'Eurasie est un terme géographique désignant conjointement l'Europe et l'Asie en tant que continent unique, plutôt que deux continents séparés. Ce supercontinent s'étend ainsi sur plus de 54 millions de km2 entre l'océan Atlantique, à l'ouest, et l'océan Pacifique, à l'est.

 

 

Définition[modifier | modifier le code]

Géographique[modifier | modifier le code]

Au sens géographique, l'Eurasie est un supercontinent formé de l'Europe à l'ouest et de l'Asie à l'est. L'Eurasie est parfois elle-même incluse dans un supercontinent plus vaste encore comprenant également l'Afrique communément désigné Afro-Eurasie.

Géologique[modifier | modifier le code]

Géologiquement, la plaque eurasiatique ne comprend ni le sous-continent indien, ni la péninsule Arabique (qui est située sur une plaque tectonique détachée de l'Afrique), ni les Philippines (qui sont sur la plaque philippine), ni l'extrémité est de la Russie (située sur la plaque nord-américaine).

Géopolitique[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Eurasisme et Union eurasienne.
 

Conception eurasienne de l'Eurasie, cette dernière correspond à la partie nord de la région intermédiaire.

Au sens géopolitique, l'Eurasie se réfère à une conception politique : l'eurasisme qui ancre la Russie (autrefois l'URSS) dans la masse continentale et tente de rebalancer vers l'Asie l'eurocentrisme traditionnel des élites russes. Selon cette doctrine le terme Eurasie ne désigne pas l'ensemble formé par l'Europe et l'Asie mais la zone intermédiaire entre l'Europe et l'Asie.

Aujourd'hui l'eurasisme s'exprime essentiellement à travers le processus d'intégration régionale dans un monde multipolaire. Le courant eurasien prône un rapprochement toujours plus fort et la construction de l'Union eurasienne sur le modèle de l'Union européenne s'inscrit dans cette doctrine géopolitique.

Géographie[modifier | modifier le code]

Environnement[modifier | modifier le code]

Du point de vue environnemental, il s'agit d'une entité biogéographique cohérente. Le réseau écologique paneuropéen (REP) et la stratégie paneuropéenne de la diversité biologique et paysagère qui le promeut, soutenue par le Programme des Nations unies pour l'environnement (ONU) et le Conseil de l'Europe, souhaitent développer un maillage écologique couvrant cette zone.

Population[modifier | modifier le code]

Démographie[modifier | modifier le code]

L'Eurasie héberge 4,9 milliards d'habitants.

Ethnicité[modifier | modifier le code]

Au sens ethno-anthropologique, l'adjectif « eurasien » (ou « eurasienne » au féminin) peut désigner une personne métisse, née de parents respectivement blanc et asiatique. Le terme a été forgé en Indochine française1.

Culture[modifier | modifier le code]

Le groupe Muse a repris le concept politique et littéraire de l'Eurasie dans la chanson United States of Eurasia tirée de leur sixième album, The Resistance.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Médecin-Commandant Ravoux, « Aspects sociaux d'un groupe d'Eurasiens », Bulletins et mémoires de la Société d'antrophologie de Paris, 1948, vol. 9 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1948_num_9_1_2840 [archive]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Albanais (peuple)

 
 
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Albanais (homonymie).
Albanais
Populations significatives par région
Autres
Langues Albanais (dialectes tosque et guègue).
Religions majoritairement musulmane, orthodoxe et catholique.

Le terme Albanais (en albanais Shqiptarët) peut désigner :

  • sur le plan politique, l'ensemble des citoyens de l'Albanie, quelles que soient leurs origines, langues et cultures ;
  • sur le plan culturel, un groupe ethnique qui partage une culture albanaise commune, parle l'albanais comme langue familiale et est d'ascendance illyrienne. La tradition populaire albanaise, s'est assez fermement attaché à ses origines illyriennes. L'histoire de l'Illyrie est scrupuleusement enseigné dans les écoles et dans la culture albanaises. Les habits traditionnels illyriens (que l'on connaît bien grâce aux différents tableaux datant de l'époque romaine) ont été assez fortement portés en Albanie jusqu'à l'avènement du régime communiste en 19461.
  • Au niveau génétique, les Albanais sont membres en majorité de l'haplogroupe E2,2.

 

 

Langue illyrienne et langue albanaise

L'illyrien appartient, avec un certain degré de certitude, au même groupe de langues indo-européennes que l'albanais, l'albanais étant classé comme étant un groupe de langues indo-européennes à lui seul dans les langues indo-européennes encore parlée aujourd'hui, il est fort probable de dire que l'albanais est le descendant direct de l'illyrien3.

Le rapprochement entre l'albanais et l'illyrien a été fait dès 1709 par Leibniz, qui appelle l'albanais « la langue des anciens Illyriens ». Plus tard, le linguiste Gustav Meyer (1850-1900) déclara « Appeler les Albanais les nouveaux Illyriens est aussi juste que d'appeler les Grecs actuels "Grecs modernes". » La langue albanaise constituait pour lui l'étape la plus récente de l'un des dialectes illyriens. Les indo-européanistes modernes, par contre, ne souscrivent guère à l'hypothèse d'une filiation immédiate4.

La plupart des linguistes actuels soutiennent que l'albanais descend de l'illyrien5,6

La parenté directe entre les deux langues est également admise dans des ouvrages historiques7. On avance même parfois l'hypothèse que la frontière linguistique entre les dialectes guègue et tosque trouverait son origine dans la limite entre les domaines des dialectes épirote et « illyrien proprement dit » de l'illyrien8. À l'appui de ces théories, on mentionne que quelques anthroponymes albanais actuels sembleraient également avoir leur correspondant illyrien : c'est ainsi qu'à l'albanais Dash (« bélier ») correspondrait l'illyrien Dassius, Dassus, de même l'albanais Bardhi (« blanc ») correspondrait à Bardus, Bardullis, Bardyllis.[réf. nécessaire] 9,10 Quelques ethnonymes de tribus illyriennes sembleraient aussi avoir leur correspondant albanais : c'est ainsi que le nom des Dalmates correspondrait à l'albanais Delmë (« brebis ») ; de même le nom des Dardaniens correspondrait à l'albanais Dardhë (« poire, poirier »)11. Mais l'argument principal en faveur de cette thèse est géographique : les zones où est parlé l'albanais correspondent à une extrémité du domaine « illyrien »12.

En 2012 une étude du New York Times classa l'Albanais comme l'une des plus anciennes langues d'Europe apparu au même moment que le grec et l'arménien13.

Cela conduit à conclure que les langues albanaise et illyrienne, sont de toute évidence parentes, et sont issues directement l'une de l'autre. De plus, l'appartenance de l'albanais au groupe linguistique centum alors que l'illyrien appartient au même groupe constitue une preuve supplémentaire à cette hypothèse9.

Personnalités

Répartition

Environ 55% des Albanophones actuels vivent en Albanie, 25% au Kosovo, 10% en Macédoine et 10% dans la diaspora, souvent ancienne, répartie sur de nombreux autres pays, notamment dans les pays voisins de l'Albanie : l'Italie, la Turquie et la Grèce ; mais si l'on compte comme « Albanais » tous les Italiens (« Arberèches »), les Grecs (« Arvanites ») et les Turcs d'origine albanaise passés respectivement à l'italien, au grec et au turc, les proportions changent et il y a dans ce cas plus d'Albanais dans la diaspora qu'en Albanie, Kosovo et Macédoine.

En Turquie, estimer le nombre d'Albanais est une question délicate : le chiffre de 7 500 000 descendants d'Albanais en Turquie est souvent avancé. Cette population est de nos jours totalement assimilée aux autres Turcs, et ces Albanais sont Musulmans, et parlent le Turc. Seuls une faible minorité parle l'Albanais. On reconnait souvent un descendant d'Albanais à son nom, ou patronyme, ou à ses traits, plutôt Européens Balkaniques. La Turquie, pour des raisons historiques, reste le premier pays de la diaspora Albanaise. Ils sont localisés surtout à Istanbul, en Thrace orientale, et sur la côte nord et ouest de la Turquie. Ils sont moins présents en Cappadoce, et dans l'intérieur des terres.

Notes

  1.  https://books.google.al/books?id=65jtGE10NiAC&pg=PA72&lpg=PA72&dq=illyrie&source=bl&ots=XkBaXir_0v&sig=mv109qoAkOAb7xrV2zR7l7PpNPQ&hl=fr&sa=X&ved=0CDAQ6AEwBjgKahUKEwi_1fum9JzHAhWG1iwKHTeKCGM#v=onepage&q=illyrie&f=false [archive]
  2.  a et b « Haplogroupe E1b1b (ADN-Y) » [archive], Eupedia
  3.  http://www.cosmovisions.com/histIllyrie.htm [archive]
  4.  Voir Eric Hamp, ; Bernard Sergent, Les Indo-Européens, Paris, Payot, , p. 95. Bernard Sergent cite Vladimir Georgiev, Heinz Kronasser, Eric Hamp, Frederik Kortlandt et Mircea Rădulescu. Voir aussi Iaroslav Lebedynsky, , p. 24-25.
  5.  Bernard Sergent, , p. 94.
  6.  http://www.info-grece.com/forums/l-albanie-notre-plus-vieux-voisin [archive] 0931.
  7.  Par exemple, Serge Métais écrit : « [...] il ne fait guère de doute qu'il y a continuité entre la langue [que les tribus illyriennes] parlaient et l'albanais moderne. » (Serge Métais, Histoire des Albanais : des Illyriens à l'indépendance du Kosovo, Fayard, , p. 98).
  8.  Serge Métais, , p. 97-97.
  9.  a et b John Wilkes (1992). The Peoples of Europe: The Illyrians. Oxford: Blackwell Publishers, p. 73-85.
  10.  http://antikforever.com/Grece/Divers/illyrie_epidamne.htm [archive]
  11.  Serge Métais, , p. 100-101.
  12.  Iaroslav Lebedynsky, , p. 24.
  13.  https://www.nytimes.com/interactive/2012/08/24/science/0824-origins.html?_r=0 [archive]

Annexes

Bibliographie

  • Albert Doja, Naître et grandir chez les Albanais : la construction culturelle de la personne, L'Harmattan, Paris, Montréal, 2000, 322 p. (ISBN 2-7384-8879-X)
  • (en) Edwin E. Jacques, The Albanians : an ethnic history from prehistoric times to the present, McFarland, Jefferson, N.C., 2009, 2 vol., 730 p. (ISBN 978-0-7864-4238-6)
  • Michel Roux, Les Albanais en Yougoslavie : minorité nationale, territoire et développement, Ed. de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 1992, 546 p. (texte remanié d'une thèse)
  • Pierre Sintès, « Les Albanais en Grèce. Le rôle des réseaux préexistants » [archive], in Balkanologie, vol. VII, no 1, juin 2003, p. 111-133

Liens internes

Liens externes

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Arméniens

 
 
Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne le peuple arménien. Pour la langue arménienne, voir Arménien.
Arméniens
(Հայեր Hayer)
Populations significatives par région
Drapeau de l'Arménie Arménie 3 229 9001
Drapeau de la Russie Russie 1 130 4912
Drapeau des États-Unis États-Unis 1 000 0003
Drapeau de l'Iran Iran 620 0004
Drapeau de la France France 500 0005
Drapeau de la Géorgie Géorgie 248 9006
Drapeau de la Syrie Syrie 190 0007
Drapeau du Liban Liban 140 0008
Drapeau du Haut-Karabagh Haut-Karabagh9 130 000
Drapeau de l'Argentine Argentine 130 00010
Drapeau de l'Ukraine Ukraine 100 00011
Drapeau de la Jordanie Jordanie 70 00012
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan 70 000
Drapeau de l'Irak Irak 60 00013 (sans les Hémichis)10
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 42 00010
Drapeau du Canada Canada 40 5053
Drapeau du Brésil Brésil 40 00010
Drapeau de la Grèce Grèce 35 00014
Drapeau de l'Australie Australie 15 79115
Drapeau du Turkménistan Turkménistan 30 00016
Drapeau de la Hongrie Hongrie 30 00017
Drapeau de la Biélorussie Biélorussie 25 00010
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 25 00010
Drapeau de la Turquie Turquie 60 000-20 00010
Drapeau de l'Uruguay Uruguay 19 00010
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni 18 00010
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie 10 83218
Drapeau de la Belgique Belgique 10 00010
Drapeau de la République tchèque République tchèque 10 00010
Drapeau du Venezuela Venezuela 2 50010
Autres régions 100 0004
Population totale 8-10 000 00019 (2010)
Autres
Langues Arménien
Religions Christianisme, surtout apostolique arménien, ainsi que arménien catholique, arménien évangélique et protestants divers, en particulier dans la diaspora. Petite minorité musulmane, principalement les Hémichis.

Les Arméniens (en arménien Հայեր, Hayer) sont une nation et un groupe ethnique originaire du Caucase et du Haut-plateau arménien. Ils forment également une importante diaspora autour du monde. Ils furent les premiers à accepter le christianisme en tant que religion nationale créant et conservant une branche distincte de cette religion, l'Église apostolique arménienne. Le christianisme est adopté comme religion d'État du royaume arménien en 301 ap. J.-C.

Ils parlent deux dialectes différents mais intercompréhensibles : l'arménien oriental utilisé en Arménie, dans le Caucase et en Iran, et l'arménien occidental utilisé ailleurs dans le monde. Située entre l'Europe et l'Asie, la nation arménienne a été maîtresse d'une culture unique et endurante. La danse et la musique arméniennes sont parmi les plus anciennes et sont encore pratiquées aujourd'hui. La cuisine, étant aussi ancienne que le peuple, est une riche combinaison de divers mets et arômes originaire du plateau arménien.

 

 

Étymologie[modifier | modifier le code]

Historiquement, le nom Arménien est exonyme. Les Arméniens, en effet, se nomment eux-mêmes, Hay (Հայ, pluriel : Հայեր, Hayer). Ce nom est traditionnellement dérivé de Hayk, patriarche légendaire des arméniens. Hayk, selon Moïse de Khorène, a battu Bêl, géant de Babylone, en l'an 2492 av. J.C. Il a établi sa nation dans la région du Mont Ararat et sur le haut-plateau arménien. Il est aussi mentionné par certaines historiens que le nom Hay provient de l'un de deux états confédérés de l'empire Hittite, Hayasa-Azzi (1600-1200 av. J.C.). Moïse de Khorène a également écrit que le mot arménien pourrait provenir d'Armenak ou Aram.

Origines[modifier | modifier le code]

Les Arméniens sont considérés comme une branche du vaste rameau indo-européen. Certains spécialistes rattachent les Arméniens aux Hittites, même si Hérodote semble exprimer une proximité avec les Grecs, cette hypothèse se distinguerait des autres : ils feraient partie de la branche thraco-phrygienne qui se seraient déplacés vers l'Asie mineure à la fin du IIe millénaire av. J.‑C. Un rameau proto-arménien se serait séparé des Phrygiens et déplacé vers l'est jusqu'à l'Euphrate dans la région de la ville actuelle de Malatya ; les proto-Arméniens auraient pénétré en « Arménie historique » à la charnière des viie – vie siècles av. J.-C. Enfin, les théories critiquées de Colin Renfrew sur les Indo-européens affirment que l'Anatolie, selon lui le berceau des Arméniens, est le lieu d'origine de l'ensemble des Indo-européens.

Histoire[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Histoire de l'Arménie.

L'histoire de l'Arménie et des Arméniens est constituée de périodes d'indépendance interrompue par les conquêtes d'autres peuples. Le premier État arménien est établi vers le début du vie siècle av. J.-C., sous suzeraineté perse. À son apogée sous l'ArtaxiadeTigrane II, le royaume arménien s'étend du Caucase jusqu'à ce qui est maintenant la Turquie centrale, le Liban et l'Iran du nord-ouest. Le règne de Tigrane II le Grand est la seule période de l'histoire arménienne durant laquelle l'Arménie est perçue comme une rivale sérieuse par ses puissants voisins. Par la suite, l'Arménie fait brièvement partie de l'Empire romain.

Vers l'an 301, sous les Arsacides, l'Arménie devient la première nation à adopter le christianisme en tant que religion d'État, déclenchant ainsi une nouvelle ère dans l'histoire du peuple arménien20. Pour affirmer l'identité nationale arménienne, Mesrob Mashtots invente l'alphabet arménien en 405 ; cet alphabet est encore utilisé aujourd'hui. Dès lors, l'âge d'or de la culture arménienne commence ; plusieurs livres étrangers sont traduits en arménien, devenant donc plus accessibles. L'Arménie perd sa souveraineté à la suite de son rattachement aux empires byzantin et perse en 428.

En 885, les Arméniens rétablissent une entité souveraine sous l'égide d'Achot Ier de la dynastie bagratide. Après l'occupation de l'Arménie par les Byzantins en 1045 puis par les Turcs seldjoukides en 1064, une portion considérable de la noblesse et de la population arméniennes quitte l'Arménie pour s'installer en Cilicie, une région dans laquelle des Arméniens étaient déjà présents depuis l'époque romaine. Ainsi, en 1080, le royaume arménien de Cilicie est créé. Il devient le nouveau centre du nationalisme arménien. Les Arméniens développent des relations sociales, culturelles, militaires et religieuses avec les croisés. Ce royaume succombe en 1375 aux invasions mameloukes.

 

Portrait d'Arménien, Fonds Eugène Trutat, Conservé au Muséum de Toulouse

Au xvie siècle, l'Arménie orientale est conquise par les Perses séfévides, alors que l'Arménie occidentale tombe sous la tutelle ottomane. En 1828, le territoire correspondant à la république moderne est incorporé dans l'Empire russe, l'Arménie occidentale faisant toujours partie de l'Empire ottoman. Durant ces périodes tumultueuses, les Arméniens ont pu protéger leur identité grâce à l'Église.

Entre 1915 et 1916, les deux-tiers des Arméniens d'Anatolie et du haut-plateau arménien sont déportés et massacrés méthodiquement dans les déserts de Syrie et de Mésopotamie sur l'ordre du gouvernement Jeunes-Turcs de l'Empire ottoman. Ce fait constitue le premier génocide du xxe siècle, avec 1 500 000 victimes21.

Culture[modifier | modifier le code]

Article détaillé : culture arménienne.

Répartition géographique[modifier | modifier le code]

Arménie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Arménie.

L'origine du peuplement arménien est légendairement associée à la victoire de Haïk, patriarche arménien, face à Bêl de Babylone. Cette présence continue des Arméniens dans cette région du monde, s'est brusquement estompée à la suite des persécutions ottomanes, et du génocide. Aujourd’hui, l’Arménie est réduite à un dixième de son territoire historique et s'étend sur une partie du Caucase. Elle compte une population de 3,2 millions d'habitants, constitués d’Arméniens à 97 %. Des Arméniens sont également présents dans la province de Samtskhe-Djavakheti en Géorgie et au Haut-Karabagh, territoire actuellement contrôlé par des indépendantistes arméniens. L’ensemble de ces Arméniens, ainsi que ceux d'Iran et de la Russie, parlent le dialecte oriental de la langue arménienne. Le pays est laïc du fait des décennies de domination soviétique. La quasi-totalité de ses citoyens demeure cependant chrétienne.

Diaspora[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Diaspora arménienne.

Depuis plusieurs siècles, de petites communautés existent hors de l'Arménie. Une communauté s'est ainsi installée en Terre sainte, et un des quatre quartiers de Jérusalem s'appelle le quartier arménien22. On retrouve également des traces de communautés arméniennes en Inde et au Myanmar, ainsi que dans d'autres régions de l'Asie du Sud-Est (dont les frères Sarkies, qui ont fondé une chaîne d'hôtels, dont les plus connus sont le Strand de Rangoon, le Raffles de Singapour et le Majapahit de Surabaya). La diaspora moderne, elle, s'est créée à la suite du génocide arménien.

Les Arméniens de la diaspora parlent le dialecte occidental de la langue arménienne, sans que le dialecte oriental leur soit incompréhensible. L'arménien oriental s'utilise plutôt en Iran, en Russie et dans d'autres pays de l'ancienne URSS comme la Géorgie et l'Ukraine. Dans certaines communautés où des Arméniens provenant de divers pays vivent ensemble, il existe une tendance des différents groupes à s'entremêler.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Estimation 2005. La page « Arménie » du site (en) Nationmaster.com page on Armenia [archive] indique 93 % d'Arméniens sur une population estimée à 3 326 448 (juillet 2003), soit 3 093 000.
  2.  (ru) Recensement russe de 2002 [archive].
  3.  a et b (en) Recensement américain de 2000 [archive] (indiquant 385 488 personnes d'origine arménienne vivant aux États-Unis. (en) Recensement canadien de 2001 [archive] (indiquant 40 505 personnes d'origine arménienne vivant au Canada. Les personnes d'origine mixte sont souvent sous-représentées. (en) L'ambassade arménienne au Canada [archive] estime qu'il y a 1 million d'Arméniens aux États-Unis et 100 000 au Canada., tout comme (en) l'Église arménienne d'Amérique [archive]. La plupart d'entre eux vivent en Californie.
  4.  a et b (en) L'Education for Development Institute [archive] maintient un vaste site sur l'Arménie [archive] qui inclut des informations sur la diaspora arménienne dans différents pays [archive]. Leurs chiffres concordent généralement avec d'autres sources lorsque celles-ci sont disponibles, comme nous n'avons pas d'autres sources vérifiables, nous suivons leur nombre.
  5.  (en) Encyclopedia of the Orient [archive]
  6.  (en) State Department for Statistics of Georgia [archive] (2002).
  7.  (en) Encyclopedia of the Orient [archive] : 160 000 Arméniens apostoliques et 30 000 Arméniens chrétiens.
  8.  (en) Encyclopedia of the Orient [archive] : 120 000 Arméniens apostoliques et 20 000 Arméniens chrétiens.
  9.  Pour le statut international du Haut-Karabagh, cf. l'article « Haut-Karabagh ».
  10.  a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Données [archive] sur Armeniandiaspora.com
  11.  (en) Recensement ukrainien de 2001 [archive]
  12.  (en) Encyclopedia of the Orient [archive]
  13.  www.todayszaman.com: Turkish "Foreign Ministry: 89,000 minorities live in Turkey" "Containing detailed statistics about the minority groups in Turkey, the report reveals that 45,000 of approximately 60,000 Armenians reside in İstanbul." [archive]
  14.  (en) Armenian-Greek Community website [archive]
  15.  (en) Recensement de 2006 [archive]
  16.  (en) Turkmenistan: Focus on Armenian migrants [archive]
  17.  Informations démographiques sur la Hongrie [archive]
  18.  (bg) National Statistical Institute, population en 2001 [archive]
  19.  Miniature Empires: A Historical Dictionary of the Newly Independent States - Page 3 by James B Minahan
  20.  Celebration of Armenian Christianity's 1700th Anniversary [archive]
  21.  Ce chiffre est celui généralement admis par la communauté des historiens ; mais comme leur caractère génocidaire, le bilan des massacres et déportations des Arméniens ne fait cependant pas l'unanimité, les extrêmes allant de quatre cent mille à presque deux millions de victimes arméniennes.
  22.  Armenians In the Holyland [archive]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Levon Abrahamian, Armenian identity in a changing world, Mazda Publishers, Costa Mesa, CA, 2006, 406 p. (ISBN 1-568-59185-3)
  • Krikor Beledian, Les Arméniens, Brepols, Turnhout, 1994, 233 p. (ISBN 2-503-50393-4)
  • Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat,  (1re éd. 1982), 991 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-7089-6874-5).
  • Robert Der Merguerian, Les douze piliers de l'identité arménienne, Thaddée, Paris, 2014, 216 p. (ISBN 978-2-919131-18-1)
  • Alexis Gurdikyan, Rencontre avec les Arméniens du Monde, Sigest, Alfortville, 2008, 204 p. (ISBN 978-2-917329-04-7)
  • Béatrice Kasbarian-Bricout, Les Arméniens au xxe siècle, L'Harmattan, 1984, 254 p.
  • Béatrice Kasbarian-Bricout, Coutumes et traditions arméniennes, L'Harmattan, 1990, 192 p. (ISBN 2-7384-0631-9)
  • Sèda Mavian, Les Arméniens, 100 après, Ateliers Henry Dougier, coll. « Lignes de vie d'un peuple », 2015, 144 p. (ISBN 9791093594613)
  • Élisée Reclus, Les Arméniens : récit, Magellan & Cie, Paris, 2006 (rééd.), 190 p. (ISBN 978-2-35074-061-4)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Baltes

 
 

Les Baltes sont un ensemble de peuples indo-européens du nord de l'Europe, identifiés par le fait qu'ils parlent des langues de la branche des langues baltes et qui ont conservé la langue vivante la plus ancienne des Indo-Européens. Ils sont actuellement installés sur le pourtour sud-est de la mer Baltique.

 

 

Histoire[modifier | modifier le code]

Les origines[modifier | modifier le code]

 

Les peuples baltes au xiie siècle.

Au sein de la famille indo-européenne, les Balto-Slaves et les Protogermains faisaient partie d'un même ensemble[réf. souhaitée]. Ces deux groupes se sont progressivement séparés[réf. souhaitée].

Il semblerait que les Balto-Slaves aient habité, vers 3000 av. J.-C., des environs de Berlin jusqu'à Moscou et de la Mer Baltique jusqu'à Kiev1. Grâce aux influences des autres cultures, les Balto-Slaves périphériques se séparent en formant les Protoslaves vers le ixe siècle av. J.-C.2. Cette parenté explique les similitudes qui existent entre les langues slaves et les langues baltes[réf. souhaitée]. Au début du xiiie siècle, c'est-à-dire à l'époque des croisades baltes, la Vistule forme la frontière entre peuples baltes et slaves.

L'évolution[modifier | modifier le code]

À partir de 3000 av. J.-C., les Protobaltes commencent une vaste expansion[réf. souhaitée]. Vers les années 1000 av. J.-C. les Protobaltes tiennent ainsi la plupart des territoires de l'Europe de l'est. Mais à cause de la dissidence de peuples périphériques, le territoire diminue[réf. souhaitée]. En 150 apr. J.-C. Claude Ptolémée a noté que les Baltes, notamment Galindiens et Sudoviens, sont intégrés à la ligue des peuples de Sarmatia Europea qui se situe plutôt sur le territoire des Baltes et des Slaves3. Une fois installés sur les pourtours de la mer Baltique, entre la Vistule et le golfe de Riga, les Protobaltes se sont divisés, vers le ve siècle av. J.-C., en deux sous-groupes : les Baltes orientaux et les Baltes occidentaux[réf. souhaitée]. Ces deux sous-groupes se sont eux-mêmes progressivement divisés à partir du ve siècle[réf. souhaitée].

 

Les peuples baltes sous la domination des chevaliers teutoniques.

L'ordre militaro-monastique des Chevaliers Porte-Glaive est créé en 1202 pour conquérir et christianiser les peuples païens autour du golfe de Riga. Les peuples baltes septentrionaux sont soumis avant 1216.

Après des tentatives en 997 et 114 pour soumettre les Baltes occidentaux, le duché de Mazovie intensifie ses attaques, à partir de 1209, pour soumettre ces peuples païens. En représailles, ceux-ci font des incursions en Mazovie. Ne parvenant pas à les vaincre, le duc Conrad Ier de Mazovie invite, d'abord, les chevaliers de l’Ordre Teutonique à s’installer en Pologne, à la frontière avec les prussiens, puis les encourage, en 1231, à pénétrer sur les territoires de ceux-ci. En une cinquantaine d'années, les Chevaliers teutoniques - qui ont fusionné, entre-temps, avec les Chevaliers Porte-Glaive - vont vaincre tous les peuples baltes occidentaux. Les peuples baltes seront soumis par les moines-soldats allemands, avant l'an 1300, sauf les Lituaniens qui conserveront leur indépendance.

Le sous-groupe des Baltes occidentaux, plus proche géographiquement des Polonais et des Allemands, a subi la pression militaire puis linguistique et culturelle de ceux-ci et s'est fondu en eux. Une partie a aussi été assimilée par les Biélorusses. Les dernières personnes parlant le vieux prussien ont disparu au cours du xviiie siècle.

Les Baltes aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Des anciens peuples baltes, il ne subsiste, de nos jours, que les Lituaniens, les Séloniens, les Latgaliens et les Lettons.

Civilisation[modifier | modifier le code]

Langues[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Langues baltes.

Mythologie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : [[mythologie balte (en)]].

Culture[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Baltų menas / Art of the Balts Editor Adomas Butrimas 2009 page 23
  2.  Mažiulis V. Baltų ir kitų indoeuropiečių kalbų santykiai : Deklinacija, 1970 m.
  3.  Baltų menas / Art of the Balts Editor Adomas Butrimas 2009 page 25

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Celtes

 
 
Page d’aide sur l’homonymie Cet article a pour sujet la civilisation celtique antique jusqu'à la conquête romaine et la christianisation de l'Irlande. Pour plus d'informations sur les nations celtiques contemporaines, voir l'article Pays celtiques. Pour plus d'informations sur les différents peuples celtes, voir l'article Peuples celtes
 

La civilisation celte :

  •      Noyau territorial Hallstatt, au vie siècle av. J.-C.
  •      Expansion celtique maximale, en 275 av. J.-C.
  •      Domaine lusitanien de l'Ibérie où la présence celtique est incertaine
  •      Zones où les langues celtiques restent largement parlées aujourd'hui

Les Celtes étaient un peuple indo-européen de l'âge du fer et de l'Europe médiévale, qui parlait les langues celtiques, et avait des similitudes culturelles1, bien que la relation et les facteurs culturels dans le monde celtique demeurent incertains et controversés2. La répartition géographique exacte des anciens Celtes est également contestée; en particulier, la manière dont les habitants de l'âge de fer de Grande-Bretagne et d'Irlande devraient être considérés comme des Celtes, est devenue un sujet de controverse3,4.

L'histoire de l'Europe pré-celtique reste très incertaine. Selon une théorie, la racine commune des langues celtiques, le proto-celtique, est apparue dans la civilisation des champs d'urnes de l'âge du bronze tardif, en Europe centrale, qui a prospéré à partir de 1200 av. J.-C.5. En outre, selon une théorie proposée au XIXe siècle, les premiers peuples à adopter des caractéristiques culturelles considérées comme celtiques, étaient les peuples de la culture de Hallstatt, de l'âge du fer, en Europe centrale (vers 800-450 av. J.-C.) à Hallstatt, en Autriche6. Ainsi, cette zone est parfois appelée la « patrie celtique ». Au cours de la dernière période de La Tène (vers 450 av. J.-C. jusqu'à la conquête romaine), cette culture celtique était censée s'étendre par diffusionnisme ou migration, vers les îles britanniques (Celtes insulaires), la France et les Pays-Bas (Gaulois), la Bohême, la Pologne et une grande partie de l'Europe centrale, la péninsule ibérique (celtibères, celtiques, lusitaniens et gallaeci) et le nord de l'Italie (culture de Golasecca et gaules cisalpines)7 et, suivant la Grande expédition à partir de 279 av. J.-C., en Anatolie centrale (Galates) dans l'actuelle Turquie8.

Les premiers exemples directs incontestés d'une langue celtique sont les inscriptions Lépontique qui commencent au VIe siècle av. J.-C.9. Les langues celtiques continentales sont attestées presque exclusivement par des inscriptions et des noms de lieux. Les langues celtiques insulaires sont attestées à partir du IVe siècle dans les inscriptions Ogham, bien qu'il soit clairement parlé beaucoup plus tôt. La tradition littéraire celtique commence avec les vieux textes irlandais autour du VIIIe siècle. Des textes cohérents de la littérature irlandaise précoce, tels que Táin Bó Cúailnge ("Rafle des Vaches de Cooley"), survivent dans les recensions du XIIe siècle.

Au milieu du 1er millénaire, avec l'expansion de l'Empire romain et la période de migration des peuples germaniques, la culture celtique et les langues celtiques insulaires étaient restreintes à l'Irlande, à l'ouest et au nord de la Grande-Bretagne (Pays de Galles, Écosse et Cornouailles), l'île de Man et la Bretagne. Entre le Ve, et le VIIIe siècle, les communautés de langue celtique de ces régions atlantiques ont émergé comme une entité raisonnablement cohérente culturellement. Ils avaient un héritage linguistique, religieux et artistique commun qui les distinguait de la culture des entités politiques environnantes10. Au VIe siècle, cependant, les langues celtiques continentales n'étaient plus largement utilisées.

La culture celtique insulaire, des périodes médiévales et modernes, s'est diversifiée en celle des Gaels (irlandais, écossais et mannois), et des celtes britanniques (gallois, corniques et bretons). Une « identité celtique » moderne a été construite dans le cadre de la renaissance celtique romantique, en Grande-Bretagne, en Irlande et dans d'autres territoires européens, tels que le Portugal et la Galice espagnole11. Aujourd'hui, l'irlandais, le gaélique écossais, le gallois et le breton sont encore parlés dans certaines parties de leurs territoires historiques, et le cornique et le mannois connaissent une renaissance.

 

 

Noms et terminologie[modifier | modifier le code]

 

Stèle celtique de Galicie, IIe siècle :  “APANA·AMBO(-) /LLI·F(ilia)·CELTICA /SUPERTAM(arica) /(castelloMAIOBRI /AN(norum)·XXV·H(ic)·S(ita)·E(st) /APANUS·FR(ater)·F(aciendum)·C(uravit)”

La première utilisation écrite du nom de Celtes - comme Κελτοί - pour désigner un groupe ethnique, a été réalisée par Hécatée de Milet, un géographe grec, en 517 av. J.-C.12, en parlant d'un peuple vivant près de Massilia (actuelle Marseille)13. Au Ve siècle av J.-C., Hérodote se référait aux Keltoi vivant autour de la tête du Danube, et aussi dans l'extrême ouest de l'Europe14. L'étymologie du terme Keltoi n'est pas claire. Les racines possibles incluent l'indo-européen *kʲel « cacher » (ou dissimuler) (présent aussi dans le vieil irlandais: ceilid), I.E *kʲel « échauffer » (ou mettre en colère) ou *kel « pousser » 15. Plusieurs auteurs ont supposé que ce terme était d'origine celtique, tandis que d'autres le considèrent comme un nom inventé par les Grecs. La linguiste Patrizia De Bernardo Stempel tombe dans ce dernier groupe, et suggère le sens "les grands"16.

Au Ier siècle av. J.-C., Jules César a rapporté que les personnes connues des Romains comme Gaulois (Galli) se sont appelées Celtes17, ce qui suggère que même si le nom Keltoi a été accordé par les Grecs, il a été adopté dans une certaine mesure comme un nom collectif par les tribus de Gaule. Le géographe Strabon, écrivain sur la Gaule, vers la fin du premier siècle avant J.-C., se réfère à la « race qui s'appelle maintenant à la fois gauloise et galate », bien qu'il utilise également le terme celtique comme synonyme de Gaule, qui est séparée de l'Ibérie par les Pyrénées. Pourtant, il rapporte des peuples celtiques en Ibérie, et utilise également les noms ethniques Celtiberi et Celtici pour les peuples là-bas, à la différence de Lusitani et Iberi18. Pline l'Ancien a cité l'utilisation du terme Celtici, en Lusitanie, comme nom de famille tribal19, ce que les découvertes épigraphiques ont confirmé20,21.

Le latin Gallus (pl. Galli) pourrait provenir à l'origine d'un nom ethnique ou tribal celtique, peut-être emprunté en latin, pendant les expansions celtiques en Italie, au début du Ve siècle av. J.-C. Sa racine peut être le proto-celte *Galno, signifiant « puissance, force », d'où le Vieil irlandais « audace, férocité » et gallois « être en position, pouvoir ». Les noms tribaux de Gallaeci, et du grec Γαλάται (Galatai, latinisé Galatae, voir la région de Galatie en Anatolie) ont très probablement la même origine22. Le suffixe -atai pourrait être une flexion grecque ancienne23. Les auteurs classiques n'appliquaient pas les termes Κελτοί ou Celtae aux habitants de la Grande-Bretagne ou de l'Irlande, ce qui a conduit certains savants, par préférence, de ne pas utiliser le terme pour désigner les habitants de l'âge du fer britannique.

"Celt" est un mot de l'anglais moderne, d'abord attesté en 1707, dans l'écrit d'Edward Lhuyd, dont le travail, avec celui d'autres savants de la fin du XVIIe siècle, a attiré l'attention sur les langues et l'histoire des premiers habitants celtiques de Grande-Bretagne24. La forme anglaise "Gaul" (d'abord attestée au XVIIe siècle), et "Gaulish", viennent du français "Gaule" et "Gaulois", emprunt du Franc *Walholant, « terre des étrangers ou des Romains » (voir Gaule#Étymologie), dont la racine proto-germanique est *walha-, "étranger, romain, celte", d'où le mot anglais gallois (vieux anglais wælisċ < *walhiska-, le Welche sud-allemand signifiant "locuteur celtique", "locuteur français" ou "locuteur italien" dans différents contextes, et le vieux norrois valskr, pl. valir, "gaulois, français"). Le proto-germanique *walha, est, en définitive, dérivé du nom des Volcae25, une tribu celtique qui a vécu primairement dans le sud de l'Allemagne, et en Europe centrale, et a alors émigré en Gaule26. Cela signifie que le terme "Gaul", anglais, en dépit de sa similitude superficielle, n'est pas en réalité dérivé du latin Gallia (qui aurait dû produire **Jaille, en français), bien qu'il se réfère à la même région ancienne.

"Celtique" se réfère à une famille de langues et, plus généralement, signifie "des Celtes" ou "dans le style des Celtes". Plusieurs cultures archéologiques sont considérées comme celtiques en nature, basées sur des ensembles uniques d'objets. Le lien entre langage, et l’artefact, est facilité par la présence d'inscriptions27. L'idée relativement moderne d'une identité culturelle celtique identifiable ou « Celticité » se concentre généralement sur les similitudes entre les langues, les œuvres d'art et les textes classiques28, parfois aussi parmi les artefacts matériels, l'organisation sociale, la patrie et la mythologie celtique29. Les théories antérieures ont soutenu que ces similitudes suggèrent une origine raciale commune, pour les divers peuples celtiques, mais des théories plus récentes soutiennent qu'elles reflètent un patrimoine culturel et linguistique commun plus qu'un patrimoine génétique. Les cultures celtes semblent avoir été très diverses, l'usage d'une langue celtique étant la principale chose qu'elles ont en commun.

Aujourd'hui, le terme celtique, désigne généralement les langues et les cultures respectives de l'Irlande, de l'Écosse, du pays de Galles, de la Cornouaille, de l'île de Man et de la Bretagne, également connues sous le nom de nations celtiques. Ce sont les régions où les quatre langues celtiques sont encore parlées dans une certaine mesure en tant que langues maternelles. Les quatre sont le gaélique irlandais, le gaélique écossais, le gallois et le breton; plus deux renaissance récentes, le cornique (une des langues brittoniques) et le mannois (une des langues gaéliques). Il y a aussi des tentatives de reconstruction du cambrien, une langue bretonne du nord-ouest de l'Angleterre et du sud-ouest de l'Écosse). Les régions celtiques de l'Europe continentale sont celles dont les résidents revendiquent un héritage celtique, mais où aucune langue celtique n'a survécu; ces zones comprennent la péninsule ibérique occidentale, à savoir le Portugal et le centre-nord de l'Espagne (Galice, Asturies, Cantabrie, Castille-et-León, Estrémadure)30.

Les Celtes continentaux sont les peuples de langue celtique de l'Europe continentale et les Celtes insulaires sont les peuples de langue celtique des îles britanniques et irlandaises et de leurs descendants. Les Celtes de Bretagne tirent leur langue des Celtes insulaires, en migration, principalement du Pays de Galles et des Cornouailles, et sont donc regroupés en conséquence.

Origines[modifier | modifier le code]

Article connexe : Des Indo-européens aux Celtes.

Consensus scientifique actuel se dégageant quant à l'origine de la Civilisation celtique[modifier | modifier le code]

Les Celtes sont rattachés aux peuples indo-européens. Cette parenté linguistique entre peuples celtes et les autres peuples indo-européens n'a jamais été remise en question31.

Le consensus scientifique les fait apparaître au début du premier millénaire avec la civilisation de Hallstatt (début vers -1200) de l'antique Norique32, une civilisation qui s'étend en Europe centrale dans un vaste périmètre depuis les régions actuelles de l'Autriche, de la Suisse, du sud de l'Allemagne, de la Bohême, de la Moravie, de l'ouest de la Hongrie et de la Slovaquie, du nord-est de la France.

Néanmoins comme pour d'autres civilisations proto-historiques proches telles celles des Germains ou des Slaves, la celtisation est un processus amplement engagé bien avant l'entrée des Celtes dans l'histoire33. C'est la raison pour laquelle on a proposé de repousser beaucoup plus loin le processus de formation progressive du phénomène celtique. La culture de la céramique cordée correspondrait à l'établissement au IIIe millénaire en Europe centrale de populations à partir desquelles se formeront les Celtes protohistoriques des périodes suivantes34. Ils s'imposeront dans le vaste espace de la culture campaniforme qui a été suggérée comme candidate pour une culture proto-celtique ancestrale, une culture proto-italique, ou italo-celtique35.

Sources archéologiques[modifier | modifier le code]

 

Répartition diachronique des peuples celtes :

La civilisation de Hallstatt[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Civilisation de Hallstatt.
 

Civilisation de Hallstatt : 800-400 av. J.-C.

Le Hallstatt (de -1200 à environ -400, âge du bronze final) ou premier âge du fer est une période succédant à l'âge du bronze final. Il tire son nom de celui d'un site archéologique qui se trouve à Hallstatt dans le Salzkammergut en Autriche.

Cette période est caractérisée par des épées de bronze et de grandes épées de fer. Les cavaliers à longue épée, ordre jusqu'alors inconnu, apparaissent sporadiquement dans les tombes, entourés de rites et accompagnés d'éléments (service à boisson, produits exotiques importés, tombe à char, or) qui préfigurent les symboles de la nouvelle classe dirigeante. L'utilisation du cheval est l'un des attributs qui distinguent les détenteurs du pouvoir. Les tombes féminines offrent de nombreuses parures, des fibules volumineuses, typiques du goût exubérant de l'époque. Les sépultures riches possèdent très souvent d'impressionnants services en bronze constitués de seaux, situles (seaux aux bords refermés), bassins et tasses.

Les Celtes établissent des citadelles sur des oppidums (oppida en celte) dominant de vastes étendues. Parmi les plus importantes, une douzaine semble jouer un rôle économique et politique, et constituent une puissante fédération de communautés organisées sur le même modèle, en Allemagne du Sud (Heuneburg), en Suisse et dans l'Est de la France (Oppidum Saint-Marcel au Pègue, Tombe de Vix).

Il semble y avoir eu une classe œuvrant dans les mines de sel contrôlée par une classe dominante, peut-être en lien avec deux ethnies distinctes comme en font foi certaines découvertes36.

La Tène[modifier | modifier le code]
Article détaillé : La Tène.
 

Civilisation de La Tène d'après (en)John Haywood, Atlas of the Celtic World, Londres, Thames & Hudson,  (lire en ligne [archive]), p. 30-37.

La Tène ou second âge du fer, succédant au Hallstatt, marque la fin de la protohistoire. Elle tire son nom de celui d'un site archéologique découvert en 1857 à Marin-Epagnier, sur la pointe nord-est du lac de Neuchâtel, à l'embouchure de la Thielle, dans le canton de Neuchâtel en Suisse. Elle est attestée en Europe centrale et de l'Ouest. Elle est caractérisée par un armement nouveau dont notamment une épée plus longue34. Certains auteurs, comme Massimo Guidetti37, contestent le rattachement de la péninsule ibérique à cette culture. La transition d'une civilisation celtique à l'autre semble être le fruit de modifications sociales au sein des sociétés plus que d'une invasion par d'autres groupes celtes.

Conséquence d'une crise interne, de la réorganisation des circuits commerciaux ou des luttes entre Grecs et Étrusques pour le contrôle des échanges, les citadelles des Celtes du Premier âge du fer, « poumons » des relations commerciales, sont abandonnées les unes après les autres vers -500 au profit d'un mode de vie plus rural, dominé par une chefferie guerrière. Des régions se distinguent comme les nouveaux centres de la civilisation celtique au ve siècle : la Rhénanie, la Bohême, la Champagne et les Ardennes. Une lente évolution se produit dans les coutumes et les productions. En Gaule, au iie siècle avant notre ère, la civilisation des oppidums connaît une première urbanisation au mont Beuvray (Bibracte) ou à Corent en pays averne34.

Si, à l'ouest, les Celtes sont défaits par les Romains menés par Jules César38, à l'est, les Celtes sont également progressivement écartés : les fouilles montrent que l'oppidum de Stradonice (Bohême) est incendié, probablement par les Germains en -9 ou -6 ; les sépultures laissent à penser que se développe une civilisation germanique sur ces terres.

Fin de la civilisation celtique[modifier | modifier le code]

Dissolution de la civilisation[modifier | modifier le code]

 

Le casque Waterloo, daté de vers -150 à -50

Aux iie siècle-ier siècles avant notre ère, les Celtes sont soumis sur le continent à la pression conjuguée des Germains au nord, des Romains au sud et à la poussée de l'empire dace à l'est.

À la suite d'un appel à l'aide de Marseille, menacée par les peuplades celtiques voisines, Rome annexe la Narbonnaise durant le dernier tiers du iie siècle av. J.-C.

Les invasions de bandes armées (migration des Cimbres et des Teutons en 113 av. J.-C.) et la pression démographique des Germains entraînent des migrations de peuples celtiques vers l'ouest, comme celle des Helvètes conduits par leur roi Orgétorix, et suscitent des tensions avec les peuples gaulois. C'est ce dernier facteur qui provoque la guerre des Gaules et marque la fin de l'indépendance celtique sur le continent à partir de -58. L'intervention de César aurait alors été motivée, écrit-il, par le désir de renvoyer les Helvètes chez eux afin de ne pas laisser des peuples germaniques d'outre-Rhin occuper le plateau suisse. Alors qu'en réalité la principale motivation de César était d'empêcher, comme il l'écrit lui-même, l'installation des Helvètes en Gaule de l'ouest, d'où ils pouvaient menacer la Provincia (Gaule du sud, conquise par Rome vers 120 av. J.-C.).

Occupée par le conquérant romain qui s'est immiscé dans la politique gauloise, une partie de la Gaule se soulève en janvier -52. Après la défaite à Alésia du chef de la coalition gauloise, Vercingétorix, la Gaule est entièrement occupée. Les derniers opposants sont vaincus en -51 à Uxellodunum où ils s'étaient réfugiés.

Au ier siècle de notre ère, l'île de Bretagne (aujourd'hui Grande-Bretagne) est partiellement conquise (à l'exception de l'Écosse) à son tour : dès lors, la civilisation celtique ne survit plus qu'en Irlande et dans le nord de l'Écosse. L'Helvétie est en partie germanisée entre le ve et le vie siècle[réf. nécessaire]. Les populations bretonnes — dont une partie au moins avait conservé l'usage de la langue celtique — et irlandaises se christianisent après le iiie (le ve pour l'Irlande) et évoluent pour donner naissance aux Irlandais, Écossais, Bretons, Gallois et Cornouaillais modernes.

Devant migrer dans un premier temps vers l'Ouest, puis devant affronter les entreprises guerrières de Rome, les population celtes ont été absorbées dans des ensembles politiques plus vastes et plus cohérents32.

L'évangélisation de l'Irlande[modifier | modifier le code]

C'est en Irlande que la civilisation celtique a duré le plus longtemps, son insularité est considérée comme étant la cause principale. Les légions romaines n'ayant pas franchi la mer d'Irlande, les Gaëls n'ont pas subi cette acculturation, même si des relations avec l'Empire romain ont existé dès le ier siècle av. J.-C.

C'est la conversion des Gaëls et, en premier lieu de leurs élites, au christianisme qui fait entrer l'Irlande dans le Moyen Âge européen. Changement de religion mais pas de classe sacerdotale : si le druidisme disparaît, les druides sont les premiers convertis et deviennent les prêtres de la nouvelle Église. L'apport des nouveaux enseignements au substrat celtique va donner naissance à ce que l'on appelle le christianisme celtique.

Les conditions de l'évangélisation sont mal connues et les sources dont nous disposons sont largement hagiographiques. En 431, le pape Célestin Ier envoie un Gaulois, nommé Palladius, évangéliser les « Scots ». En 452, c'est le Britto-romain Maewyn Succat, connu sous le nom de saint Patrick, qui débarque dans l'île. Il semble que le premier ait essentiellement œuvré dans le Leinster et que le second ait évangélisé dans l'Ulster et le Connaught. Patrick est réputé pour avoir chassé les serpents de l'île et expliqué la sainte trinité par l'exemple de la feuille de trèfle. La société celtique étant de type théocratique[réf. nécessaire], la conversion n'a pu se faire que par la classe sacerdotale et Patrick aurait « démontré » aux druides que sa magie était plus puissante que la leur. Si certains traits de la tradition celtique n'ont pas totalement disparu, les Irlandais vont se trouver confrontés à la fin du viiie siècle à une autre culture, celle des Vikings.

Géographie[modifier | modifier le code]

Régions rhénanes et monde germanique[modifier | modifier le code]

Le contact entre le monde celtique et germanique reste difficile à mettre en valeur. La première énigme apparaît lors de la guerre des Cimbres : ce peuple semble avoir migré du nord de l'Europe (plus précisément du Jutland) au iie siècle av. J.-C., puis avoir été défait à la bataille d'Aix. Bien que généralement considéré comme germanique en raison de sa région d'origine, des incertitudes sur sa langue ou sa culture ont pu apparaître, notamment du fait de nombreux anthroponymes celtiques parmi ses chefs39. Les Teutons n'apparaissent dans les textes que lors de la bataille de Noreia (sud de l'Autriche). La jonction entre les deux groupes aurait eu lieu39 en Allemagne centrale près du Main, région celtique avant sa germanisation au milieu du premier millénaire avant notre ère. Il est donc possible que ces migrations aient pu donner lieu à des confédérations de tribus mêlant Celtes et Germains, d'où l'incertitude.

C'est Jules César qui définira précisément quelques décennies plus tard40, par le Rhin, la limite entre Celtes et Germains. Le but politique paraît établi, d'une part par le caractère trop simple de cette limite, d'autre part par le fait que Celtes et Germains ont pu coexister au-delà ou en deçà de cette limite41. Serge Lewuillon qualifie cette limite d'aberration, dans un contexte où Celtes et Germains ont pu se côtoyer et échanger culture et coutumes42. Selon Lucien Bély, les Celtes étaient présents au-delà du Rhin43. Le cas des Belges illustre bien le problème dans la mesure où personne ne peut aujourd'hui affirmer à quel groupe culturel se rattachaient les peuples de la région. César entretient lui-même l'incertitude en ne classant la région ni dans la « Celtique », ni dans la « Germanie ». Les études toponymiques, linguistiques ou anthroponymiques n'ont jamais pu éclaircir la question. Les différents auteurs sont partagés entre l'option celtique (Jean Loicq), l'option germanique avec aristocratie celtique (Ugo Janssens), et d'autres encore penchent vers une théorie plus récente dénommée Nordwestblock, défendue notamment par Rolf Hachmann, Georg Kossack (de) ou Hans Kuhn (de), et où le nord-ouest de l'Europe continentale aurait connu une culture distincte des Celtes et des Germains. Au demeurant, l'étymologie même de Germain proviendrait (sans certitude) d'une tribu belge de langue celtique, de gair signifiant « voisin », et maon signifiant « peuple » (Conrad Gessner), hypothèse qui est réfutée par le Chambers Dictionary of Etymology44 (voir Le nom des Germains).

Europe de l'Ouest (France et Belgique)[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Gaule belgique et Gaule.

La Gaule, ou Gallia, était le nom romain de la région située entre le Rhin et les Pyrénées. Vers 400 av. J.-C. environ, tous les Gaulois appartenaient à la culture de La Tène. Les Romains s'emparèrent du Sud du pays au cours du iie siècle, et les contacts avec la Méditerranée "romanisèrent" en partie les Gaulois, avant que Jules César ne conquière le pays tout entier dans les années 50 av. J.-C..

Pictes[modifier | modifier le code]

[afficher]Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (mars 2017)

Les Pictes étaient un peuple vivant dans l'actuelle Écosse dans l'Antiquité tardive. L'origine et la culture des Pictes sont obscures, dans la mesure où peu de textes leur ont été consacrés (Constance Chlore les mentionne au iiie siècle). Souvent considérés comme celtes, les Pictes sont peut-être de culture pré-indo-européenne. Les partisans de la théorie pré-indo-européenne mettent en avant le fait que le missionnaire irlandais Colomba d'Iona aurait affirmé avoir besoin d'un traducteur pour convertir le roi picte Brude mac Maelchon. Ce qui n'est pas une preuve puisque l'inter-compréhension n'existe pas toujours entre deux langues d'un même groupe. L'assimilation par les Scots venus d'Irlande s'est faite au début du Moyen Âge.

Péninsule Ibérique[modifier | modifier le code]

Plusieurs auteurs sont sceptiques sur l'emploi du terme « celtique » pour la péninsule Ibérique, qui ne dispose que d'un faible héritage archéologique, et où les langues vernaculaires celtiques ne sont que faiblement attestées.

Si les interrogations touchent l'Europe du Sud en général, elles visent particulièrement la péninsule Ibérique. S'il est établi que des tribus celtiques ont pu traverser ou se fixer dans ce qui est aujourd'hui l'Espagne, le Portugal et la Turquie, leur impact sur les cultures pré-existantes reste sujet à caution sur le plan archéologique ou historique. Quelques inscriptions en langue celtique ont pu être mises au jour en Castille et en Galatie, mais on en ignore encore l'utilisation.

Sur le plan archéologique, de nombreux auteurs et chercheurs ont encore des doutes aujourd'hui sur le lien réel entre les cultures celtiques attestées d'Europe centrale et les éléments archéologiques trouvées en Espagne. Graves-Brown et al. utilisent le terme de « mythologisation » concernant la problématique celtique dans le Nord de l'Espagne45. La culture des castros du nord-ouest de l'Espagne n'est pas formellement reconnue comme étant rattachée aux oppida celtiques d'Europe centrale et de Grande-Bretagne46. La répartition des chars celtiques se concentre en Europe Centrale et de l'Ouest, alors que le matériel archéologique est très rare ou absent en péninsule Ibérique ou en Italie47.

La même problématique existe sur le plan toponymique ou historique. La toponymie celtique tend à se raréfier dans le sud-ouest de la France, région où étaient établis les Aquitains, peuple de culture pré-indo-européenne, ou aussi appelés les Proto-Basques. Se basant sur le faible nombre de toponymes celtes dans le nord de l'Espagne, Hector Iglesias conclut que les Celtes ont probablement formé dans cette région des groupes épars ou aristocratiques, mais jamais majoritaires48. De nombreux noms de lieux galiciens sont à rapprocher de la toponymie basque et pyrénéenne, notamment l'étymologie-même de « Galice » et l'on ne dénombre pas davantage de toponyme celtiques dans ces régions qu'en Aragon ou en Castille, où l'on a retrouvé par ailleurs des inscriptions en langue celtique écrites en alphabet ibérique. Si des éléments toponymiques celtiques sont indubitablement attestés dans une grande partie de l'Espagne, hormis dans la partie est de peuplement ibère, on y relève curieusement, par exemple, la faible occurrence du suffixe *-āko- (latinisé en -acum, -acus dans les textes), pourtant répandu dans les zones de peuplement ou d'ancien peuplement celtique. Cela pourrait indiquer une disparition précoce des langues celtiques, ce suffixe ayant eu une fonction toponymique tardive. La rareté de ce suffixe en Espagne est comparable à sa rareté dans le sud de l'Aquitaine en dessous de la Garonne jusqu'aux Pyrénées et dans l'est de la Provence, qui suggère quant à lui la présence d'un fort substrat non celtique ou une disparition précoce du gaulois.

À propos de la culture celtique dans la péninsule Ibérique, des auteurs comme Friedrich Wilhelm Putzger49, Angus Konstam50 ou Francisco Villar (es)51 ont exclu ou continuent à exclure ces régions du monde celtique.

Le concept même de « Celtibère » est sujet à caution : ainsi, Dominique Garcia, faisant une analyse grammaticale des anciens textes romains et grecs, conclut que l'expression « Celto-ligures », utilisée par les mêmes auteurs qui emploient le terme de « Celtibères », désignait dans les faits des peuples Ligures52.

Même dans des régions se réclamant d'un héritage celtique comme la Galice, Beatriz Díaz Santana53 ou Hector Iglesias48 expriment de sérieux doutes sur l'impact des Celtes. L'apparition au xixe siècle du galléguisme n'est peut-être pas entièrement étrangère à l'éveil d'une conscience celtique de circonstance auquel Graves-Brown et al. font référence54.

Italie[modifier | modifier le code]

Si des sources antiques utilisent parfois le terme de « Celtes » pour désigner certains peuples vivant en Italie du Nord ou en péninsule Ibérique, aucune n'indique réellement que ces peuples étaient de langue celtique. De fait, établir un lien entre l'archéologie et la culture est déjà source de controverses. Pour Venceslas Kruta55, faire un lien entre la présence d'un matériel archéologique et une culture relève de la « spéculation ». Pierre-Yves Milcent a une opinion similaire56.

Si l'on sait maintenant que Brescia a été fondée par les Celtes cénomans, ces interrogations peuvent persister pour le reste de l'Italie, où il apparaît que les grandes villes du nord du pays ont été fondées pour la plupart par les Étrusques ou les Romains. Bologne, Mantoue ou Vérone sont notamment des fondations étrusques57,58. Concernant Milan, plusieurs sources assimilent le site de Melpum, un site étrusque, avec le site actuel de la ville de Milan, notamment Jean Gagé59, Barthold Georg Niebuhr60, Jean-Jacques Prado61, l'Encyclopédie Larousse62 et Marcel Le Glay et al.63. De même, la ville de Melzo étant réputée pour être l'ancien site étrusque de Melpum, Sergio Villa[Qui ?] conteste ce fait sur des bases linguistiques64.

Habitat[modifier | modifier le code]

Les maisons étaient en torchis et en chaume et rarement en pierre, il n'y avait pas de cheminée ni de fenêtre .

Peuples[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Peuples celtes.

Génétique[modifier | modifier le code]

Selon des études génétiques récentes, les populations celtiques seraient caractérisées par différents sous-groupes de l'haplogroupe du chromosome Y, R1b-M269 introduit en Europe par les migrations indo-européennes il y a environ 4 500 ans65. L'haplogroupe R1b-M269, qui représente 60 % des lignées masculines en France, pourrait être associé aux Proto-Indo-Européens arrivés en Europe durant l'Âge du bronze et qui auraient remplacé une grande partie de la population néolithique masculine existante66,67.

D'autres études portent sur les haplogroupes R-P312-3/R-U15268 et R-P312-4/R-L2169.

Ces études permettent de mieux comprendre les relations spatio-temporelles70, les processus de diffusion ainsi que les associations avec un certain nombre de groupes de populations voisines71,72,73.

Art de la guerre[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Guerre chez les Celtes.
 

Reconstruction de la tenue et de l'équipement d'un guerrier celte de l'âge de fer, Biebertal, en Allemagne.

Les guerriers utilisaient des armes plutôt modernes pour leur époque. Ils ont été les inventeurs de la cotte de maille et étaient d'excellents cavaliers. Les Celtes développent une tactique de charge frontale en hurlant en essayant d'effrayer au maximum l'adversaire. La guerrière celte (phénomène exceptionnel ?) existe aussi bien dans la mythologie (exemple : Medb) que dans l'histoire (Boadicée)74.

Politique et société[modifier | modifier le code]

Les sociétés celtes étaient régies par des classes : clergé, noblesse, peuple. Le clergé, composé de prêtres, nommés druides, et la noblesse, composée des guerriers les plus riches et les plus braves, dirigeaient le peuple.

Les Celtes ont connu l'institution royale. Le nom du roi issu de l'indo-européen *rēg- dénonte la « rectitude »75. Le roi est d'abord l'énonciateur du droit. Il est pacificateur qui protège ses sujets comme l'indique le théonyme Toutiorix75. Il est garant du succès militaire et, pour cette raison, sa présence est indispensable dans la bataille75. Il est enfin celui qui assure la fertilité des terres et du bétail75.

Aussi, sa position est-elle risquée. Le roi qui manque à ses obligations est « souvent victime d'une mort tragique proche dans certains récits du sacrifice ou de la devotio »75.

Nourriture[modifier | modifier le code]

Ils mangeaient beaucoup de viande, mais pas de sanglier, de céréales, de lentille, et de légume.

Économie[modifier | modifier le code]

La terre des Celtes regorgeait de métaux tels que l'étain, le plomb, le fer, l'argent et l'or. Les forgerons et ferronniers pouvant les transformer en objets de valeurs, armes ou bijoux.

Certaines pièces d'or furent frappées à l'effigie de Vercingétorix, sur son verso on peut apercevoir un croissant, un étalon et une amphore.

Commerce[modifier | modifier le code]

Les sépultures prouvent l'étendue du commerce des Celtes avec tous les peuples de l'ancienne Europe. Étaient exportés fer, étain, sel, bois, lin, laine, des armes, des outils, des textiles et des chaussures. Les importations étaient principalement le verre, le vin et d'autres produits de luxe de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient.

Les tribus celtiques sur le continent ont repris le système monétaire des Grecs et des Romains, et, dès la fin du iiie siècle avant notre ère, ont frappé leurs propres pièces en or. Les premières pièces en or étaient initialement utilisées probablement seulement comme objets de valeur. Au plus tard au début du ier siècle avant notre ère, l'Ouest gaulois au moins avait adopté un système de monnaie avec trois métaux. Outre des pièces d'or et d'argent, des pièces de potin ont été frappées. Les pièces d'argent semblent avoir été utilisées pour les échanges inter-régionaux, tandis que les pièces de potin étaient utilisés comme menue monnaie pour le commerce local et régional.

Agriculture[modifier | modifier le code]

L'économie des Celtes était basée sur l'agriculture et l'élevage. Dans des petits champs clos étaient cultivés des céréales (amidonnier, épeautre, orge, millet) et des légumineuses (haricots, pois, lentilles). Étaient également consommés le pissenlit, l'ortie, le navet, le radis, le céleri, l'oignon et le chou. Des découvertes archéologiques (restes de repas) à Hallstatt on peut déduire que les Celtes mangeaient un plat encore courant en Autriche, le Ritschert (de), ragoût d'orge et de fèves avec accompagnement de porc fumé.

Du fait que le mot latin pour la bière (cervisia) est un mot d'emprunt celtique, on a supposé que les Celtes maîtrisaient la fabrication de la bière. Les auteurs romains décrivent, cependant, la boisson avec un fort dégoût. À Hochdorf et Glauberg, de l'hydromel a été détecté dans les trouvailles de pollen sur les sites archéologiques.

L'animal domestique principal était le bovin, qui en plus de la fourniture de la viande, du lait (fromage) et du cuir était indispensable pour le travail des champs. Les moutons (laine) et les porcs étaient également élevés ; les chiens étaient utilisés en tant que chiens de troupeau comme pour la chasse. Les chevaux étaient un symbole du statut social et étaient importants pour les campagnes militaires. Ils ont probablement été élevés de manière intensive par certaines tribus.

Art, artisanat et techniques[modifier | modifier le code]

 

Le verso d'un miroir de bronze britannique, avec des motifs de spirale, et de trompette typiques de l'art celtique, La Tène, en Grande-Bretagne.

Article détaillé : Art celte.

Les Celtes n'ayant laissé que très peu de traces écrites de leur civilisation, celle-ci nous est avant tout connue grâce à leur art, largement redécouvert durant la deuxième moitié du xxe siècle.

L'art des Celtes présente une grande diversité selon les époques et les régions considérées. Il n'est pas, non plus, exempt d'influences extérieures : étrusque, grecque, scythique, puis latine, et enfin germanique et chrétienne. Toutefois, quelques caractéristiques majeures le distinguent nettement de l'art des autres civilisations qui étaient en contact avec l'aire culturelle celtique :

  • Les représentations des divinités semblent avoir existé, mais les témoignages en sont rares, d'époque gallo-romaine ou difficiles à identifier (L'une des sources les plus connues est le chaudron de Gundestrup).
  • Si l'on excepte le cas de la Hesse et celui du midi de la Gaule (voir plus loin), il semble également que la statuaire de pierre n'ait pas été le domaine de prédilection des Celtes.

Une caractéristique majeure de l'art celte est la domination de motifs anthropomorphes ou issus de la nature, tels que les entrelacs, et une tendance à l'abstraction. Issue du schématisme hallstattien, cette tendance atteint son apogée à travers les enluminures des manuscrits celtiques d'Irlande et d'Écosse de la période chrétienne insulaire, tels que le célèbre livre de Kells (voir aussi le monastère de Iona).

  • La statuaire retrouvée sur certaines tombes représente des hommes debout dotés d'excroissances de part et d'autre de la tête évoquant une feuille de gui.

Religion[modifier | modifier le code]

Les Celtes n'ayant pas laissé de traces écrites, la connaissance que nous avons de la religion et de la culture celtes est tributaire des textes laissés par les Grecs, les Romains et les auteurs chrétien

s. hypothese : religion celtique, bazé sur la mythologie etc. 76.

Panthéon et caractères généraux[modifier | modifier le code]

La religion présente les mêmes caractéristiques générales que l'on retrouve chez les peuples indo-européens. Les comparatistes ont montré que les éléments essentiels présents dans les récits mythologiques, les formules, les schèmes notionnels et les éléments du culte s'inscrivent dans une « tradition indo-européenne »77. Le vecteur de cette conception du monde et de cette tradition est une « classe sacerdotale » - les druides - comme en Inde ou en Iran ou plus simplement, comme chez les Germains, la noblesse guerrière77. On y retrouve notamment les « traces très nettes » de la religion cosmique indo-européenne qui inclut le cycle des saisons, de l'année. Celle-ci forme le cadre général qui détermine l'histoire de l'univers77. Puis, dans quelques épisodes légendaires, le schéma triparti étudié par Georges Dumézil, c'est-à-dire la tripartition de la fonction juridique et religieuse, de la force notamment guerrière, enfin de la richesse et des valeurs de re/production77.

Les Celtes avaient un système religieux polythéiste. Ils devaient disposer d'un panthéon au moins aussi développé que celui des Grecs et des Romains (près de quatre cents figures de divinités celtiques sont recensées), mais rien n'indique que ce panthéon ait été homogène sur l'ensemble du domaine celtique, ni qu'il ait possédé une structure unique. Cependant, les principaux dieux gaulois décrits par César se retrouvent, sous leurs noms propres, dans les textes mythologiques irlandais du Moyen Âge, avec les mêmes fonctions.

Parmi les principales divinités, le Dagda « Dieu bon », issu visiblement du Ciel diurne indo-européen, patronne l'aspect juridique de la fonction souveraine. Il a été rapproché du Jupiter gaulois77. Il est opposé à son frère Ogme - Ogmios, dont certains des traits dérivent directement du Ciel nocturne, lié à la magie77. De nombreuses dééesse et héroïnes (Belisama, Morrigan, Bodb, Macha...) présentes dans les mythes sont issues de l'Aurore indo-européenne77. Il existe également un *Lugus panceltique (le Mercurius de César). Issu du couple indo-européen des Dioscures, les Jumeaux divins, une des plus anciennes figures du panthéon indo-européen, Lug Samildanach « aux multiples arts », par son intervention restaure l'ordre et le droit lorsque les autres dieux sont tombés dans l'oppression77. Son nom se retrouve dans ceux de plusieurs grandes cités (Lyon, Laon, Legnica) et dans la grande fête irlandaise Lugnasad77.

Les auteurs latins et grecs citent quelques divinités gauloises, sans énoncer les motifs qui dictent leur sélection : Épona, Taranis, Esus et Lug sont ainsi connus. Cernunnos est attesté par quelques inscriptions gallo-romaines.

 

Détail d'un panneau intérieur du chaudron de Gundestrup, Musée national du Danemark, Copenhague.

L'immortalité de l'âme était une des croyances des anciens Celtes, ce qui explique peut-être les témoignages sur leur vaillance et leur intrépidité au combat, puisque la peur de la mort était absente. En revanche, la notion de la réincarnation doit être écartée de leur religion, cette suggestion étant due à des lectures erronées78.

Les Celtes croyaient également en un au-delà. Dans la tradition irlandaise transmise à l'époque chrétienne, le Sidh désigne l'Autre Mondeceltique, il se situe à l'ouest, au-delà de l'horizon de la mer, dans des îles magnifiques ; sous la mer, dans les lacs et les rivières où se situent de somptueux palais de cristal aux entrées mystérieuses ; sous les collines et les tertres. C'est le séjour des Tuatha Dé Danann.

Dans le domaine des rites, les sacrifices humains, le culte des têtes coupées[réf. nécessaire], ou encore l'utilisation abondante du sang dans les lieux de culte sont les traits qui ont frappé les auteurs antiques. L'un d'entre eux, Pausanias, évoque aussi la pratique de l'anthropophagie. Jules César écrit quant à lui :

« Ils [les Celtes] se servent pour ces sacrifices humains du ministère des druides ; ils pensent, en effet, que c'est seulement en rachetant la vie d'un homme par la vie d'un autre homme que la puissance des dieux immortels peut être apaisée. Ils pratiquent des sacrifices de ce genre qui sont une institution publique. Certains ont des mannequins de très grande taille, dont ils remplissent d'hommes vivants la carapace tressée d'osiers, on y met le feu, et les hommes périssent enveloppés par la flamme. »

Aux témoignages grecs et romains, on doit ajouter celui de la littérature celtique elle-même et des récits médiévaux, les Mabinogion de Pwyll et Branwen, évoquant plusieurs sacrifices humains. De nombreuses découvertes archéologiques corroborent l'existence de sacrifices humains : culte des têtes à Entremont (Bouches-du-Rhône), réminiscent dans le décor des tympans d'églises de l'Irlande médiévale[réf. nécessaire], rites sanguinaires à Ribemont-sur-Ancre, sacrifices par noyade, égorgement, strangulation, overkill[pas clair] des Hommes des tourbières, etc.

Si les Celtes connaissaient l'écriture et l'ont parfois utilisée, ils ont privilégié l'oralité pour la transmission du savoir, quel qu'en soit le domaine, de sorte qu'il faut étudier le domaine celtique à partir de sources externes ou tardives.

La construction de sanctuaires à usage religieux est un fait très tardif dans le domaine celtique puisqu'ils n'apparaissent qu'au iiie siècle av. J.-C.. Aux époques précédentes, le culte régi par la classe sacerdotale des druides, se faisait dans des espaces sacrés en pleine nature (nemeton en langue gauloise signifie « sacré », nemed en gaélique), comme les clairières, la proximité des sources. Lucain, dans la Pharsale (III, 399-426), nous donne la description d'un de ces lieux avec un endroit strictement interdit, réservé aux dieux. Le site de Burkovák (cs) (Bohême) recèle de très nombreux objets à caractère votif, mais est exempt de toute construction. Il est possible aussi que des ensembles mégalithiques, tels Carnac (département du Morbihan en Bretagne) ou Stonehenge (comté du Wiltshire, Angleterre) aient pu être réutilisés par les druides dans un but cultuel.La construction de palissades autour d'enclos et de bâtiments intervient à une époque où la civilisation celtique entame son déclin[réf. nécessaire]. Le plus célèbre de ces sites est celui de Gournay-sur-Aronde.

Druidisme[modifier | modifier le code]

 

Deux druides sur le bas-relief d'Autun.

Le druidisme est une institution pan-celtique. De manière comparable à d'autres sociétés indo-européennes, les druides forment un corps professionnel issu de l'aristocratie, de spécialistes des techniques du droit et du culte associés à la fonction souveraine. Auxiliaires de la royauté, ils veillent aux activités de parole et d'enseignement en assurant la transmission du savoir traditionnel75.

À l'époque précédant la conquête romaine de la Gaule, et, semble-t-il, par la suite dans les îles, la caractéristique majeure de la pratique religieuse des anciens Celtes est le druidisme. Le mot druide qui est spécifiquement celtique provient de *der-w/dr-ew qui se comprend comme « celui qui sait fidèlement, celui qui a une vision vraie, certaine »79. L'existence du clergé druidique est attestée chez plusieurs auteurs antiques, pour différentes époques et en différents lieux du monde celtique. En Gaule, les druides paraissent avoir joué un rôle clef dans l'insurrection de -52 et, par la suite, dans les révoltes gauloises du ier siècle : celle des equites, menée par l'Éduen Julius Sacrovir en 21 apr. J.-C. et rapportée par Tacite dans ses Histoires, aurait conduit au déclenchement des hostilités de Rome à l'égard des druides gaulois.

Le « clergé » druidique avait en charge la célébration des cérémonies sacrées et des rites cultuels : lui seul avait le droit de pratiquer les sacrifices, parfois humains, mais plus généralement d'animaux ou symboliques (comme l'attestent les ex-voto en bois inventés aux sources de la Seine). C'est d'ailleurs la pratique des sacrifices humains qui servit de prétexte à l'interdiction des druides sous l'Empereur Tibère (ou Claude pour certains historiens). Les autres prérogatives des druides comprenaient logiquement l'enseignement, la diplomatie, l'histoire, la généalogie, la toponymie, la magie, la médecine et la divination. Le druide, grâce à son savoir (dont l'acquisition pouvait nécessiter vingt ans d'études, selon César) et grâce à sa maîtrise des pratiques magiques, était un intermédiaire entre les dieux et les hommes.

Le druide avait aussi un rôle de conseiller politique auprès du roi avec lequel il a pu former un binôme dans lequel le roi exerçait la souveraineté sous l'inspiration du druide. Le druide Diviciacos, contemporain de Cicéron et directement à l'origine de la conquête romaine de la Gaule, apparaît notamment comme le chef politique des Éduens.

Sans entrer dans les spécifications de la classe sacerdotale, trois types de « professions » à caractère religieux sont connus dans le monde celte :

  • Le druide qui désigne tout membre de la classe sacerdotale, dont les domaines d'attribution sont la religion, le sacrifice, la justice, l'enseignement, la poésie, la divination, etc. ;
  • Le barde est spécialisé dans la poésie orale et chantée, son rôle est de faire la louange, la satire ou le blâme ;
  • Le vate est un devin, il s'occupe plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine. Les femmes participent à cette fonction de prophétie.

Calendrier religieux[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Calendrier celtique.

Selon les sources irlandaises, l'année celtique était rythmée par quatre grandes fêtes religieuses au caractère obligatoire, dont deux majeures : Samain au 31 octobre ou 1er novembre (selon notre calendrier) et Beltaine au 30 avril ou 1er mai, et deux de moindre importance : Imbolc le 1er ou le 2 février et Lugnasad le 1er août80. La source majeure qui nous renseigne sur le calendrier celtique est le calendrier de Coligny, qui date de l'époque gallo-romaine.

Débats historiographiques et celtomanie[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : celtomanie et Celtologie.

La celtomanie est une mode littéraire, qui s'est développée à la fin du xviiie siècle et au long du xixe siècle dans certains milieux intellectuels et littéraires, notamment en Bretagne. Elle pare de toutes les vertus les Celtes de l'Antiquité. Elle aura une grande influence sur la perception des Gaulois ou des Celtes et sur les recherches historiques effectuées à la fin du xixe siècle d'autant plus dans un contexte nationaliste où les qualités des Celtes sont exaltés face aux envahisseurs "germains".

En France, l'archéologie s'empare des Celtes à partir des travaux d'Alexandre Bertrand à la fin du xixe siècle.

Phrénologie[modifier | modifier le code]

Au cours du xixe siècle, la phrénologie a été abondamment utilisée pour démontrer des liens de parenté entre des populations proto-historiques et contemporaines. Les Celtes, objet d'études archéologiques, n'échappent pas à la règle.

Après avoir étudié des dizaines de crânes issus de sépultures celtes, le Suédois Anders Retzius propose de classer les Celtes parmi les populations dolichocéphales orthognates, avec les Germains et les Scandinaves81. Cette thèse permet à ses continuateurs de reprendre la thèse de populations conquérantes blondes, ayant asservi des populations bracycéphales ; cependant, cette thèse est rapidement réfutée, notamment par Paul Broca82,83.

Archéologues allemands du début du xxe siècle[modifier | modifier le code]

En Allemagne, dans les années 1930, fortement influencés par les méthodes de l'archéologie du peuple, développée par Gustaf Kossinna, les archéologues allemands, appuyés sur une prétendue « apparence nordique » des Celtes84, affirment que ces derniers appartiendraient en réalité aux peuples germaniques85.

Le concept de Celte[modifier | modifier le code]

Les récentes recherches scientifiques concernant l'Europe dite celtique sont interdisciplinaires : archéologie comparée (intégrant notamment l'archéométrie), méthodologie historique (dont l'analyse critique de « l'historiographie celtique »), mythologie comparée (notamment dans le cadre de la « mythologie celtique »), linguistique comparée, onomastique (commune à ces deux dernières disciplines), génétique des populations (intégrant notamment la paléogénétique)86. Quelques archéologues, tels Barry Cunliffe, sur la base de modélisations des données ressortant de ces recherches questionnent préalablement le « concept de Celtes »87. Concomitamment au débat sur un « diffusionnisme indo-européen »88, d'autres archéologues tel John Collis contestent le paradigme de « celtitude » et a fortiori le postulat d'un groupe ethnique celte89,90,91.

Comme le résume le spécialiste des Sociétés protohistoriques Stéphane Verger, il existe deux manières extrêmes d'aborder le début des Celtes. « La première, positiviste, consiste à remonter dans le temps au-delà du second âge du fer, voire jusqu'au début des âges de Métaux, dans les régions censées avoir été occupées anciennement par des “populations celtiques” pour déterminer, d'après les données archéologiques, à partir de quel moment et dans quelle zone de l'Europe les caractéristiques culturelles que l'on attribue traditionnellement aux Celtes peuvent être mis en évidence. La seconde, hypercritique, est celle qui consiste à considérer que la notion de Celtes est une construction moderne ». Selon cette thèse, les Celtes n'auraient pas existé avant leur conceptualisation au xviie siècle.

Une civilisation celte ?[modifier | modifier le code]

L'historien Jean-Louis Brunaux, spécialiste des Gaulois, est assez proche de cette deuxième vision92. Il doute de la réalité d'une civilisation celte. À ses yeux, l'idée d'une langue celtique est un postulat non démontré. Les ressemblances entre breton, gaélique, gallois... s'expliqueraient davantage par les contacts et les influences entre des peuples voisins que par l'existence d'une langue mère. Brunaux s'accorde avec l'idée émise par Tolkien : « Les Celtes [...] sont un sac magique dans lequel on peut mettre ce que l'on veut et d'où on peut sortir à peu près n'importe quoi93 ». Ce d'autant plus facilement qu'ils n'ont presque pas laissé d'écrits.

Plus qu'un peuple ou une civilisation, il considère les Celtes à l'origine comme une confédération de tribus vivant autour du Massif central dans le but de commercer avec les Phéniciens puis les Grecs. De commerciale, cette association aurait pris un caractère diplomatique puis politique. Les Celtes se seraient étendus à travers l'Europe, à partir non pas d'Europe centrale mais du centre sud de la Gaule. Extension faite sous forme de colonisation et non de migrations92. Cette interprétation se situe à l'opposé des travaux de la plupart des spécialistes du monde celtique, qui comme Venceslas Kruta soulignent au contraire l'existence d'une civilisation spécifique, immédiatement identifiable par sa langue, les vestiges matériels qu'elle a laissés, les croyances et les mythes que les spécialistes de la mythologie comparée ont pu reconstituer34.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Comme le signale bien Claude Sterckx, le cinéma et la bande dessinée actuels n'offrent qu'une « parodie invraisemblable » de ce que sont les Celtes. Il qualifie la plupart des films de « grotesques ». Les albums d'Astérix, qui forment la représentation la plus connue du public, sont selon lui une « caricature de tous les poncifs ». Les représentations basées sur la légende arthurienne, là aussi bien connues du public, sont très anachroniques et davantage issues d'un fonds littéraire fictionnel que de données historiques94.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Le classement thématique ne donne que l'orientation générale des ouvrages listés, la majorité d'entre eux abordant différents thèmes.

Généralités[modifier | modifier le code]

Gaule[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Paris, Les Belles Lettres, 2005 (ISBN 2-251-41028-7)
  • Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance (2001), (2003), (2008, 3e éd. revue et augmentée).
  • Xavier Delamarre, Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne (-500 / +500) - Dictionnaire, Errance, 2012.
  • Stephan Fichtl, Les peuples gaulois, IIIe-Ier siècles av. J.-C., Paris, Errance, 2004 (ISBN 2-87772-290-2)
  • Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne. Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence. VIIIe-IIe siècles av. J.-C., Paris, Errance, 2004 (ISBN 2877722864)
  • Dominique Garcia, Les Celtes de Gaule méditerranéenne : Définition et caractérisation, Bibracte,  (lire en ligne [archive])
  • Christian Goudineau, César et la Gaule, Errance, coll. « De la Gaule à la France : histoire et archéologie », 2000
  • Christian Goudineau, Regard sur la Gaule, Errance, 2000
  • Renée Grimaud, Nos ancêtres les Gaulois, Rennes, Ouest-France, 2001 (ISBN 2-7028-4542-8)
  • Danièle Roman et Yves Roman, Histoire de la Gaule, Fayard, 

Îles britanniques[modifier | modifier le code]

Europe centrale et orientale[modifier | modifier le code]

  • Petr Drda et Alena Rybova, Les Celtes de Bohême, Errance.
  • Miklos Szabo, Les Celtes de l'Est : le second âge du fer dans la cuvette des Karpates, coll. « Hespérides », Paris, Errance, 1992.

Art[modifier | modifier le code]

  • Collectif (catalogue de l'exposition européenne d'archéologie celtique), Les Celtes, Venise, Bompiani, 1991.
  • Paul-Marie Duval, Les Celtes, coll. « L'Univers des formes », Gallimard
  • Ruth Megaw et Vincent Megaw, Art de la celtique. Du viie siècle av. J.-C. au viiie siècle ap. J.-C. : Des origines au livre de Kells, Errance, coll. « Hespérides », , 276 pages p. (ISBN 2-87772-305-4)
  • Lionel Pernet, Réjane Roure, Bibiana Agusti, Michel Bats, Maria-Carme Belarte, Alexandre Beylier, Philippe Boissinot, Helena Bonet, Lidia Colominas, Jean Chausserie-Laprée, Elsa Ciesielsky, Ferran Codina, Aurélien Creuzieux, Anne-Marie Curé et Claire-Anne de Chazelles, Des rites et des hommes : Les pratiques symboliques des Celtes, des Ibères et des Grecs en Provence, en Laguedoc et en Catalogne, Paris, Éditions Errance, coll. « Archéologie de Montpellier Agglomération AMA 2 », , 288 p.(ISBN 978-2-87772-460-9)
  • Daniele Vitali, Les Celtes : Trésors d'une civilisation ancienne, Éditions White Star, , 207 pages p. (ISBN 978-88-6112-467-7)

Société[modifier | modifier le code]

  • Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, La Civilisation celtique, Rennes, Ouest-France Université, 1990 (ISBN 2-7373-0297-8)
  • Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, La Société celtique, Rennes, Ouest-France Université, 1991 (ISBN 2-7373-0902-6)

Politique[modifier | modifier le code]

  • Emmanuel Arbabe, Du peuple à la cité : Vie politique et institutions de la Gaule chevelue depuis l'indépendance jusqu'à la fin des Julio-Claudiens, Université Paris I Panthéon - Sorbonne, École de Doctorat d'Histoire; sous la direction de François Chausson., thèse de doctorat en histoire soutenue le 12 mars 2013, 619 p. (lire en ligne [archive])

Religion[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Brunaux, Les Religions gauloises, Paris, Errance, 2000 (ISBN 2-87772-192-2)
  • Christian-J. Guyonvarc'h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Bibliothèque scientifique Payot, Paris, 1997 (ISBN 2-228-89112-6)
  • Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, Les Druides, Rennes, Ouest-France Université,  (ISBN 2-85882-9209)
  • Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, Les Fêtes celtiques, Rennes, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d'homme : l'histoire »,  (ISBN 978-2-7373-1198-7)

Débats historiographiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

 

Références[modifier | modifier le code]

  1.  John Koch, Celtic Culture: a historical encyclopedia, Santa Barbara, ABC-Clio, (ISBN 978-1-85109-440-0, lire en ligne [archive]), xx
  2.  Simon James, The Atlantic Celts – Ancient People Or Modern Invention, University of Wisconsin Press, 
  3.  John Collis, The Celts: Origins, Myths and Inventions, Stroud: Tempus Publishing, (ISBN 0-7524-2913-2)
  4.  Francis Pryor, Britain BC, Harper Perennial,  (ISBN 978-0007126934)
  5.  Nora Chadwick et J. X. W. P. Corcoran, The Celts, Penguin Books, , 28-33 p.
  6.  Barry Cunliffe, The Ancient Celts, Penguin Books, , 39–67 p.
  7.  John T Koch, Celtic from the West Chapter 9: Paradigm Shift? Interpreting Tartessian as Celtic – see map 9.3 The Ancient Celtic Languages c. 440/430 BC – see third map in PDF at URL provided which is essentially the same map, Oxbow Books, Oxford, UK,  (ISBN 978-1-84217-410-4, lire en ligne [archive]), p. 193
  8.  John T Koch, Celtic from the West Chapter 9: Paradigm Shift? Interpreting Tartessian as Celtic – see map 9.2 Celtic expansion from Hallstatt/La Tene central Europe – see second map in PDF at URL provided which is essentially the same map, Oxbow Books, Oxford, UK, (ISBN 978-1-84217-410-4, lire en ligne [archive]), p. 190
  9.  David Stifter, « Old Celtic Languages », ADDENDA,‎ , p. 24-37 (lire en ligne [archive] [PDF])
  10.  (en) Barry Cunliffe, The Celts – a very short introduction, Oxford University Press, (ISBN 0-19-280418-9), p. 109
  11.  (en) Kerry Ann McKevitt, Mythologizing Identity and History: a look at the Celtic past of Galicia, vol. 6, E-Keltoi,  (lire en ligne [archive] [PDF]), p. 651-673
  12.  Sarunas Milisauskas, European prehistory: a survey, Springer, 2002 (ISBN 0-306-47257-0), (ISBN 978-0-306-47257-2, lire en ligne [archive]), p. 363
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  14.  Hérodote, Histoires, 2.33; 4.49.
  15.  John T. Koch (ed.), Celtic Culture: a historical encyclopedia. 5 vols. 2006. Santa Barbara, California: ABC-CLIO, p. 371.
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  17.  Jules César, La Guerre des Gaules, 1.1: “Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois.” Trad. Désiré Nisard.
  18.  Strabon, Geographie, 3.1.3; 3.1.6; 3.2.2; 3.2.15; 4.4.2.
  19.  Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, 21:6  : “les Mirobrigiens, surnommés Celtiques” (“Mirobrigenses qui Celtici cognominantur”)
  20.  (es) « Hispania Epigraphica », Inicio, Universidad Complutense de Madrid, vol. 20,‎  (lire en ligne [archive] [PDF])
  21.  Fernando De Almeida, Breve noticia sobre o santuário campestre romano de Miróbriga dos Celticos (Portugal): D(IS) M(ANIBUS) S(ACRUM) / C(AIUS) PORCIUS SEVE/RUS MIROBRIGEN(SIS) / CELT(ICUS) ANN(ORUM) LX / H(IC) S(ITUS) E(ST) S(IT) T(IBI) T(ERRA) L(EVIS).
  22.  John Thomas Koch, Celtic culture: a historical encyclopedia, ABC-CLIO, , 794–795 p.(ISBN 1-85109-440-7)
  23.  Andrew and Arnold M Spencer and Zwicky, The handbook of morphology, Blackwell Publishers,  (ISBN 0-631-18544-5), p. 148
  24.  Lhuyd, E. Archaeologia Britannica; An account of the languages, histories, and customs of the original inhabitants of Great Britain. (reprint ed.) Irish University Press, 1971, p. 290. (ISBN 0-7165-0031-0).
  25.  John Thomas Koch, Celtic culture: a historical encyclopedia, ABC-CLIO, (ISBN 1-85109-440-7), p. 532
  26.  Harry Mountain, The Celtic Encyclopedia, Volume 1, uPublish.com,  (ISBN 1-58112-889-4), p. 252
  27.  Venceslas Kruta, The Celts, Thames and Hudson, , 95–102 p.
  28.  Paul Graves-Brown, Siân Jones, Clive Gamble, Cultural identity and archaeology: the construction of European communities, pp 242–244, Routledge, 1996 (ISBN 0-415-10676-1), (ISBN 978-0-415-10676-4, lire en ligne [archive])
  29.  Carl McColman, The Complete Idiot's Guide to Celtic Wisdom, pp 31–34, Alpha Books, 2003, (ISBN 0-02-864417-4),  (ISBN 978-0-02-864417-2, lire en ligne [archive])
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  37.  (it) M. Guidetti, Storia del Mediterraneo nell'antichità IX-I secolo a.C. (lire en ligne [archive]), p. 141.
  38.  Épisode relaté dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules.
  39.  a et b (en) Henri Hubert, The Rise of the Celts, 1934.
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  43.  Connaître l'histoire de France.
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  47.  (en) Raimund Karl (de), « Iron Age chariots and medieval texts: a step too far in "breaking down boundaries"? », e-Keltoi: Journal of Interdisciplinary Celtic Studies, vol. 5,‎ , p. 1-29 (lire en ligne [archive]).
  48.  a et b H. Iglesias, « Toponymes portugais, galiciens, asturiens et pyrénéens : affinités et problèmes historico-linguistiques », Nouvelle revue d'onomastique,‎ , p. 105-151 (lire en ligne [archive]).
  49.  (de) Putzger, Historischer Weltatlas, 1977 (51e éd.), « Ausbreitung des Keltentums », p. 18.I.
  50.  (de) A. Konstam, Die Kelten: Von der Hallstatt-Kultur bis zur Gegenwart, Vienne, Tosa, , 192 p. (ISBN 3-85492-244-2, présentation en ligne [archive]).
  51.  (it) Gli Indoeuropei e le origini dell'Europa, p. 446, traduit de (es) Los Indoeuropeos y los origenes de Europa.
  52.  Garcia 2006.
  53.  (es) B. D. Santana, « Una revisión historiográfica de la investigación protohistórica de Galicia », Arqueoweb, vol. 4, no 1,‎  (lire en ligne [archive]).
  54.  Graves-Brown, Jones et Gamble 1996.
  55.  Venceslas Kruta, « La formation de l'Europe celtique - état de la question] », Revista de Guimarães, vol. especial I, 1999, p. 51-85 - voir p. 5 et 11 du .pdf [archive].
  56.  P.-Y. Milcent, « Premier âge du Fer médio-atlantique et genèse multipolaire des cultures matérielles laténiennes », dans D. Vitali, Celtes et Gaulois, l'archéologie face à l'Histoire : la préhistoire des Celtes, Actes de la table ronde de Bologne-Monterenzio, mai 2005, Glux-en-Glenne, Bibracte 2(12)(lire en ligne [archive]), p. 81-105.
  57.  Voir Felsina (ville étrusque).
  58.  Voir Histoire de Mantoue.
  59.  Jean Gagé, « Arruns de Clusium et l'appel aux Gaulois (?). À propos d'une tradition haruspicinale sur la vigne et l'olivier », Revue de l'histoire des religions, no 143, 1953, p. 170-208 [archive] (voir p. 170).
  60.  (en) B. G. Niebuhr, The Great Events by Famous Historians, vol. 2 : Brennus Burns Rome [archive].
  61.  Jean-Jacques Prado, L'invasion de la Méditerranée par les peuples de l'Océan : xiiie siècle avant Jésus-Christ, L'Harmattan, , p. 212.
  62.  « Milan » [archive], sur Larousse en ligne (section « La ville antique »).
  63.  (en) Marcel Le Glay, Jean-Louis Voisin et Yann Le Bohec, A History of Rome (lire en ligne [archive]), p. 6.
  64.  (it) Sergio Villa, « Storici ticinesi sulle tracce di Melpum », Storia in Martesana, vol. 1,‎ , p. 1-3 (lire en ligne [archive]).
  65.  Jean Chaline, Généalogie et génétique – la saga de l'humanité : migrations, climats et archéologie, Paris, Ellipses, , p. 254.
  66.  « L'un des plus importants mouvements migratoires serait celui des proto-Indo-Européens caractérisés par les haplogroupes de l'ADN-Y R1a et R1b provenant des peuples des steppes pontiques et asiatiques utilisant des sépultures recouvertes de tumulus, les kourganes », Chaline 2014, p. 307.
  67.  (en) « R1a and R1b are the most common haplogroups in many European populations today, and our results suggest that they spread into Europe from the East after 3,000 BCE. », Haak et al., « Massive migration from the steppe was a source for Indo-European languages in Europe », Nature, vol. 522,‎ , p. 207-211 (DOI 10.1038/nature14317).
  68.  (en) Tibor Fehér, « A short essay about the U-152 Haplogroup » [archive], sur kerchner.com/r1bu152project, .
  69.  (en) Brian McEvoy, Martin Richards, Peter Forster (en) et Daniel G. Bradley, « The longue durée of genetic ancestry: multiple genetic marker systems and Celtic origins on the Atlantic facade of Europe », Am. J. Hum. Genet., vol. 75, no 4,‎ , p. 693-702 (lire en ligne [archive]).
  70.  (en) Simon James (en), The Atlantic Celts: Ancient People or Modern Invention, Londres, British Museum Press,  (lire en ligne [archive]).
  71.  « Sur la piste des Bituriges » [archive], sur le blog chezdidier.org.
  72.  (en) « Romans, Alpine Celts and Belgae : close cousins? » [archive], sur eupedia.com.
  73.  (en) David K. Faux, « A Genetic Signal of Central European Celtic Ancestry: Preliminary Research Concerning Y-Chromosome Marker U152 » [archive], sur davidkfaux.org.
  74.  Jannick Ricard, Qu'est-ce qu'un guerrier gaulois ?, conférence à la Cité des sciences et de l'industrie, 14 février 2012.
  75.  a, b, c, d, e et f Philippe Jouët, L’Aurore celtique dans la mythologie, l'épopée et les traditions, Yoran embanner, Fouesnant, 2007, (ISBN 978-2-914855-33-4), p.42 et suiv.
  76.  Demoule 2015, p. 495.
  77.  a, b, c, d, e, f, g, h et i Philippe Jouët, L’Aurore celtique dans la mythologie, l'épopée et les traditions, Yoran embanner, Fouesnant, 2007, (ISBN 978-2-914855-33-4), p.22 et suiv.
  78.  Le Roux et Guyonvarc'h 1986, section glossaire, p. 414, sont catégoriques : « La tradition celtique ne contient aucune trace d'une croyance à la réincarnation. ».
  79.  G. Pinault, r Yezh revue, no 46, décembre 1965, p. 23 et suivantes.
  80.  Voir Le Roux et Guyonvarc'h 1995.
  81.  Demoule 2015, p. 103.
  82.  Celui-ci utilise également des arguments nationalistes.
  83.  Demoule 2015, p. 115.
  84.  Les auteurs grecs et romains ont été frappés par l'apparence physique des Celtes, ce qui explique cette expression sous la plume de Georg Kraft (de).
  85.  Olivier 2012, p. 156.
  86.  « Répartition géographique des haplogroupes européens » [archive], sur eupedia.com.
  87.  Barry Cunliffe (en), Les Celtes, Infolio, 2006 (ISBN 978-2-88474-217-7).
  88.  Venceslas Kruta, L'Europe avant les Celtes [archive].
  89.  (en) John Collis (en), The Celts: Origins, Myths and Inventions, Stroud, Tempus Publishing, 2003.
  90.  Collis 1994.
  91.  « Une nouvelle vision de l'origine des Celtes » [archive], sur MyScienceWork.
  92.  a et b Brunaux 2014.
  93.  Cité par Brunaux 2014.
  94.  Claude Sterckx, Mythologies du monde celte, 2014, chap. Les représentations du monde celte, livre numérique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

 

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Germains

 
 
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Thing germanique (assemblée de gouvernement), d'après un relief de la colonne de Marc-Aurèle, 193 ap. J.-C.

Les peuples germaniques ou Germains (du latin germanus, d'étymologie incertaine) sont des ethnies indo-européennes originellement établies en Europe septentrionale.

Leur protohistoire se situe dans les territoires connus sous le nom de Germanie (latin Germania), de Thulé (terme grec désignant probablement la Scandinavie ou le Nord de l'Allemagne), ou encore sur les rives de la mer Noire (voir notamment l'article Goths).

Mieux connus dans le monde latin à partir du ier siècle, principalement à travers l'œuvre de l'historien Tacite, l'expansion originelle des Germains est attestée à l'âge du bronze danois. C'est à cette période que la linguistique fait remonter la différenciation linguistique en trois grands groupes : Germains orientaux, Germains occidentaux et Germains septentrionaux. Cette communauté linguistique est constitutive du paradigme de « Germains ».

 

 

Physionomie[modifier | modifier le code]

Différents auteurs décrivent l'aspect et les caractéristiques physiques des Germains tel leurs contemporains Tacite, Suétone, et Sénèque.

« IV. Du reste je me range à l'avis de ceux qui pensent que le sang des Germains ne fut jamais altéré par des mariages étrangers, que c'est une race pure, sans mélange, et qui ne ressemble qu'à elle-même. De là cet air de famille qu'on remarque dans cette immense multitude d'hommes : des yeux bleus et farouches ; des cheveux roux ; des corps d'une haute stature et vigoureux pour un premier effort, mais peu capables de travail et de fatigues, et, par un double effet du sol et du climat, résistant aussi mal à la soif et à la chaleur qu'ils supportent facilement le froid et la faim.1,2 »

– Tacite, Germanie

« XI. 1. Quant aux premiers occupants de l'île, on ne peut savoir avec certitude, comme toujours dans le cas de peuples barbares, s'ils s'agit d'autochtones ou s'ils sont venus d'ailleurs. 2. Les Bretons présentent plusieurs types physiques, ce qui permet d'étayer autant d'hypothèses. Par exemple, les cheveux roux des Calédoniens et leurs membres allongés attestent une origine germanique. Basanés et souvent crépus, les Silures, dont le territoire est opposé à l'Espagne, donnent à penser qu'autrefois des Ibères ont traversé la mer et se sont fixés sur leurs terres. Ceux qui vivent le plus près de la Gaule ressemblent à ses habitants : soit l'origine ethnique reste marquante, soit le climat a conditionné le type humain dans ces régions qui se font face. 3. En examinant la question dans ses grandes lignes, on peut, malgré tout, concevoir que des Gaulois ont occupé l'île du fait de sa proximité : 4. On peut y retrouver les rites et les croyances religieuses propres à la Gaule ; la langue n'est pas très différente ; aussi téméraires que les Gaulois, les Bretons aiment prendre des risques, mais devant le danger ils paniquent tout autant et fuient. Toutefois, on trouvera plus combatifs les Bretons qu'une pacification de longue date n'a pas encore amadoués. Nous savons que les Gaulois, eux aussi, étaient de brillants guerriers. Par la suite, la paix les rendit nonchalants, car ils avaient perdu leur bravoure avec leur liberté. 5. Il en va de même pour les Bretons vaincus de longue date, alors que tous les autres sont encore comme les Gaulois d'autrefois3 »

– Tacite, Agricola

« (1) Occupé ensuite du soin de son triomphe, il ne se contenta pas d'emmener les prisonniers et les transfuges barbares, il choisit les Gaulois de la taille la plus haute, et, comme il le disait, la plus triomphale, quelques-uns même des plus illustres familles, et les réserva pour le cortège. Il les obligea non seulement à se rougir les cheveux, mais encore à apprendre la langue des Germains et à prendre des noms barbares. (2) Il fit transporter, en grande partie par la voie de terre, à Rome, les galères qui lui avaient servi sur l'Océan. (3) Il écrivit à ses intendants de lui préparer son triomphe avec le moins de frais possible, et néanmoins de le faire tel que jamais on n'en eût vu de pareil, puisqu'ils avaient le droit de disposer des biens de tout le monde4. »

– Suétone, Vie des douze Césars

« XXVI. Je ne puis, dis-tu, m'y résigner : souffrir une injure est trop pénible. » Mensonge que cela : qui donc ne peut souffrir l'injure, s'il souffre le joug de la colère ? Ajoute qu'en agissant ainsi, tu supportes l'une et l'autre. Pourquoi tolères-tu les emportements d'un malade, et les propos d'un frénétique, et les coups d'un enfant ? C'est, n'est-ce pas, qu'ils te paraissent ne savoir ce qu'ils font.Qu'importe quelle misère morale nous aveugle ? L'aveuglement commun est l'excuse de tous. — Quoi ! l'offenseur sera impuni ? — Non ; quand tu le voudrais, il ne le sera pas. Car la plus grande, punition du mal, c'est de l'avoir fait ; et la plus rigoureuse vengeance, c'est d'être livré au supplice du repentir. Enfin il faut avoir égard à la condition des choses d'ici-bas pour en juger tous les accidents avec équité ; et ce serait juger bien mal que de reprocher aux individus les torts de l'espèce. Un teint noir ne singularise point l'homme en Éthiopie, non plus qu'une chevelure rousse et rassemblée en tresse ne messied au guerrier germain. Tu ne trouveras étrange ou inconvenant chez personne ce qui est le cachet de sa race. Chacun des exemples que je cite n'a pour lui que l'habitude d'une contrée, d'un coin de la terre ; vois donc combien il est plus juste encore de faire grâce à des imperfections qui sont celles de l'humanité. Nous sommes tous inconsidérés et imprévoyants, tous irrésolus, portés à la plainte, ambitieux. Pourquoi déguiser sous des termes adoucis la plaie universelle ? Nous sommes tous méchants. Oui, quoi qu'on blâme chez autrui, chacun le retrouve en son propre cœur. Pourquoi noter la pâleur de l'un, la maigreur de l'autre ? La peste est chez tous. Soyons donc entre nous plus tolérants : méchants, nous vivons parmi nos pareils. Une seule chose peut nous rendre la paix : c'est un traité d'indulgence mutuelle. Cet homme m'a offensé, et ma revanche est encore à venir ; mais un autre peut-être l'a été par toi, ou le sera un jour.5 »

– Sénèque, De la colère

Origines[modifier | modifier le code]

 

Foyer proto-germanique, Ier âge du fer : groupe nordique au nord (rouge) et la culture de Jastorf au sud (magenta).

L'origine des peuples germaniques étant probablement liée à la culture rubanée et à la culture de la céramique cordée, c'est à partir de l'âge du bronze danois, d'après l'archéologie allemande et scandinave, que des cultures du Sud de la Scandinavie se diffusent progressivement vers le sud. Elles se répandent dans la grande plaine européenne, pour gagner au début du second âge du fer (v. 500 av. J.-C.) les franges du monde celtique (civilisation de La Tène) : le Rhin inférieur, la Thuringe et la basse Silésie. Il est courant d'attribuer un caractère germanique à la culture de Jastorf (Sud du Danemark et Nord de l'Allemagne) bien que l'espace recouvert par cette culture ne corresponde pas nécessairement à des frontières linguistiques6.

Au phénomène de diffusion correspondraient probablement le bon accès au fer en Scandinavie et un climat refroidissant. Il est possible qu'une expansion démographique y contribua également, engendrant un peuplement nouveau de régions jusque-là presque vides d'hommes. Les Grecs ou les Romains n'en ont laissé aucun témoignage écrit. En effet, ils n'avaient aucun contact direct avec les Germains, puisqu'ils en étaient séparés par les Celtes. Les Germains sont cependant souvent confondus avec les Celtes par les historiens de l'Antiquité, ce qui fait dire que l'ancien nom des Germains pouvait être celui des Celtes, les Germains n'ayant été mentionnés que tardivement7. En tous cas, à partir du iiie siècle av. J.-C., a lieu une période de formation de peuples qui s'achève quand les Germains entrent dans l'Histoire.

Contextualisation[modifier | modifier le code]

Alors que la tradition historiographique française confine les peuples germaniques à des tribus inconnues réfugiées dans des forêts humides au-delà du limes en Germanie (jusqu'à l'Antiquité tardive), puis à l'emploi systématisé du terme barbare lors du haut Moyen Âge, il est possible de décrire une civilisation germanique unifiant les traits des anciens peuples d’Europe du Nord précédant leur christianisation.

Cette description n'a donc de sens que dans la situation de l'âge du fer germanique, antérieur à l'âge des Vikings selon les découpes de l'historiographie anglo-saxonne. Compte tenu des trajets des peuples, les Germains de la mer du Nord émanent d'une culture scandinave à compter du iie siècle, identique à celle des futurs conquérants Vikings.

Des découvertes récentes réalisées depuis les cinquante dernières années et prises en charge par des universités allemandes dans les sections archéologiques permettent d'en révéler les traits, ce qui bouscule la manière dont cette civilisation était présentée jusqu'alors à partir des chroniques rédigées par ceux que ces peuples avaient envahis8.

 

Les divers peuples germaniques migrent progressivement sur les territoires des Celtes et entrent en contact avec les Romains, qui nomment cette terre la Germanie (d'après Tacite). Cette carte compare chronologiquement leur expansion, jusqu'en 300, avec celle de l'Empire romain, jusqu'en 117.

Le contexte de ce paragraphe est donc chronologiquement du iie au ve siècle apr. J.-C. ; il commence par l'arrivée de peuples en Germanie provenant de Scandinavie ou d'îles hypothétiquement originelles (Bornholm, Gotland) situées en mer Baltique. Géographiquement, il comprend la Germanie connue des Romains étendue jusqu'à la Pologne et les limites primitives de la Russie historique (Novgorod était connue des Svears9, voire fut développée par eux).

Leurs emplacements en Germanie sont aujourd'hui reconstitués par le relevé des cultures archéologiques, travail plutôt ardu attendu que les traces d'une hutte en bois et pierres ne permettent pas de distinguer si elle fut bâtie par des Burgondes ou des Alamans. On peut éventuellement parler de protohistoire pour décrire leurs implantations précédant leur contact avec la civilisation romaine, dans la mesure où après 325 les annalistes de Rome n'ont plus d'éléments pour les relater dans leurs écrits.

La dynamique d'expansion du monde latin sous l'égide de l'Empire n'a pas fonctionné pour ces peuples, là où elle avait marché pour les Celtibères et les Gaulois, pour ne citer qu'eux ; les provinces taillées au-delà des frontières naturelles que forment le Rhin et le Danube telles que la Rhétie ne se sont pas stabilisées et ont été régulièrement ravagées.

Le nom des Germains[modifier | modifier le code]

L'origine du nom des Germains a toujours divisé les spécialistes, et la question n'est pas résolue à ce jour. Une seule chose semble sûre : c'est en latin que le mot apparaît pour la première fois, sous le stylet de César10, lorsque ce dernier évoque, au tout début de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, les différents peuples d'Europe occidentale en 58 av. J.-C. : « Les Belges sont les plus braves de tous ces peuples, parce qu'ils restent tout à fait étrangers à la politesse et à la civilisation de la province romaine, et que les marchands, allant rarement chez eux, ne leur portent point ce qui contribue à énerver le courage : d'ailleurs, voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin, ils sont continuellement en guerre avec eux.»11. Ce nom est repris sous la même forme dans le traité que Tacite consacra aux Germains vers l'an 98, De Origine et Situ Germanorum (La Germanie). César crée également le concept géographique de Germania6.

Comme le font justement remarquer les auteurs du Chambers Dictionary of Etymology12, les peuples germaniques eux-mêmes n’ont jamais employé à date ancienne le nom de Germani pour s’auto-désigner (ce terme, avant d’être emprunté par d’autres langues, ne se rencontre qu’en latin) : ils ont généralement utilisé pour ce faire le produit du germanique commun *þeudiskaz « du peuple », adjectif formé sur *þeudō « peuple », lui-même issu de l’indo-européen *teut-eh₂- « tribu » : de ce terme procèdent, par exemple, l’allemand deutsch « allemand », le néerlandais Duits « allemand », Diets « néerlandais médiéval » et le gotique þiudiskō « païen »13,14,15. Il est aussi indirectement à l’origine de l’ancien français tieis, tiois (féminin tiesche), qui a désigné de manière générale toute personne ou tout peuple de langue germanique16,17, ainsi que du français tudesque et de l'italien tedesco « allemand », par l’intermédiaire du latin médiéval theudiscus18. Le germanique commun *ϸeudō « peuple » est par ailleurs apparenté au dérivé *ϸeudanōz (de l’indo-européen *teutonōs « ceux de la tribu »), nom tribal passé en celtique puis latinisé en Teutoni. Le français en a tiré le nom des Teutons et l’adjectif teutonique, souvent employé par le passé (comme en anglais, d’ailleurs) au sens de « germanique »13,14,15. La forme singulière de ce mot en indo-européen, *teutonos, « celui de la tribu », est en outre à l'origine du mot gotique *ϸiudans « roi », littéralement « (chef) de la tribu », par l'intermédiaire du germanique commun *ϸeudanaz19.

L'hypothèse germanique[modifier | modifier le code]

La plupart des spécialistes actuels rejettent implicitement une étymologie germanique du mot latin Germanus. Ils font état, selon les cas, soit d'une origine inconnue12,20 ou du moins très controversée21,22, soit d'une étymologie celtique ou latine. Néanmoins, il a été fait par le passé diverses tentatives dans ce sens, en dépit du fait que le nom ait été inconnu des langues germaniques à date ancienne.

La plus fréquente consiste à y voir un composé des éléments germaniques gair- > gēr- « lance » et man « homme », qui fait du Germain un « homme à la lance ». Cette étymologie populaire est au mieux qualifiée de « traditionnelle » dans les ouvrages de référence23. Elle est formellement infirmée par la phonétique : en effet, la première attestation connue du nom des Germani datant du ier siècle av. J.-C., sa création se situerait nécessairement à l'époque du germanique commun, où le mot pour « lance », *gaizaz, a encore sa diphtongue ai qui n'évoluera en ē que bien plus tard. Il ne peut en aucun cas être transcrit par Ger- à cette date24,25,26,27. André Cherpillod28 rapporte également diverses interprétations hautement fantaisistes telles que ger-man « main avide » ou encore « chef des hommes »29, mentionnées ici pour mémoire seulement.

L'hypothèse celtique[modifier | modifier le code]

L'idée que César, en citant les Germānī, ne fait que reprendre un terme employé par les Gaulois pour désigner leurs voisins les Germains cisrhénans (terme ensuite appliqué à l'ensemble des peuples de langue germanique) a séduit plusieurs auteurs. C'est l'explication que l'on voit le plus régulièrement évoquée, parfois en alternance avec la suivante, dans bon nombre de dictionnaires étymologiques. Il est à noter cependant qu'elle n'est pas envisagée par la majorité des spécialistes du gaulois30,31,32,33,34.

Dans la plupart des cas, le mot est rapproché avec prudence du vieil irlandais gair « voisin » + maon, man « peuple »35,29,36,23 : avec prudence, car l'équivalent de ces mots n'est pas attesté en gaulois34. Dans cette hypothèse, les Gaulois auraient nommé leurs voisins germaniques de la rive droite du Rhin de la manière la plus simple qui soit : « les hommes voisins, le peuple voisin ». Le nom des Germānī a également été interprété, toujours de manière hypothétique, par « ceux qui crient », « les hurleurs », étymologie suggérée par le vieil irlandais gáirm et le gallois garm « crier, hurler »37. Dans ce second cas, le terme est bien attesté en gaulois par le radical garo- et le substantif garman « cri »38. Cependant, ces deux explications sont réfutées de manière assez convaincante par le Chambers Dictionary of Etymology12 pour des raisons phonétiques (quantité des voyelles ; évolution des groupes consonantiques). Les auteurs de cet ouvrage considèrent plus prudent de laisser Germānī inexpliqué.

L'hypothèse latine[modifier | modifier le code]

La solution alternative consiste à penser que Jules César, en parlant des Germānī, a tout simplement employé le mot latin germanus, dont les sens sont multiples : « naturel, vrai, authentique ; de la (même) race », et aussi « germain, de frère germain », puis « frère ». Dans cette optique, César décide d'appeler Gallia et Germania deux régions qu'il sépare plus ou moins arbitrairement par le Rhin, ainsi que l'a présenté par exemple Christian Goudineau39. Étant donné qu'aux yeux du proconsul, il n'y avait pas de différence fondamentale entre Germānī et Galli (sinon, pour ces derniers, un contact plus poussé avec la civilisation romaine), certains auteurs ont choisi d'interpréter le nom des Germains par « (le peuple) frère »37,40.

Une analyse différente, proposée entre autres par Louis Deroy et Marianne Mulon41, s'appuie sur le fait que ces derniers, plus belliqueux et réfractaires, étaient restés davantage à l'écart de la civilisation méditerranéenne, et donc fidèles à leurs propres origines : de ce point de vue, les Germains étaient « les vrais », « les authentiques », « les naturels »42, par opposition aux Gaulois déjà partiellement colonisés et romanisés. Les auteurs mettent ce sens de l'adjectif germanus en parallèle avec son emploi chez divers écrivains latins, tels que Plaute évoquant les femmes ex germana Græcia43, « de la Grèce propre » (et non de l'une de ses colonies), ou encore Cicéron parlant de illi veteres germanique Campani44, « ces anciens et authentiques Campaniens »41. Si cette dernière explication ne fait pas plus l'unanimité que les autres, elle a l'avantage de ne poser aucun problème phonétique.

Les principales branches des Peuples germaniques[modifier | modifier le code]

Les peuples germaniques sont divisés en deux ou trois branches principales[précision nécessaire], selon la période considérée et pour des raisons ethnolinguistiques :

  • le rameau nordique ou Scandinaves ;
  • le rameau westique ou Germains occidentaux ;
  • le rameau ostique ou Germains orientaux.

Leur population est estimée de 1 à 4 millions d'individus[Quand ?]. Les tribus sont indépendantes les unes des autres et il n'y a pas d'unité politique.

Voici une liste de ces principaux peuples, ainsi que les dates auxquelles leur existence est connue par les sources historiques.

Germains septentrionaux ou Scandinaves[modifier | modifier le code]

Dans l'état actuel des connaissances, il est admis que des populations habituellement qualifiées de « germaniques » formèrent le premier peuplement du Sud de la Scandinavie à l'âge du bronze, tandis que le Nord de celle-ci (majeure partie de la Suède, de la Norvège et la Finlande) était peuplé de Finnois (voir Lapons). Toutefois, le rattachement des premiers Scandinaves aux « Germains », terme qui ne les engloba jamais, doit beaucoup a posteriori aux historiographies nationales à caractère mythologique du haut Moyen Âge et à l'historiographie allemande du xixe siècle. Aussi, le qualificatif de « scandinaves », plus précis et moins connoté, est plus adapté pour ces populations.

Germains occidentaux[modifier | modifier le code]

Paradoxalement, ce sont ceux dont la préhistoire et la protohistoire sont les moins bien connues à cause des mouvements de populations dont il a été question précédemment et des brassages de populations que ces mouvements entraînèrent à la lisière du monde romain. En raison de leur diversité, les Germains occidentaux sont subdivisés en trois sous-groupes par les linguistes : les Germains de Rhénanie (établis entre le Rhin et le Weser), les Germains de l'Elbe et les Germains de la mer du Nord. Les principales sources dont nous disposons sur ces peuples sont les sources romaines, notamment l'œuvre à caractère ethnographique de Tacite (La Germanie) et les écrits de Pline l'Ancien.

  • Germains de Rhénanie : Chérusques, Bataves, Bructères, Chamaves, Hattuaires, Chattes, Ubiens, Sicambres, Ampsivariens, etc.
    • Certains de ces Germains formèrent au début de l'ère chrétienne une confédération de peuples importante pour l'histoire du haut Moyen Âge : les Francs (franci, à l'étymologie incertaine : les « hardis, vaillants » ou « hommes libres »). Les Saliens, une partie de ceux-ci, servirent comme auxiliaires de Rome sans être réellement soumis à l'Empire au ve siècle. Depuis les provinces de Belgique première et seconde, où certains de leurs « rois » avaient un commandement militaire (dux), ils constituèrent ensuite un royaume qui s'étendit au vie siècle sur la majeure partie des Gaules.
    • D'autres, les Marcomans, alors établis en Bohême, prirent le nom de Bavarois (Baio-warii : les légataires des Celtes Boïens), à une date indéterminée. Ils franchirent le Danube sur son cours moyen vers la fin du ve siècle et furent successivement soumis aux Alamans, aux Ostrogoths, puis aux Francs avant de gagner leur indépendance à la fin du viie siècle.
  • Germains de l'Elbe : Marcomans, Quades, Hermundures ou Hermondures, et Lombards.
    • Certains de ces Germains, notamment des Quades et des Marcomans désignés sous le nom de Suèves (« Souabes »), prirent part à l'invasion de la Gaule aux côtés des Vandales et des Alains, en 406  409, avant de gagner la péninsule Ibérique et de s'établir en Galice.
    • D'autres, demeurés au-delà de la frontière romaine dans les Champs Décumates, entre Danube et Rhin supérieurs, formèrent la ligue des Alamans (Allmannen : « tous les hommes »), mentionnée pour la première fois au début du iiie siècle. Cette ligue étendit considérablement son territoire au ve siècle, après la destruction de l'empire des Huns ; les Alamans se heurtèrent ensuite aux Francs et furent vaincus à plusieurs reprises, notamment lors de la bataille de Tolbiac, en 496. Placés sous protectorat franc, ils se révoltèrent en vain avant de disparaître en tant que nation à la suite d'une dernière défaite en 746 et au massacre de Cannstatt.
  • Germains de la mer du Nord : Chauques, Angles, Jutes, Warnes, Frisons et Saxons.
    • Certaines de ces tribus, notamment des Angles et des Warnes se regroupèrent au ive siècle pour former la ligue des Thuringes. Établis entre l'Elbe et le Main au début du ve siècle, ils furent soumis au protectorat des Huns avant de créer un éphémère royaume en Germanie intérieure, une fois émancipés de la domination de ces derniers (ap. 453) ; se heurtant aux Francs au début du vie siècle, ils disparurent en tant que nation avant la fin du viie siècle.
    • D'autres s'établirent dans l'île de Bretagne à partir du premier tiers du ve siècle ; ils y fondèrent les royaumes anglo-saxons durant le haut Moyen Âge avant de donner naissance à la nation anglaise, principalement au contact des autres peuples de l'île, entre le viie siècle et le xe siècle (voir Anglo-Saxons).

Germains orientaux[modifier | modifier le code]

Il s'agit du groupe le plus homogène qui réunit les peuples qui conservèrent le mieux leur culture, leur langue et leur unicité durant le Moyen Âge. Des histoires ou Historiæ à caractère ethnique rédigées durant cette période nous renseignent sur les origines de certains d'entre eux, tandis que d'autres disparurent précocement. Il est communément admis que ces Germains, ou du moins une partie d'entre eux, sont originaires de Scandinavie. Il semble que dans les sources antiques le terme de Germani n'ait jamais été appliqué aux Germains orientaux6.

Données géographiques, linguistiques et culturelles[modifier | modifier le code]

D’après Régis Boyer, les Germains ont un alphabet en partie fondé sur le latin, souvent utilisé pour des offices religieux ou sur les armes.

Description de la civilisation germanique[modifier | modifier le code]

Gouvernement[modifier | modifier le code]

Il est propre à chaque peuple. Il n'y a pas d'administration, éventuellement un conseil des sages sur le mode scandinave, mais cette assertion provient plus d'une déduction propre à l'origine de certains des peuples.

La manière d'élire les chefs des tribus et peuples est très différente de celle issue de l'Empire romain, et forme la base des futures structures monarchiques et de l'aristocratie en expérience lors du haut Moyen Âge qui va s'ouvrir. La transmission héréditaire d'un titre n'est absolument pas un trait identifié à ce moment, ceci relevant vraisemblablement d'une construction ultérieure par dévoiement des titres de l'administration romaine.

Il n'y a pas à proprement parler de roi avant l'existence des premiers royaumes sédentaires.

Les chefs conduisent leur peuple (lire dux) parce qu'ils sont les plus aptes (braves) pour le faire, et reconnus par l'aristocratie dominante de ce peuple.

Droit germanique[modifier | modifier le code]

C'est un droit de tradition orale sur le mode scandinave, propre à l'identité de chaque peuple.

Dans les royaumes sédentarisés du ve siècle, il fusionne peu à peu avec certains concepts du droit romain en passant par des édits rédigés et s'inspirant du Code théodosien (lire droit des royaumes barbares).

Structure sociale[modifier | modifier le code]

Les sociétés germaniques, jusqu'à la période des Grandes Invasions, ont une structure sociale assez souple. Les rois, les chefs de guerre, les prêtres n'ont qu'un pouvoir de circonstance fondé sur le consensus. L'instance supérieure est l'assemblée des hommes libres, autour d'un sanctuaire commun, où les décisions se prennent à l'unanimité par acclamations. Le groupe familial est très solidaire et collectivement responsable, notamment pour l'exercice de la vengeance et le paiement du wergeld (prix du sang).

La coutume reconnaît une stratification hiérarchique fondée sur la liberté : les nobles (vx. sax. aðali) (ceux qui, probablement, fournissent les rois et les chefs de guerre), les simples hommes libres (baro), les lètes (m. nl. læt, anc. fr. culvert) (affranchis ou demi-affranchis) et les serfs (vx. h. all. dio). Le tarif du wergeld et les autres pénalités sont déterminés en fonction du rang social. Les esclaves n'ont aucune personnalité juridique, ils n'ont ni biens ni liens familiaux et sont une simple propriété de leurs maîtres. Dans les royaumes germaniques du haut Moyen Âge, les rois s'efforcent de maintenir l'identité légale du peuple conquérant, considéré comme la classe guerrière qui élit le roi et l'accompagne au combat. En fait, il y a une fusion sociale progressive entre les descendants des Goths, Burgondes, Lombards, etc., et ceux des peuples conquis.

L'esclavage n'est pas étranger aux sociétés germaniques. En effet, elles distinguaient les personnes libres, semi-libres (peuples conquis) et les esclaves.

Pratiques guerrières[modifier | modifier le code]

Lire armement des Germains.

Agriculture[modifier | modifier le code]

Les Germains sont principalement des agriculteurs sédentaires, à bien distinguer des nomades des steppes avec qui ils sont en contact. Ils pratiquent une agriculture extensive avec de longues jachères, qui leur permettent d'entretenir un bétail nombreux. En plus de l'agriculture, il y a des artisans tels que forgerons, potiers et charpentiers. Les dialectes germaniques ont deux mots pour désigner la roue, connue depuis les temps indo-européens. Les Germains ne connaissent pas l'argent, le commerce est limité à l'échange de produits naturels. Le bien principal est constitué comme pour les Romains par le bétail. Ainsi la signification du mot anglais fee « frais (à payer) » provient précisément du vieil anglais feoh « bovins ; biens meubles ».

Parmi les cultures, l'orge tient un rôle particulier. Diverses espèces de blé, de seigle, d'avoine et de millet le complètent selon des différences régionales. Surtout sur les côtes de la mer du Nord, la fève a été cultivée. On cultive le petit pois, le lin et le chanvre. L'horticulture est bien exploitée, mais probablement pas l'arboriculture. On cueille les fruits sauvages, les glands, diverses baies (framboises, mûres) et des herbes sauvages telle que la spergule. Le miel des abeilles sauvages est recueilli. L'apiculture dans le sens moderne n'existe pas encore. Les Germains réalisent certains progrès techniques comme la culture du seigle, mieux adapté que le blé aux climats frais.

Sont élevés principalement les bovins, également les moutons, les porcs, les chèvres et de la volaille, ainsi que les chevaux, les chiens et les chats. Les Germains savent comment fabriquer du fromage. Les langues germaniques ont un mot pour le fromage à pâte fraîche, non-affiné, qui survit dans les langues nordiques ; cf. suéd. ost « fromage ». Pour le fromage affiné, à pâte dure, ils ont emprunté le mot latin cāseus ; cf. néerl. kaas, all. Käse « fromage ».

L'araire est connu depuis l'avent de l'agriculture ; la charrue est d'usage sporadique à la veille des migrations. De même, la herse est connue ainsi que la bêche, la houe, le râteau, la faucille et la faux. Ils laissent les terres en jachère régulièrement connaissant les avantages de la fertilisation. Le grain est mangé principalement sous la forme de bouillie, le pain étant réservé à la classe supérieure jusqu'au Moyen Âge.

La productivité est significativement plus faible que chez les Romains. Il y a des famines et de nombreux Germains souffrent de malnutrition, résultant en une espérance de vie considérablement réduite. L'état de santé des Germains est souvent médiocre ; les troubles articulaires et les troubles de disques intervertébraux sont monnaie courante.

Tacite nous apprend que chaque tribu créent autour d'elle de vastes espaces déserts, afin d'assurer sa propre sécurité.

Artisanat et industrie[modifier | modifier le code]

Le traitement du cuir est le fait des hommes, tandis que les textiles (filature et tissage) sont produits par les femmes. Les manufactures ne dépassent habituellement pas le stade local. Inversement, les objets de luxe romain peuvent être trouvés partout sur le territoire germanique. Sont exportés ambre, fourrures et les cheveux des femmes blonde très appréciés par les femmes romaines. La monnaie romaine est en possession de beaucoup, mais elle ne sert pas pour des transactions.

Selon les dernières découvertes, dans le voisinage de l'actuelle Berlin, une sorte de métallurgie est déjà développée. L'acier produit devait être de grande qualité et a été principalement exporté vers l'Empire romain. La construction navale (Hjortspring, bateau de Nydam…) est déjà très développée.

Religion germanique primitive[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Mythologie germanique.

Du point de vue religieux, la connaissance de leur paganisme est réduite. Elle ne vient que de Jules César et de Tacite45. Le paganisme norrois des années 1000 est connu, mais il a probablement évolué dans le temps. Certains se sont convertis avant même d'avoir été en contact avec les Romains. Le chamanisme et les pratiques divinatoires sont le fait de certaines femmes, les völvas.

Jules César réduit la religion des Germains au culte des éléments naturels, mais c'est plutôt une vision philosophique. Tacite a une information plus précise, et certains éléments, comme les sacrifices humains dans les marécages, sont confirmés par l'archéologie. Comme dans d'autres religions indo-européennes, elle est polythéiste, avec une complémentarité entre les divinités chtoniennes (Nerthus/Erda, la Terre) et les divinités célestes. Celles-ci sont connues par les jours de la semaine, usage romain adopté probablement vers le ive siècle :

Lundi (jour de la lune) = Monday, Montag (même sens) ; mardi (jour de Mars) = Dienstag, Tuesday (jour de Tyr/Tuiston, dieu des assemblées) ; mercredi (jour de Mercure) = Wednesday (jour de Wotan/Woden/Odin, dieu suprême) ; jeudi (jour de Jupiter) = Donnerstag, Thursday (jour de Donner/Thor, dieu de la foudre) ; vendredi (jour de Vénus) = Freitag, Friday (jour de Freya, déesse de l'amour) ; samedi de *sambati dies (hébreu sabbat), anciennement dies Saturni (jour de Saturne) sans équivalent germanique : l'allemand Samstag présente la même mutation phonétique /b/ > /m/ à partir du mot sabbat que le français et l'anglais Saturday est un calque du latin saturni (dies) ; dimanche de dies domenicus, anciennement dies solis (jour du soleil) = Sonntag, Sunday (même sens).

Certaines dynasties royales des Grandes Invasions font remonter leur lignée à Wotan.

Postérité[modifier | modifier le code]

Conquérants de l'Empire romain au ve siècle, les Germains sont « conquis par leur conquête ». Ils adoptent progressivement la religion des vaincus, le christianisme et leur langue écrite, le latin (sauf en Bretagne romaine où les peuples anglo-saxons conservent leurs langues germaniques). Leurs structures politiques et leur droit sont profondément modifiées au contact du modèle romain. L'expansion de l'Empire carolingien vers la Saxe, l'action des missionnaires chrétiens dans les royaumes anglo-saxons puis en Scandinavie, font tomber dans l'oubli une grande partie de la civilisation germanique primitive, sans l'effacer tout à fait.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

  • (de) Bruno Bleckmann, Die Germanen. Von Ariovist zu den Wikingern, Munich, C. H. Beck, 2009, (ISBN 978-3-406-58476-3).
  • Jan de Vries, Die Geistige Welt der Germanen, Halle a.d. Saale: Niemeyer, 1943 (2e éd. 1945, 3e éd. Darmstadt, 1964). Traduction française : L'univers mental des Germains, Paris, éd. du Porte-glaive, 1987. (ISBN 9782906468078).
  • Georges Dumézil, Les Dieux des Germains, essai sur la formation de la religion scandinave, Paris, Presses universitaires de France, 1959.
  • (de) Alberto Jori, Hermann Conring (1606-1681) : Der Begründer der deutschen Rechtsgeschichte, Tübingen, 2006. (ISBN 3-935625-59-6).
  • (de) T. E. Karsten, Die Germanen, eine Einführung in die Geschichte ihrer Sprache und Kultur, Wiesbaden, Marix-Verlag, 2004, nach der Ausgabe Berlin/Leipzig, 1928, (ISBN 3-937715-65-7).
  • (de) Arnulf Krause, Die Geschichte der Germanen, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2005, (ISBN 3-593-36885-4).
  • (de) Ernst Künzl, Die Germanen (Theiss WissenKompakt), Stuttgart, Konrad Theiss, 2006, (ISBN 3-8062-2036-0).
  • Karol Modzelewski, L'Europe des Barbares, Aubier, 2005.
  • (de) Walter Pohl, « Die Germanen », dans Enzyklopädie deutscher Geschichte, 2e éd., t. 57, Munich, 2004, (ISBN 3-486-56755-1).
  • (de) Rudolf Simek, Die Germanen, Stuttgart, Reclam Verlag, 2011, (ISBN 978-3150187722).
  • (de) Herwig Wolfram, Die Germanen, 9e éd., Munich, Beck'sche Reihe, 2009, (ISBN 978-3-406-59004-7).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

  • (en) Malcolm Todd, The early Germans, Malden, Blackwell Publishing, coll. « Peoples of Europe », , 2e éd., 266 p. (ISBN 978-1-4051-1714-2).
  • James Patrick Mallory et Jean-Luc Giribone, À la recherche des Indo-Européens : langue, archéologie, mythe, Paris, Seuil, , 363 p. (ISBN 978-2-02-014390-5).
  • Michel Balard et Jean-Philippe Genêt, Des Barbares à la Renaissance, t. 20, Paris, Hachette, coll. « Initiation à l'Histoire », , 280 p. (ISBN 978-2-010-06274-2).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  « TACITE, MŒURS DES GERMAINS. » [archive], sur remacle.
  2.  Anthony Birley 1937-, Agricola ; and Germany, Oxford University Press, (ISBN 9780199539260, OCLC 496160622, lire en ligne [archive]).
  3.  Tacite, « Agricola - Traduction » [archive], sur bcs.fltr.ucl.ac.be (consulté le 8 mars 2017).
  4.  Suétone, « Vie des douze Césars : Caligula » [archive], sur remacle.org (consulté le8 mars 2017).
  5.  Sénèque, « De la colère : livre III » [archive], sur remacle.org (consulté le 8 mars 2017).
  6.  a, b et c Henri Levavasseur, « Aux origines du monde germanique », Nouvelle Revue d'Histoire, hors-série, no 11H, automne-hiver 2015, p. 36-39.
  7.  Christian Goudineau, « Antiquités nationales ». [archive]
  8.  La Germanie de Tacite en est un ouvrage fondateur, puis les écrits de Grégoire de Tours polissent les Francs et les distinguent des autres présentés comme des barbares, lire aussi Sidoine Apollinaire qui fut manifestement au contact des Burgondes.
  9.  Svears : zone originelle Gamla Uppsala, voir aussi Varègue.
  10.  Certains indices suggèrent cependant que le premier utilisateur du mot pourrait avoir été Posidonios d'Apamée dans son Histoire en 52 livres. La disparition quasi totale de l'œuvre de ce savant grec, rédigée au début du ier siècle av. J.-C., ne permet pas de lui attribuer avec certitude la paternité du terme.
  11.  Jules César, Guerre des Gaules, livre I, 1.
  12.  a, b et c Robert Barnhart (sous la dir. de), Chambers Dictionary of Etymology, Chambers, Edinburgh, 2008 (réimpr. H. W. Wilson, 1988), p. 429a.
  13.  a et b Julius Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, Francke Verlag, Berne, t. 2, 1969, p. 1 080.
  14.  a et b Calvert Watkins, The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Company, Boston, 1985, p. 71a.
  15.  a et b Gerhard Köbler, Indogermanisches Wörterbuch, 3e éd., 2000, p. 221-225.
  16.  Algirdas Julien Greimas, Dictionnaire de l’ancien français, Larousse, Paris, 1980.
  17.  Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du ixe s. au xve s., Bouillon, Paris, 8 vol., 1881-1902 (réimpression Kraus, Vaduz, 1965).
  18.  Paul Robert, Alain Rey, Josette Rey-Debove, Le Petit Robert — Dictionnaire de la langue française, Société du nouveau Littré, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1967.
  19.  Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2003, p. 294.
  20.  Calvert Watkins, The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Company, Boston, 1985.
  21.  Serge Losique, Dictionnaire étymologique des noms de pays et de peuples, Klincksieck, Paris, 1971, p. 106.
  22.  « […] in spite of repeated efforts it still has no accepted etymology », dit Benjamin W. Forston IV au sujet du latin Germani dans Indo-European Language and Culture, Blackwell Publishing, 2004, p. 300.
  23.  a et b John Everett Heath, World Place Names, Oxford University Press, Oxford, 2005, p. 185a.
  24.  Calvert Watkins, The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Company, Boston, 1985, p. 20b.
  25.  Don Ringe, From Proto-Indo-European to Proto-Germanic, Oxford University Press, Oxford, 2006, p. 145 et suiv., § 3.2.7.
  26.  Jay H. Jasanoff, « Germanic (Le Germanique) », dans Langues indo-européennes, sous la direction de Françoise Bader, CNRS Éditions, 1997, p. 262 et suiv.
  27.  Cette étymologie est cependant invoquée par certains ouvrages, contre toute évidence, pour expliquer par exemple le prénom frison German considéré comme un nom germanique; cf. dr J. van der Schaar et dr. Doreen Gerritzen, Voornamen, Prisma woordenboek, Utrecht, 2002, p. 166b.
  28.  Cet auteur n'est pas un linguiste, mais un simple amateur. Ses ouvrages étymologiques ne font que recenser les diverses hypothèses recueillies, malheureusement sans citer aucune source, ni fournir aucune analyse critique des données.
  29.  a et b André Cherpillod, Dictionnaire étymologique des noms géographiques, Masson, Paris, 1986, p. 188.
  30.  Georges Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920.
  31.  Pierre-Henry Billy, Thesaurus Linguæ Gallicæ, Hildesheil / Zürich / New-York, Olms-Wiedmann, 1993.
  32.  Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Errance, Paris, 1997.
  33.  Jacques Lacroix, Les noms d’origine gauloise I, La Gaule des combats, Errance, Paris, 2003.
  34.  a et b Xavier Delamarre, op. cit.
  35.  T. F. Hoad, The concise Oxford dictionary of English etymology, Oxford University Press, Oxford, 1986, p. 192b.
  36.  Alain Rey (sous la dir. de), Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2e éd., 1998, p. 1 582a/b.
  37.  a et b P. A. F. van Veen et Nicoline van der Sijs, Etymologisch woordenboek : De herkomst van onze woorden, Van Dale Lexicografie, Utrecht / Antwerpen, 1997, p. 330a.
  38.  Xavier Delamarre, op. cit., p. 175.
  39.  Christian Goudineau, César et la Gaule, Seuil, collection Points, Paris, 2000 ; Par Toutatis ! que reste-t-il de la Gaule ?, Seuil, L'Avenir du passé, 2002, (ISSN|1631-5510).
  40.  Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Belles lettres, 2005.
  41.  a et b Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire de noms de lieux, Robert, Paris, 1992, p. 194a/b.
  42.  On notera l'emploi, à l'époque coloniale française, de ce même terme de naturels, pour désigner, avec primitifs, natifs, indigènes ou aborigènes, diverses populations autochtones.
  43.  Plaute, Rudens, 737.
  44.  Cicéron, De lege agraria, 2, 97.
  45.  Tacite.

Compléments[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Grecs

 
 

Les Grecs sont :

Sur le plan religieux, le terme a aussi deux significations :

Voir aussi : Noms des Grecs.

Inde

 
 
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Inde (homonymie), Sous-continent indien et Plaque indienne.

République de l'Inde

भारत गणराज्य (hi) Prononciation du titre dans sa version originale Écouter

Republic of India (en)

Drapeau
Drapeau de l'Inde.
Blason
Emblème de l'Inde.
 
 
Devise nationale सत्यमेव जयते (satyameva jayate) (sanskrit : « Seule la vérité triomphe »)
Hymne national Jana Gana Mana
Administration
Forme de l'État République parlementairefédérale
Président Ram Nath Kovind
Premier ministre Narendra Modi
Langues officielles Hindi
Anglais
Ainsi que 21 autres languesNote 1
Capitale New Delhi

28° 34′ N, 77° 07′ E

Géographie
Plus grande ville Mumbai (Bombay)
Superficie totale 3 287 263 km2
(classé 7e)
Superficie en eau 9,5 %
Fuseau horaire UTC + 5:30
Histoire
Indépendance Du Royaume-Uni
Date
 République

Démographie
Gentilé Indien
Population totale(2016) 1 290 750 6811 hab.
(classé 2e)
Densité 380,7 hab./km2
Économie
PIB nominal (2015) en augmentation 2090,706 milliards de $
+2,36%2 (7e/62)
PIB (PPA) (2015) en augmentation 7965,162 milliards de $
+8,41%2 (3e/62)
PIB nominal par hab. (2014) en augmentation 1 626,982 $
+ 7,88 % (145e)
PIB (PPA) par hab.(2014) en augmentation 5 855,306 $
+ 7,32 % (125e)
Dette publique brute (2014) Nominale :
Increase Negative.svg 82 197,64 milliards de ₹
+ 10,56 %
Relative :
Decrease Positive.svg 64,958 % du PIB
-0,87 %
IDH (2014) en augmentation 0,609 (moyen  ; 130e)
Monnaie Roupie indienne (INR​)
Divers
Code ISO 3166-1 IND, IN​
Domaine Internet .in
Indicatif téléphonique +91
Organisations internationales Commonwealth, Mouvement des non-alignés, SAARC, OMC

L'Inde, en forme longue la République de l'Inde (en hindi भारत (Bhārat) et भारत गणराज्य (Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde . Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan à l'ouest, la Chine, le Népal, et le Bhoutan au nord et au nord-est, le Bangladesh et la Birmanie à l'est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-ouest, du Sri Lanka et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1998 après avoir fait des essais officiels.

L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciens du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.C.. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures – l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme – alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. Le pays a été graduellement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au xixe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mahatma Gandhi. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.

En 2017, l'économie indienne est la sixième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considérée comme un nouveau pays industrialisé, cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme, la corruption restent très importants.

L'Inde est un pays très diversifié sur le plan linguistique et religieux.

 

 

Étymologie [modifier | modifier le code]

Article détaillé : Noms de l'Inde.

Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit.

La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata).

Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.

En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.

Histoire[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Histoire de l'Inde.

Antiquité[modifier | modifier le code]

Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans3. Autour de 7000 av. J.C., la première installation néolithique apparait sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan4. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud3 qui existe entre 2500 et 1900 av. J.C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde4. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistances, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle3.

Peintures endommagées d'un homme et d'une femme
 

Peintures dans les Grottes d'Ajanta près d'Aurangabad, Maharashtra, vie siècle

De 2000 à 500 av. J.C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer3. Les Védas, les plus vieux textes de l'hindouisme3, sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange3. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest3. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies3. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat3.

À la fin de la période védique, vers le ve siècle av. J.C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas3. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahavira3. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal3 et toutes deux établissent des monastères3. Politiquement, au cours du iiie siècle av. J.C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire Maurya3. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique3.

La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commerçent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie3. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille3. Au cours des ive et ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants3. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture3. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées3.

Le Moyen Âge indien[modifier | modifier le code]

 

La tour en granit du Temple de Brihadesvara à Tanjavur a été construite en 1010 par Rajaraja Chola Ier.

Le début du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kannauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.

Aux vie et viie siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des viiie et ixe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.

Après le xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions5,6. En repoussant les raids mongols au xiiie siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord5. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara5. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire6 et influence fortement la culture du Sud de l'Inde5.

Les débuts de l'Inde moderne[modifier | modifier le code]

 

Scribes et artistes à la cour moghole, 1590–1595

Au début du xvie siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives5 et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive6, amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé5. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.

Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin6. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture5 et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants5. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le xviie siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde5 et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture5. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs6. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde6.

Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires5.

 

La période coloniale[modifier | modifier le code]

Au début du xviiie siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie anglaise des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes5,6. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes5,6. En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux7, de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam8. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford.

Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde6. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique5. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture5.

 

L'Empire britannique des Indes dans l'édition de 1909 du Imperial Gazetteer of India. Les zones gouvernées directement par les Britanniques sont en rose ; les États princiers sous suzeraineté britannique sont en jaune.

La nomination en 1848 de Lord Dalhousie comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe6. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien: 463 000 balles contre 56 9239, mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.

Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie6. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions6. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien6.

 

Jawaharlal Nehru (gauche), devenu le premier Premier ministre de l'Inde en 1947, et le Mahatma Gandhi (droite), leader du mouvement pour l'Indépendance.

Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du xixe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne6. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines6, réduit les coûts des transports de biens6 et aide à la naissance d'une industrie indienne6. Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole6. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent6. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.

Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan6.

L'Inde indépendante[modifier | modifier le code]

Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique6. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante6. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale6. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale6, par des conflits et violences religieuses ou de caste6, par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire6. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 19716.

Politique[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Politique en Inde.

Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs, l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde10 ».

De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.

Institutions[modifier | modifier le code]

Gouvernement central[modifier | modifier le code]

 

Les bâtiments du Central Secretariat à Delhi, siège du gouvernement indien.

Promulgué le , la Constitution crée la « République d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.

Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.

L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.

La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits humains. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.

États et territoires[modifier | modifier le code]

Article détaillé : États et territoires de l'Inde.
 

États et territoires de l'Inde.

Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.

Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.

Les territoires de l'Union sont au nombre de sept. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, deux d'entre eux, Delhi et Pondichéry, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Chief Minister.

Panchayat raj[modifier | modifier le code]

Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.

En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.

Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).

Contexte politique[modifier | modifier le code]

 

Narendra Modi, Premier ministre depuis 2014.

Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.

Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014.

L'actuel président de l'Inde est Ram Nath Kovind, pourvu de fonctions essentiellement protocolaires, depuis 2017, tandis que le Premier ministre Narendra Modi dirige, pour sa part, le gouvernement central depuis 2014. Tous deux sont issus du Bharatiya Janata Party.

Relations extérieures[modifier | modifier le code]

 

L'ancien Premier ministre indien, Manmohan Singh, avec l'ancien président des États-Unis, George Bush.

Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)11, la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.

Défense[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Forces armées indiennes.
[afficher]Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (indiquez la date de pose grâce au paramètre date)
 

Trois avions d'entraînement de l'armée de l'air indienne.

L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2017 d'un effectif de 2 700 000 militaires et 535 000 réservistes. [réf. nécessaire].

Le budget pour la défense s'élève à 51 milliards de dollars, soit 7,2 % du produit national brut (PNB).

Les forces sont réparties de la manière suivante :

  • Armée de terre : 2 400 000 hommes;
  • Armée de l'air : 210 000 hommes;
  • Marine : 65 000 hommes.

Elles disposent de 3 000 chars de combat, 1 900 autres blindés, 850 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 3 porte-aéronefs et 8 destroyers. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21.

L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974 réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.

Le , l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes12.

Géographie[modifier | modifier le code]

pâturage vert au premier plan, un plan d'eau au milieu des sol, et les montagnes en arrière-plan. L'ombre des nuages sont visibles sur les montagnes, tandis que les plus hauts sommets les plus éloignés ont une dispersion de la neige
 

L'Himalaya forme le paysage montagneux du nord de l'Inde. Vu ici Ladakh en Jammu-et-Cachemire.

L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.

De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat en Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.

 

Les îles Andaman.

Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindu Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.

La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.

Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.

Environnement[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Environnement en Inde et Zones protégées d'Inde.

Ressources en eau[modifier | modifier le code]

L'Inde est une zone en déficit hydriqueNote 2. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde13.

La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an14. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 203415.

Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures15.

Faune et flore[modifier | modifier le code]

 

Autrefois présent de la Grèce jusqu'aux confins du Bengale, le lion d'Asie ne vit plus à présent que dans l'enceinte du Parc national de la Forêt de Gir (Gujarat).

Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.

Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux16. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.

Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.

Politique environnementale[modifier | modifier le code]

Article connexe : Déforestation en Inde.
[afficher]Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2017)

Dès la fin du xixe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.

Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, stipule qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.

La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act de 1986, a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets. En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées.

Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.

La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le Ministère de l'environnement et des forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.

Démographie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Démographie de l'Inde.
 

Une partie de kabaddi dans le Karnataka.

L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).

C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans17. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.

On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 202518.

Évolution de la population
Année Population
1951 361 088 000
1961 439 235 000 + 21,6 %
1971 548 160 000 + 24,8 %
1981 683 329 000 + 24,7 %
1991 846 421 000 + 23,9 %
2001 1 028 737 000 + 21,5 %
2011 1 210 193 000 + 17,6 %
Source : [4] [archive]

Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).

Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.

 

Campagne pour les filles à Pondichéry.

Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.

En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.

La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.

En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.

En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes19, soit près de 6800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.

Économie[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Économie de l'Inde et Agriculture en Inde.
 

La « pyramide », bureaux de la SSII Infosys à Bangalore.

  • Le PIB de l’Inde était de 1 670 milliards de dollars en 2013 selon le World Factbook de la CIA20.
  • Le PIB par habitant était de 3 700 dollars en 2011 selon le World Factbook de la CIA20.
  • Le PIB au prix intérieur (en parité de pouvoir d'achat ou PPA) était par contre de 4990 milliards de dollars en 201320.

L’Inde a réalisé d’énormes progrès économiques depuis l’Indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars22.

L’objectif du gouvernement indien consiste à accélérer le développement économique en réduisant la pauvreté, en développant davantage les infrastructures, notamment en zone rurale, et en facilitant l’accès à l’éducation ainsi que l'accès aux soins pour la population.

L'Inde s’efforce d’approfondir ses relations avec l’Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.

 

Hyderabad, le nouvel eldorado du secteur quaternaire en Inde.

La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution23. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.

Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10% du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-202524

Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité.

La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin.

Aujourd’hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles25.

Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays.

L’Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.

D’après une étude de Jean-Joseph Boillot, ancien conseiller financier à la Mission économique de New Delhi, la croissance de l’Inde dépassera celle de la Chine à l’horizon 2010-2015. Et dans son livre « L'économie indienne », il pronostique que l'Inde sera le grand rival de la Chine vers 2020.

Le journal indien Economic Times26 annonce ainsi une croissance de 7,6% pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5% affichés par la Chine.

  • Croissance de la population en 2014) : 1,25 %20
  • Population en millions en juillet 2014 : 1 23620

Un autre indice est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).

Société[modifier | modifier le code]

Religions[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Religions en Inde.
 

Le temple du Lotus à Delhi est un temple bahai.

La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 201127. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.

La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du xvie siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens du Nord-Est de l'Inde sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectué par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.

Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.

Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.

 

Statue du Dieu Shiva. L'hindouisme est la religion dominante de l'Inde.

La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 suite aux invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au xixe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.

Tensions communautaires[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Conflits intercommunautaires en Inde.

Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts28. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5000-50000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'AyodhyaNote 3 par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.

En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)29. Le , le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes29.

En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat30. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.

En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi31.

Le , la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar29. Le , l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts29.

Le , deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes32. Le , les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés33. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le , plusieurs attentats dans la ville de Jaïpur font au moins 80 morts et 200 blessés34. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et , les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes31.

À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Orissa, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées35. Le , plusieurs explosions touchent Delhi31. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le , c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés36. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.

Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.

Famille[modifier | modifier le code]

Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.

Aujourd'hui encore la plupart des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.

Travail des enfants[modifier | modifier le code]

L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’UNICEF, 14 % des enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent en Inde (chiffres 2000). Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.

Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchainés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés37.

Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies38.

Scolarité[modifier | modifier le code]

Le , l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies39,40.

Santé[modifier | modifier le code]

L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 , alors que le taux de mortalité est de 7,48 , créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année.

En Inde, 2,5 millions de personnes sont séropositives.

Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.

Culture[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Culture indienne.
 

Beaucoup de groupes culturels composent la société indienne.

La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.

Langues[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Langues en Inde.

L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes41. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlé du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population42), 20 % une langue dravidienne43. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats44.

La langue officielle du gouvernement central est l'hindi mais l'anglais, langue du colonisateur britannique, a gardé le statut de seconde langue officielle. En outre, 18 langues sont officielles dans les différents États et territoires.

Musique et danse[modifier | modifier le code]

 

Danseuse de Kathak, une danse classique native des états de l'Uttar Pradesh et du Rajasthan.

La musique indienne est très diversifiée. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.

La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A.R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.

Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.

Littératures[modifier | modifier le code]

 

Manuscrit de la célèbre épopée indienne du Ramayana.

La tradition littéraire la plus ancienne, le Véda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées. Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.

 

Rabindranath Tagore fut l'un des plus grands écrivains de l'Inde moderne, récompensé par le Prix Nobel de littérature en 1913.

À partir du xxe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R.K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R.K. Narayan45. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri46 occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru47 a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles48.

Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Cinéma indien.
 

Bollywood est la plus grande industrie cinématographique du monde.

L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Kolkata, de Chennai, et au Kérala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran, acteur tamoul populaire devenu ministre en chef du Tamil Nadu49.

En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.

Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.

Alimentation[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Cuisine indienne.
 

La cuisine indienne : le curry (« sauce »).

La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton50. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes (l'Inde a le plus grand pourcentage de végétariens dans le monde) et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.

Sport[modifier | modifier le code]

Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.

 

Une équipe indienne de hockey sur gazon.

Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Kolkata — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur Great Khali.

Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.

Fêtes[modifier | modifier le code]

 

Les diyas sont les lampes à huile traditionnelles allumées pour la fête de Divali.

Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala.

Fêtes et jours fériés
Date Nom français Nom local Remarques
14 janvier Solstice du Capricorne Makar Sankranti au Nord, Pongal au Sud Inaugure la moitié lumineuse de l'année
5 jours après la nouvelle lune (lune noire) de janvier Cinquième du printemps Basant Panchami Les écoliers vénèrent Sarasvati, déesse de la connaissance. Cette fête est principalement dédiée à l'arrivée imminente du printemps.
26 janvier Jour de la République Republic Day Adoption de la constitution indienne
Pleine lune de mars Fête des couleurs Holi Victoire du bien sur le mal
15 août Jour de l'indépendance Independence Day Proclamation de l'indépendance
Pleine lune d'août Fête des frères Raksh Bandan Actualisation de l'attachement sœurs-frères
Nouvelle lune de novembre Fête des lumières Divali Cinq jours de fêtes et commémoration
2 octobre Anniversaire du Mahatma Gandhi Gandhi Jayanti Naissance de M. K. Gandhi, le père du pays

Galerie[modifier | modifier le code]

Codes[modifier | modifier le code]

L'Inde a pour codes :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1.  Le hindi est la langue officielle du gouvernement central et l'anglais est langue officielle associée. Au niveau des États, 22 langues officielles sont reconnues dont le hindi.
  2.  Voir carte mondiale dans l'article eau douce.
  3.  La structure qui fut détruite le 6 décembre 1992 ne fonctionnait plus en tant que mosquée depuis des décennies, mais comme un temple hindou depuis 42 ans.

Références[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Angot, Histoires des Indes [archive] [PDF]
  • (en) Balveer Arora and Stéphanie Tawa Lama-Rewal, 'Introduction: Contextualizing and Interpreting the 15th Lok Sabha Elections', South Asia Multidisciplinary Academic Journal 3 | 2009 [5] [archive]
  • Christian Bardot, L'Inde au miroir du monde. Géopolitique, démocratie et développement de 1947 à nos jours, Ellipses, septembre 2007.
  • Véronique Beneï, La dot en Inde. Un fléau social ? Socio-anthropologie du mariage au Mâhârâstra, Paris, Karthala, 1996. Pour une lecture critique de cet ouvrage, on pourra utilement se référer à la recension de Gilles Tarabout : [6] [archive]
  • Jean-Joseph Boillot, L'économie de l'Inde, Paris, La Découverte, 2006 et 2009 pour la 2e édition. L’ouvrage le mieux référencé sur l'économie indienne, court et complet à la fois.
  • Denise Coussy, Le roman indien de langue anglaise, Paris, Karthala, 2004
  • Bernard de Give, Les rapports de l’Inde et de l’Occident des origines au règne d’Asoka, Paris, Les Indes savantes, 2006.
  • Christophe Jaffrelot, (dir), L’Inde contemporaine. De 1950 à nos jours, Paris, Fayard CERI, 1997, rééd. 2006. Ouvrage fondamental pour l’Inde contemporaine dans toutes ses dimensions.
  • Mira Kamdar, Planet India, l'ascension turbulente d'un géant démocratique, Actes Sud, 2008
  • Jaffrey Madhur, A Taste of India (un grand livre classique avec une collection de recettes culinaires authentiques)
  • Liliane Jenkins, L'Inde au féminin, Mille et une femmes, France, Mercure, 1998
  • Larry Collins, Cette nuit la liberté, Paris, Pocket, 2004. Roman historique sur l’épopée de l’indépendance indienne. L’ouvrage est le mieux référencé sur la question et reste un véritable plaisir à la lecture.
  • Bénédicte Manier, Quand les femmes auront disparu. L’élimination des filles en Inde et en Asie, Paris, La Découverte, 2006. Une enquête très complète sur le déficit de femmes en Inde et en Chine.
  • Claude Markovits(dir), Histoire de l’Inde moderne (1480-1950), Paris, Fayard, 1994
  • Eric Paul Meyer, Une histoire de l'Inde. Les Indiens face à leur passé., Albin Michel, 2007
  • Vijay Singh, Jaya Ganga, le Gange et son double, Paris, Ginkgo, 2005; Ramsay, 1985; La Nuit Poignardée, les Sikhs, Flammarion, 1987; la Déesse qui devint Fleuve, Gallimard Jeunesse, 1994.
  • Guy Taillefer, L'Inde dans tous ses états, Presses de l'Université de Montréal, 2015.
  • Pavan K. Varma, Le Défi Indien, Actes Sud, France.
  • Ruth Van der Molen (photographies), Jean-Claude Perrier (introduction), texte de Gérard Clot, L’Inde avant l’Inde, Éditions du Passage, 2007.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Peuples iraniens

 
 
Peuples iraniens
Populations significatives par région
Drapeau de l'Iran Iran 55 000 0001
Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan 26 000 0002
Drapeau de la Turquie Turquie 12 000 0003
Population totale +260 000 000 env.
Autres
Langues Langues iraniennes
Religions Islam chiite et sunnite, alévisme, zoroastrisme, yezidisme, judaïsme, christianisme, bahaïsme, athéisme et agnosticisme
Ethnies liées Indo-Européens, Indo-Iraniens, Dardiques et Indo-Aryens

Les peuples iraniens (ou iraniques, voire ci-dessous) sont un groupe qui se définit premièrement selon son usage des langues iraniennes en addition d'autres traits4,5,6.

Les peuples iraniens vivent principalement au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans le Caucase ainsi que dans une partie de l'Asie du Sud. Ils parlent différentes langues iraniennes, qui au cours de l'histoire furent en usage dans une zone géographique bien plus large qu'aujourd'hui : dans toute la zone sud de l'Eurasie, des Balkans jusqu'à l'ouest de la Chine.

Comme les peuples iraniens — en ce sens historique, culturel et linguistique — ne sont pas confinés dans les limites de l'État d'Iran, l'expression de peuples iraniques est parfois utilisée pour éviter la confusion avec les citoyens de l'Iran moderne7,8.

 

 

Étymologie et usage[modifier | modifier le code]

Le terme Iranien est dérivé du terme étymologique Iran (lit. Terre des Aryens)9,10. On pense que le terme proto-indo-iranien Arya fait référence à une série de dénominations utilisées par les Aryens, une branche des Proto-Indo-Européens, pour se démarquer par leur noblesse (le terme Aryen semble avoir pour sens « noble »), au moins dans les zones peuplées par des Aryens ayant migré vers le sud de l'Asie centrale et le sud de la Russie. Leur territoire d'origine est désigné par le terme Ariana et varie dans sa zone couverte de la simple province de Fars (d'après Ératosthène) ou du territoire autour de Herat (selon Pline) jusqu'à englober la totalité du plateau iranien (point de vue du géographe grecStrabon)11.

D'un point de vue linguistique, l'expression iranien ou peuples iraniens est proche, dans son emploi, de termes comme germanique, qui inclut différents peuples qui partagent des langues germaniques telles que l'allemand, l'anglais, ou le néerlandais. Ainsi, les peuples iraniens incluent non seulement les Perses ou les Tadjiks d'Iran, d'Afghanistan, et du Tadjikistan, mais aussi les Hazaras, Arméniens, Kurdes, Ossètes, Baloutches, et d'autres minorités. L'usage académique de l'expression iranien ou peuples iraniens est ainsi distinct de l'État d'Iran et de ses citoyens qui sont tous Iraniens de nationalité (et se considèrent ainsi comme Iraniens), mais ne sont pas nécessairement membres des peuples iraniens au sens ci-dessus.

Racine et classification[modifier | modifier le code]

 

L’extension du complexe archéologique de Bactrie-Margiane (d’après l’encyclopédie de la culture indo-européenne).

La langue iranienne forme une ramification des langues dites indo-iraniennes, qui sont une branche de la famille des langues indo-européennes12. La souche des peuples iraniens est un groupe connu spécialement sous le nom de « Proto-Iraniens », qui sont eux-mêmes une branche des Indo-Iraniens qui s'est divisée en deux rames, l'une vers l'Asie centrale, l'autre vers l'Afghanistan, autour du xixe siècle avant notre ère, dont on a trace dans le complexe archéologique de Bactrie-Margiane. La zone entre le nord de l'Afghanistan et la mer d'Aral est supposée être la région d'où les Proto-Iraniens ont émergé pour la première fois, suivant la séparation indo-iranienne. Les tribus saka [réf. souhaitée](scythes) stagnèrent principalement dans le Nord [Où ?] [réf. souhaitée] et se répartirent aussi bien vers l'Ouest [Où ?] [réf. souhaitée] que dans les Balkans, l'Est [Où ?] [réf. souhaitée], et la région du Xinjiang. Les ramifications postérieures reliées aux Scythes incluent les Sarmates disparus à la suite des invasions slaves notamment en Russie méridionale, Ukraine, et dans les Balkans, vraisemblablement assimilés par d'autres tribus13.

Des écrits les plus vieux, on n'a retrouvé que des références limitées des anciens Assyriens et Babyloniens, concernant ces premiers envahisseurs Proto-Iraniens. Deux de ces premières ramifications des Proto-Iraniens sont connues : l'avestique parlé en Afghanistan et le vieux-persan parlé dans le sud de l'Iran. L'avestique et les textes reconnus comme tels sont liés à Zoroastre, le fondateur du zoroastrisme, tandis que le vieux-persan se révèle avoir été établi par écrit à la suite de l'adoption de l'écriture cunéiforme, apprise des Sumériens.

C'est à partir de vieilles inscriptions que l'on entend parler pour la première fois, venant d'une tribu iranienne, de leur[Qui ?] lignée « aryenne ». Ainsi, la déclaration de Darius, connue sous le nom d'« inscription de Behistun », proclamait qu'il était de lignée aryenne, et que sa langue, écrite en cunéiforme, était une langue aryenne (et ceci lie les langues iraniennes à l'utilisation du terme Arya, dans les premiers textes indo-aryens). Trois langues officielles sont reconnues des anciens Perses : l'élamite, le babylonien, et le vieux-persan, signe d'une société multiculturelle14. On ne sait pas dans quelle mesure d'autres tribus proto-iraniennes se considèrent comme des peuples aryens, ni si ce terme[Lequel ?] a la même signification dans d'autres langues iraniennes. Alors que les tribus iraniennes du Sud [Où ?] [réf. souhaitée] sont mieux connues à travers leurs pendants modernes, les tribus restées pour majeure partie dans l'étendue eurasienne sont essentiellement connues pour leurs rapports avec les Grecs anciens aussi bien que par les recherches archéologiques. Hérodote fait référence à une peuplade nomade qu’il suppose être des Scythes, et qui aurait migré vers ce qui est aujourd’hui le sud de la Russie. Il est certain que ces Scythes ont été conquis par leur cousins de l’Est [Où ?] [réf. souhaitée], les Sarmates, considérés par Strabon comme étant la tribu dominante contrôlant les steppes du sud de la Russie au Iermillénaire av. J.-C. Ces Sarmates étaient aussi connus des Romains, qui avaient conquis leurs tribus des Balkans, et avaient de là envoyé des auxiliaires de ces mêmes tribus, incorporés dans la légion romaine, vers des territoires aussi éloignés que la Bretagne romaine. On identifie aussi certaines de ces tribus comme les Amazones des légendes grecques, des femmes guerrières vivant suivant un système matriarcal dans lequel hommes et femmes prenaient part à la guerre, et dont l’existence est aujourd’hui appuyée par de récentes découvertes archéologiques et génétiques. Les Sarmates de l’Est [Où ?] [réf. souhaitée] devinrent les Alains dont la dispersion s’étend jusqu’à l’Europe de l’Ouest et l’Afrique du Nord, alors qu’ils se joignirent aux Vandales germains durant leur migration. On pense que les Ossètes modernes sont les descendants directs des Alains étant donné que le reste de ce peuple a disparu à la suite des invasions germaniques, hunniques, et finalement slaves15. Quelques-unes des tribus dites « saka » (« scythes ») [réf. souhaitée] de l’Asie centrale se déplacèrent plus tard vers le sud et envahirent le plateau Iranien et le nord de l’Inde. Les Parthes, issus d'une dynastie qui gouverna la Perse durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, devenaient les plus grands adversaires de l’empire romain à l’est. On peut conjecturer que beaucoup de tribus iraniennes, Khwarizmiens, Massagètes et Sogdiens inclus, furent soit assimilées soit repoussées d’Asie centrale par les migrations turques en provenance de Sibérie16.

Histoire[modifier | modifier le code]

 

Extension géographique de l’influence iranienne au ier siècle av. J.-C. L’empire parthe (principalement dans l’Iran occidental) en rouge. Les autres régions, dominées par les Scythes (principalement vers l’Orient) en vert.

Ayant pour ascendants les Aryens (Proto-Indo-Iraniens), les anciens Iraniens se sont séparés des Nurestani [réf. souhaitée] et des Dardes, des peuples indo-aryens, au début du IIe millénaire av. J.‑C. Ils peuplèrent le plateau iranien (par exemple, les Mèdes, les Perses, les Bactriens, et les Parthes), et au premier millénaire les steppes au nord de la mer Noire (par exemple, les Scythes, les Sarmates, et les Alains).

Les anciens Perses s’établirent dans la portion ouest du plateau Iranien et ont manifestement échangé de manière considérable avec les Elamites et les Babyloniens, tandis qu'une partie des Mèdes s'est mélangée à l’ouest avec les peuples sémites locaux. Les restes de la langue mède et du vieux persan montrent leurs racines proto-iraniennes communes, soulignés par les analyses de Strabon et d’Hérodote, révélant une similitude certaine avec les langues parlées par les Bactriens et les Sogdiens de l’Est17,10. À la suite de la fondation de l’empire achéménide, la langue persane se répandit jusqu’à la province de Fars et à d’autres régions de l’empire. Les dialectes modernes farsi, dari, et tadjik descendent du vieux-persan.

 

Cavalier scythe, 300 av. J.-C.

L’impact principal de l’avestique fut surtout religieux et liturgique, les premiers habitants de l’empire perse ayant adopté le zoroastrisme. Les autres peuples importants tels les Kurdes sont supposés être de souche iranienne, mélangés avec des peuples caucasiens comme les Hourrites, vus les quelques uniques aspects trouvés dans la langue kurde, reflétant ceux des langues caucasiennes18. Les Iraniens orientaux contemporains les plus importants sont représentés par les Pashtouns ou Pachtounes, qui auraient pour origine le sud de l’Afghanistan d’où ils commencèrent à se répandre jusqu’à Herat à l’ouest, et l’Indus à l’est [réf. souhaitée]. Le pashtoun a des similitudes avec le bactrien, et on pense que les deux langues sont originaires du centre de l’Iran. Le baloutche est lié à une tradition orale, en considération de sa migration depuis Aleppo (Alep, en Syrie) autour de l’an mille apr. J.-C., alors que les preuves linguistiques lient les Baloutches aux Kurdes et aux Zazaki [réf. souhaitée]. Les Ossètes modernes prétendent être les descendants des Alano-Sarmates, fait appuyé par leur langue, originaire du nord de l’Iran, alors que leur culture les lie plutôt à leurs voisins caucasiens, les Kabardiens, les Circassiens et les Géorgiens. Différents peuples iraniens aujourd’hui éteints vivaient dans le Caucase oriental, alors que d’autres restèrent dans la région, ainsi que les Talyshs [réf. souhaitée]19 et les Tatis20 (et les Judéo-Tatis21 largement émigrés en Israël) dont retrouve la trace en Azerbaïdjan et au Daghestan.

Dans les temps anciens, la majorité des peuples du sud de l’Iran adhérèrent au zoroastrisme, au bouddhisme (dans certaines parties de l’Afghanistan et de l’Asie centrale), au judaïsme et au christianisme (principalement parmi les Kurdes et les Perses vivant en Irak)22. Les Ossètes ont adopté le christianisme plus tardivement, l’orthodoxie russe devenant dominante à la suite de leur annexion par l’empire russe. D’autres ont préféré se tourner vers l’islam, suivant l’influence ottomane.

 

Le sultan kurde Saladin, représenté dans un codex arabe du xve siècle.

Au commencement du règne d’Omar en 634, les Arabes musulmans commencèrent la conquête du plateau Iranien (voir Conquête islamique de la Perse). Ils conquirent l’empire Sassanide de Perse et annexèrent une partie de l’empire byzantin peuplée entre autres par des Kurdes. Finalement, les divers peuples iraniens furent convertis à l’islam. Certains s’orienteront ensuite vers diverses sectes. Les Perses par exemple suivirent la secte chiite, la majorité des autres peuples d’Iran restant fidèles au sunnisme. Les identités évoluant, comme celles des peuples iraniens, beaucoup d’entre eux assimilèrent des cultures et des peuples étrangers23.

Plus tard, durant le deuxième millénaire, les peuples iraniens jouèrent un rôle prééminent durant la période de l’expansion de la foi islamique. Adversaire remarquable des croisés, Saladin était un Kurde ethnique, alors que les divers empires centrés en Iran (Safavide y compris) rétablissaient un dialecte moderne de Perse comme langue officielle parlée dans tout ce qui est aujourd'hui l'État d'Iran et les régions adjacentes de l'Asie centrale. L’influence iranienne s’étendit à l’empire ottoman où le persan était souvent parlé à la cour, de même que dans l’empire moghol, s’étalant de l’Afghanistan à l’Inde. Tous les peuples iraniens majeurs réaffirmèrent leur utilisation des langues iraniennes après le déclin de la domination arabe, mais certains d'entre eux ne recommenceraient pas à former des identités nationales modernes avant le xixe siècle et le début du xxe siècle (alors que les Allemands et les Italiens formaient eux aussi leur identité nationale).

Démographie[modifier | modifier le code]

Selon les estimations, il y a 150 millions de locuteurs de langues iraniennes. Généralement, la plupart vivent en Iran, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan occidental, Kurdistan de Turquie, Irak, Iran et Syrie, de même que dans certaines parties de l’Ouzbékistan (particulièrement à Samarkand et Boukhara), et, enfin, dans le Caucase (Arménie Ossétie et Azerbaïdjan). De petits groupes vivent aussi dans l’ouest de la Chine, l’Inde et Israël.

Religion[modifier | modifier le code]

Les locuteurs des langues iraniennes adhèrent principalement aux religions abrahamiques telles l’islam, le judaïsme, le yezidisme et le christianisme, en addition au bahaïsme, ainsi qu’un nombre inconnu sans affiliation religieuse. Des peuples iraniens musulmans, la majorité est sunnite, alors que la plupart des Persans et des Hazaras sont chiites. La communauté chrétienne est largement représentée par l’orthodoxie russe suivie par la plupart des Ossètes. La religion d’origine de l’empire perse était le zoroastrisme, dont on trouve de nos jours encore des fidèles, notamment en Iran, au Pakistan et en Inde où on les désigne par le nom de parsis.

Culture[modifier | modifier le code]

Les premiers peuples iraniens ont probablement voué un culte à des divinités issues de cultures extérieures où l’envahisseur indo-européen s’était établi13. La première des importantes religions iraniennes était le zoroastrisme, qui s’étendait à presque tous les peuples vivant sur le plateau Iranien. Il est probable que les premiers Iraniens se mélangèrent et assimilèrent des cultures locales durant une longue période. Aussi, ils n’eurent jamais besoin de créer une identité de caste, en contradiction nette avec les Indo-Aryens. La culture iranienne qui émergea des conquêtes d’Alexandre le Grand et des Arabes fut très différente de celle des anciens Iraniens.

D’autres traits communs peuvent être soulignés parmi les peuples iraniens. L’événement dit « Norouz », par exemple, est une célébration pan-iranique à laquelle participent presque tous les Iraniens, à l’exception des Ossètes [réf. souhaitée]. Ses origines remontent aux premiers temps des peuples iraniens, il y a plus de trois mille ans.

Quelques-uns se distinguent des autres par différents traits. Ainsi les Pachtounes ont-ils un code d’honneur appelé « Pashtounwali », similaire au « Mayar » des Balochs, plus hiérarchique24.

Diversité[modifier | modifier le code]

C’est en grande partie au travers des similitudes linguistiques que les peuples iraniens trouvent une unité. En outre, d’autres traits communs ont été reconnus, et un courant de faits historiques partagés a souvent lié le Sud de l’Iran en incluant les conquêtes helléniques, les différents empires perses, les califats arabes, et les invasions turques.

Alors que la plupart d’entre eux se sont installés dans la région du plateau iranien, beaucoup se sont étalés dans la périphérie, étendue du Caucase et de la Turquie à l’Indus et à la Chine occidentale. Ils se sont souvent mélangés avec d’autres peuplades. On a, pour exemple notable, les Hazaras qui affichent un contexte turco-mongol distinct de la plupart des peuples iraniens25. De même, les Baloutches se sont mélangés avec les Dravidiens, locuteurs du brahui (qui ont profondément changé les envahisseurs iraniens eux-mêmes [réf. souhaitée]), tandis que les Ossètes se sont invariablement mélangés avec les Géorgiens et les peuplades caucasiennes. De même, les Kurdes sont un peuple iranien éclectique qui, bien qu’affichant quelques attachements ethnolinguistiques avec d’autres (en particulier leur langue iranienne et d’autres aspects culturels) sont supposés s’être mêlés aux Caucasiens et à des peuples sémites. Les Perses modernes eux-mêmes sont aussi un groupe hétérogène descendant de différentes anciennes tribus iraniennes et indigènes du plateau iranien, les Elamites inclus. De là, comme on l'a vu précédemment avec les peuples germains impliquant les Anglais, qui sont d’origine celtique et germanique mêlée, l’Iranien est un groupe ethnolinguistique et les peuples iraniens affichent différents degrés d’ascendances communes et de similitudes culturelles révélant leurs identités respectives.

Assimilation[modifier | modifier le code]

Pour ce qui concerne le culturel, les diverses minorités d’Iran (issues d’Azerbaïdjan) et d’Afghanistan (Ouzbeks et Turkmènes) turcophones sont souvent familiers des langues iraniennes, en plus de leurs propres langues turques. Ils ont assimilé la culture iranienne à tel point que l’on peut parler de Turco-persan[Quoi ?] [réf. souhaitée]26, mot dont l’utilisation s’applique dans différentes circonstances invoquant une interaction historique, un mariage, une assimilation, un chevauchement ou une vulgarisation culturelle, un bilinguisme. On peut citer comme exemple notable les Azéris dont la culture, la religion et les périodes historiques importantes sont liées aux Perses27. Certaines théories suggèrent même que les Azéris descendent des anciens Iraniens mais aurait perdu leur langue iranienne à la suite des invasions turques d’Azerbaïdjan au xie siècle. En fait, dans toute une grande partie de l’Asie centrale et du Moyen-Orient, la culture turque et iranienne a fusionné dans beaucoup de cas pour former diverses populations et cultures hybrides aussi fameuses que les différentes dynasties gouvernantes Ghaznévides, Seldjoukide et Moghol. [réf. souhaitée] Les influences culturelles iraniennes ont aussi eu de l’importance en Asie centrale où l’on pense que l’envahisseur turc s’est en grande partie mélangé avec des autochtones iraniens, desquels restent seulement les Tadjiks, en termes d’utilisation linguistique. Le secteur de l’ancienne Union soviétique adjacente de l’Iran, l’Afghanistan, et les régions Kurdes (telles que l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan) sont passés au travers du prisme soviétique qui les a modifiés jusqu’à un certain point.

Génétique[modifier | modifier le code]

Les tests génétiques sur les peuples iraniens révèlent en majeure partie plusieurs gènes communs, mais avec de nombreuses exceptions et variations régionales. Certains marqueurs génétiques communs prennent certainement souche chez les anciens Proto-iraniens et mettent en parallèle la diffusion des langues iraniennes, ce qui peut aussi provenir d’un processus d’assimilation venant des indigènes, et de là rend compte de la diversité des peuples iraniens. Néanmoins, quelques tests génétiques préliminaires suggèrent une relation commune parmi la plupart d’entre eux.

Les populations situées à l’est du basin de l’Indus, et celles de l’Iran, d’Anatolie et du Caucase, montrent une composition commune de l’ADN mitochondrial, principalement à l’ouest de l’Eurasie [réf. souhaitée], avec un très faible taux au sud de l’Asie [réf. souhaitée] et en Eurasie orientale. En effet, les différentes populations iraniennes montrent un degré frappant d’homogénéité. Cet état de fait est appuyé non seulement par les valeurs FST et les relevés PC, mais aussi par les résultats SAMOVA28, dans lesquels une barrière génétique importante sépare les populations à l’ouest du Pakistan de celle du nord de la vallée de l’Indus (résultats non communiqués). Ces observations suggèrent soit une origine commune des populations iraniennes modernes soit un niveau étendu de gènes coulant parmi eux.29

À la base, les résultats de cette étude révèlent plusieurs marqueurs génétiques communs parmi les peuples iraniens de la région du Tigre jusqu’à l’Ouest de l’Indus. Ceci concorde avec les aires linguistiques, les langues iraniennes étant parlées du Caucase aux zone kurdes de la région de Zagros et du côté est du Pakistan et du Tadjikistan occidental ainsi que dans des parties de l’Ouzbékistan en Asie centrale. Le courant de gènes étendu est peut-être une indication de la diffusion des locuteurs de langues iraniennes, dont les langues sont désormais parlées principalement sur le plateau iranien et dans les régions adjacentes. Ces résultats montrent les relations des peuples iraniens entre eux, tandis que d’autres tests comparatifs révèlent diverses origines pour des populations telles que les Kurdes, qui ont des liens génétiques avec le Caucase à un niveau considérablement supérieur que tous les autres peuples iraniens, excepté les Ossètes, liés aussi bien à l’Europe et aux populations sémites vivant à proximité comme les Juifs et les Arabes.

Finalement, des tests génétiques révèlent certes que les peuples iraniens ont tous de nombreux gènes communs, mais que nous avons aussi des indications de l’interaction avec d’autres groupes, de variations régionales, et des cas de dérive génétique. De surcroît, les populations indigènes ont peut-être survécu aux vagues des invasions aryennes, l’assimilation culturelle les menant à un large remplacement de la langue (de même qu’avec les Kurdes, les Hazaras, etc.). Des tests plus poussés élucideront sûrement les relations entre les peuples iraniens même, et avec les populations avoisinantes.

Liste des peuples iraniens[modifier | modifier le code]

Les locuteurs de langues iraniennes contemporaines incluent :

Peuples Régions Population
Persans
Iran, Afghanistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Russie (Daghestan), Bahreïn, Koweït, Qatar, Émirats arabes unis 50 à 70 M
Pashtouns
Afghanistan, Pakistan 42 M
Kurdes

- Kurmandj - Zaza - Soran - Goran - Lor - Lake - Shekhbizin

Iran, Irak, Turquie, Syrie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Turkménistan, Liban et Afghanistan 40 à 45 M [réf. souhaitée]
Baloutches [réf. souhaitée] Iran, Afghanistan, Pakistan, Oman, Émirats arabes unis 15 M
Mazandaranis et Gilanis Iran 5 à 10 M
Peuples du Pamir
Tadjikistan, Chine (Xinjiang) et Afghanistan 0,9 M
Talysh [réf. souhaitée] Azerbaïdjan, Iran 1,1 M
Ossètes
Russie (Ossétie du Nord), Géorgie (Ossétie du Sud et Géorgie propre), Hongrie (Iasses) 0,7 M
Yaghnobi [réf. souhaitée] Ouzbékistan (vallée du Yaghnob)  
Parsis et Iranis [réf. souhaitée] Inde, Pakistan 0,1 M

Des liens historiques avec les anciens Iraniens et des liens culturels avec les Perses, plusieurs sources incluent aussi les Azéris comme peuple iranien, bien que leur langue soit de l’ensemble linguistique turc ; la question est largement débattue. [réf. souhaitée]

Références[modifier | modifier le code]

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  13.  a et b « History of Iran-Chapter 2 Indo-Europeans and Indo-Iranians » [archive]  Iranologie. (Consulté le 4 juin 2006.)
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  18.  « Kurdish: An Indo-European Language » • Par Siamak Rezaei Durroei [archive]  University of Edinburgh, School of Informatics. (Consulté le 4 juin 2006.)
  19.  « Report for Talysh » [archive]  Ethnologue. (Consulté le 4 juin 2006.)
  20.  « Report for Tats » [archive]  Ethnologue. (Consulté le 4 juin 2006.)
  21.  « Report for Judeo-Tats » [archive]  Ethnologue. (Consulté le 4 juin 2006.)
  22.  The Prophet and the Age of the Caliphates by Hugh Kennedy, pp. 12-13, (ISBN 0-582-40525-4)(consulté le 4 juin 2006)
  23.  Ibid. p. 135
  24.  « Pakistan - Baloch » [archive] — Library of Congress Country Studies. (Consulté le 4 juin 2006.)
  25.  « Afghanistan - Hazara » [archive] — Library of Congress Country Studies. (Consulté le 4 juin 2006.)
  26.  Turko-Persia in Historical Perspective, edited by Robert Canfield, (ISBN 0-521-52291-9) (consulté le 4 juin 2006)
  27.  « Azerbaijan-Iran Relations: Challenges and Prospects » [archive] — Harvard University, Belfer Center, Caspian Studies Program. (Consulté le 4 juin 2006.)
  28.  Logiciel spécialisé dans les recoupements génétiques des populations [1] [archive]. (en)
  29.  http://www.journaux.uchicago.edu/AJHG/journal/issues/v74n5/40813/40813.html [archive]

(en) « Peuples iraniens », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne [archive]]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Italiques

 
 
 

Langues de l'Italie au vie siècle av. J.-C.

 

Les différents peuples dans le Latium au ve siècle av. J.-C..

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Italique.

Les Italiques sont un groupe de peuples indo-européens apparus en Italie au IIe millénaire av. J.-C. (civilisation apenninique) possiblement issus des régions côtières outre-Adriatique où comme en Roumanie (Valaques) les populations dalmatiennes parlaient des langues très proches des langues italiques et partageaient un mode de vie pastoral similaire.

Durant l'Antiquité, de nombreux peuples vivaient dans la péninsule à l’époque préromaine. Ces peuples n'avaient pas tous la même langue ni la même origine ethnique. Certains parlaient une langue italique, d'autres grec, celtique, ou même des langues non indo-européennes. La classification des ethnies est souvent inconnue ou très disputée.

Peuple Région Langue Origine ethnique
Aurunces Sud du Latium Langues sabelliques indo-européenne
Ausones Sud de l'Italie Langues sabelliques probablement apparenté aux Aurunces
Bruttiens Bruttium Osque, grec probablement apparentés aux Lucaniens
Campaniens Campanie Osque indo-européenne
Capénates Étrurie méridionale Sabin liés aux Falisques, Sabins et Latins
Élymes Sicile   Italiotes ?, Anatoliens ?, Grecs ?
Èques Latium Èque probablement indo-européenne
Étrusques Étrurie Étrusque non indo-européen non indo-européens.
Origine incertaine, peut-être autochtones ou bien Anatoliens.
Euganéens Adige   peut-être apparentés aux Ligures
Falisques   Falisque Sabins
Frentans Molise    
Herniques Latium Latin indo-européenne
Histres Istrie    
Insubres Insubria   Celtes
Iapyges Bruttium Messapien Illyriens
Latins Latium Latin indo-européenne, peut-être apparenté au dalmate
Lépontiens Rhétie Lépontique Celtes, voire Germains
Ligures Ligurie Ligure indo-européenne
Lucaniens Lucanie Osque indo-européenne
Marrucins Abruzzes    
Marses Abruzzes    
Messapes Messapie Messapien Grecs ou Illyriens
Œnotriens Bruttium et Sicile   indo-européenne
Ombriens Ombrie Ombrien indo-européenne
Osques Italie méridionale et centrale Osque indo-européenne
Paeligni   Pélignien  
Picéniens Picenium Sud-picène (une langue sabellique)
et nord-picène (probablement non indo-européen)
 
Sabins Sabine Sabin indo-européenne
Samnites Samnium Osque indo-européenne
Sicanes Sicile  
Sicéliotes Sicile grec Grecs
Sicules (Sicile) Sicile   indo-européenne
Sidicins Nord-Campanie Osque indo-européenne
Tauriniens     Celtes, Ligures
Vénètes Vénétie Vénète indo-européenne
Vestins   Vestinien Sabins
Volsques   Volsque Sabins

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) G. Radke, Die Götter Altitaliens, Münster, 1965, 350 p. (2e éd., 1979).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Slaves

 
 
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Slave.
 

Les langues slaves en Europe aujourd'hui

 

Les pays à majorité slave (vert foncé), et à minorités slaves (plus de 10 % : vert clair).

Les Slaves sont un peuple d'origine européenne, ils sont le plus grand groupe ethno-linguistique indo-européen en Europe.

Les Slaves sont surtout présents en Europe centrale et en Europe de l'Est ainsi qu'en Asie du Nord, Asie centrale et Asie occidentale.

Ils représentent actuellement plus de 50 % du territoire de l'Europe, et leur territoire occupe un peu plus de 10 % de la surface terrestre du monde, dont la majeure partie est celle de la Russie1.

Les ancêtres indo-européens des Slaves, proches des Baltes et des Germains sur le plan ethnolinguistique, sont connus depuis la fin du Ier millénaire avant notre ère. Ils sont situés le plus souvent au nord de l'Ukraine et au sud de la Biélorussie, dans une région située à la confluence du Dniepr et de la rivière Pripiat. Mais, les auteurs anciens ne commencent réellement à les mentionner explicitement qu'à partir du vie siècle de notre ère.

Au Moyen Âge, les Slaves constituèrent des principautés et des royaumes puissants en Europe centrale et en Europe orientale, dont certains existent toujours, sous d'autres formes aujourd’hui :

Au xxe siècle, trois États slaves constituèrent des fédérations :

  • l'URSS (constituée de plusieurs États fédérés, dont trois slaves, mais c'étaient les plus peuplés et dans toutes les républiques, ce sont les Slaves qui gouvernaient, à l'exception notable de dirigeants d'origine géorgienne comme Staline et Beria) ;
  • la Tchécoslovaquie (constituée de deux pays slaves) ;
  • la Yougoslavie (constituée de six États fédérés slaves).

Actuellement la population mondiale de locuteurs de langues slaves est estimée à près de 400 millions.

Les trois principaux groupes linguistiques slaves sont :

 

Distribution géographique des langues slaves.

Du point de vue linguistique, certaines langues slaves sont assez proches, mais cela ne veut pas dire que l'intercompréhension soit facile. On distingue3,4:

On trouve aussi des populations slaves très anciennement présentes en Lusace et en Allemagne orientale, patrie des Sorabes, dans certaines parties de la Carinthie et du Burgenland, en Autriche et le long de la frontière nord de la Grèce.

En outre, les colons slaves implantés au xixe siècle et au xxe siècle constituent une proportion importante de la population des pays issus de l'ancien Empire russe et de l'ancienne URSS tels le Turkménistan (7 %), le Kirghizistan (8 %), l'Ouzbékistan (9 %), la Lituanie (15 %), la Moldavie (16 %), le Kazakhstan (environ 26 %, numériquement la plus grosse communauté), l'Estonie (29 %), la Lettonie (environ 36 %) et davantage encore dans les républiques autoproclamées, non reconnues au niveau international, et qui de factodépendent totalement de la logistique russe : l'Abkhazie (11 %), l'Ossétie du Sud (10 %) et la Transnistrie (environ 62 %).

 

 

La Slavie[modifier | modifier le code]

 

Carte du monde Slave

La Slavie , en langues Slaves "Slavija" pour l'orthographe bosniaque, croate, macédonienne, serbe, bulgare et slovène, ou "Slavia" pour les Slaves orientaux, slovaques et tchèques, est un terme général pour qualifier le monde slave5.

Il a été utilisé dans le nom du pays de la Yougoslavie, (Jugoslavija dans les langues slaves, en cyrillique Југославија, signifiant pays des Slaves du Sud en serbo-croate)

La Slavia peut aussi se référer à :

  • Slawiya, l'un des centres tribaux des Slaves de l'est.
  • Le nom médiéval de la zone de peuplement des Wendes.
  • Le nom médiéval du Duché de Poméranie.
  • Le nom médiéval du Mecklembourg.
  • Le nom médiéval de la Principauté Rani.
  • Un terme pour l'objectif du Panslavisme de former un État Slave Uni.
  • Slavia friulana, petite région montagneuse du nord-est de l'Italie.

Ou encore a diffèrent club de sport de plusieurs pays slaves ou non-slaves.

  • SK Slavia Prague, un club de football tchèque
  • SK Slavia Praha (femmes), football
  • BC Slavia Prague, basket-ball
  • DHC Slavia Prague, handball féminin
  • HC Slavia Prague, hockey sur glace
  • RC Slavia Prague, Rugby Union
  • Slavia Sofia (Club sportif), basé à Sofia, Bulgarie
  • PFC Slavia Sofia, football
  • Stade Slavia à Sofia
  • BC Slavia Sofia, basket-ball
  • HC Slavia Sofia, hockey sur glace
  • FC Slavia Mozyr, un club de football biélorusse
  • FK Slavia Orlová-Lutyně, un club de football tchèque
  • HK Slávia Partizánske, un club de handball féminin slovaque
  • Slavia Louňovice, un club de football tchèque
  • Slavia Melbourne, un club australien de football

Diaspora Slave[modifier | modifier le code]

Il existe une nombreuse diaspora slaves dans le monde : États-Unis, Canada, Australie, France, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal6.

Liste de personnalités slave ou d'ascendance slave issue de la diaspora.[modifier | modifier le code]

Génétique[modifier | modifier le code]

Les Slaves sont tous en majorité issus de l'haplogroupe R1a (Y-ADN), sauf une partie des Slaves du Sud, à savoir les Serbes (41,89 %)8, les Croates et les Bosniaques qui sont en majorité issu de l'haplogroupe I, avec une pointe de 70 % des habitants de l'Herzégovine (peuplée de Croates, Serbes et Bosniaques) avec 70 % de ses habitants membres de l'haplogroupe I , tout en ayant entre 20 et 30 % de membres de l'haplogroupe R1a (Y-ADN), 25 % pour les Serbes9.

Physique[modifier | modifier le code]

Procope de Césarée décrit les Slaves comme " grand[s] et fort[s] "10. Actuellement, le pays où la population est la plus grande est les Pays-Bas. Cela dit, le peuple qui a la plus grande taille en moyenne sont les Slaves avec plus de 1,80 m11,12.

Les slaves du sud sont généralement plus grands que les autres Slaves, les monténégrins sont les plus grands avec une moyenne de 1,85 m13.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Trois hypothèses sont généralement retenues pour expliquer le mot slave, bien qu'il en existe d'autres :

  • la plus évidente et la plus simple consiste à rattacher le nom au vieux-slave slava, avec le sens de renommée, gloire. Autrement dit, les Slaves se seraient eux-mêmes qualifiés de glorieux (comme les Celtes, le mot kelt ayant le sens de noble) ;
  • une autre hypothèse part du vieux-slave slovo (= mot, parole), les Slaves se définissant entre eux comme ceux qui savent parler, dont le langage est compréhensible : cette hypothèse s’appuie notamment sur le fait que dans les langues slaves le terme désignant un Allemand est dérivé d’un adjectif signifiant non-parlant : en ukrainien, en polonais, en bosniaque, en bulgare, en croate, en serbe et en tchèque, les mots nijem, niemy, němý, nemtsi signifient muet, et Nijemci, Niemiec, Němec signifient « Allemand ».
  • l'hypothèse protochroniste prétend que Slava serait le nom originel du fleuve Dniepr autour duquel les premières traces des Slaves en Europe sont accréditées.

Le nom de « slaves » daterait du ve siècle lorsque les Byzantins, et plus tard les Occidentaux, commencèrent à entrer en relations directes avec eux. Lorsque pour la première fois au ier siècle de notre ère, Pline l'Ancien et Tacite parlent des Veneti (→ Vénètes), voisins orientaux des Germains, il est très probable qu'ils se réfèrent aux Slaves. Au iie siècle, Claude Ptolémée, énumérant les peuples d'Europe centrale et orientale, cite le nom de suovenoi proche du grec sklavenoi plus tardif, il s'agit très probablement de la première mention de la racine du mot « slave ». On suppose que le nom de « Vénètes » est une forme latine du nom de « Wendes » que leur donnaient les Germains14.

Selon l’éminent historien byzantin Procope de Césarée, chaque année à partir du début du règne de l’empereur Justinien ,les Slaves attaquèrent, prirent de nombreux captifs et transformèrent la terre en « désert scythe ». Les écrivains grecs présentent les Slaves comme ceux « qui ne peuvent pas être réduits en esclavage ni subjugués dans leur propre pays ». Il est donc difficile d’imaginer comment le mot à l'origine de« esclaves » pourrait venir de « slaves ».

Pendant  leur expansion, les Slaves, attaquèrent l’Empire byzantin dans les Balkans, détruisirent des palais grecs et réduisirent en esclavage de nombreux habitants. Les historiens, comme entre autres le célèbre chercheur soviétique et russe Igor Froïanov, soulignent que de nombreux esclaves furent capturés par les Slaves. Comme le montrent les sources citées par l’historien, les esclaves de cette époque et dans cette partie du monde étaient principalement grecs.

Comment expliquer alors cette similitude entre « Slaves » et « esclave » en grec byzantin ? L’une des explications est que les deux mots sont de simples homonymes : ils sonnent pareil, mais ont des significations différentes.

Dans l’Empire byzantin, les Slaves étaient désignés par le mot sklävеnoi. En parlant d’esclaves, les Grecs du Moyen Âge utilisaient le terme σκλάβος, devenu sclavus en latin. Pourtant, il existe un autre mot similaire, « σκυλεύω » (« skyleuein »), qui signifiait « piller » ou « prendre un butin de guerre »15.

Toujours est-il que le mot slave est à l’origine de la Slavonie, de la Yougoslavie, de la Slovaquie et de la Slovénie. C’est également lui qui a donné le français esclave (latin médiéval slavus, sclavus), de nombreux Slaves des pays actuellement est-allemands, tchèques et polonais ayant été réduits en esclavage durant le haut Moyen Âge (et notamment dans l’Empire carolingien), tant qu'ils étaient encore polythéistes. Une fois christianisés, le processus cessa.

Origines : les Protoslaves[modifier | modifier le code]

 

Origine et expansion des Slaves (ve-xe siècles).

 

Origine et expansion des Slaves (vie-viie siècles).

Hypothèse de la culture Milograd[modifier | modifier le code]

Les Proto-Slaves (ou Balto-Slaves) auraient été les porteurs de la culture de Milograd (en) (viie siècle avant notre ère au ier siècle de notre ère) du Nord de l'Ukraine et du Sud de la Biélorussie, dans une région située à la confluence du Dniepr et de la rivière Pripiat.

L'hypothèse de la culture Chernoles et de la culture de Zarubinets[modifier | modifier le code]

Les Proto-Slaves seraient les porteurs de la culture de Chernoles (en) (750-200 avant notre ère) du nord de l'Ukraine, et plus tard de la culture de Tsaroubintsy ou culture de Zarubinets (iiie siècle av. J.-C. au ier siècle de notre ère) établie depuis la haute et moyenne vallée du Dniepr et la vallée de la Pripiat jusqu'au sud de la vallée de la Bug à l'ouest16.

Hypothèse de la culture lusacienne[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Culture lusacienne.

Les Proto-Slaves auraient été présents dans le Nord-Est de l'Europe centrale, au moins depuis la fin du IIe millénaire avant notre ère, et auraient été les porteurs de la culture lusacienne (1 300–500 av. J.-C.), et plus tard la culture de Przeworsk (iie siècle av. J.-C. au ive siècle ap. J.-C.).

Concernant leurs ancêtres, la plupart des historiens slaves s’accordent à penser que les premiers d’entre eux (les Protoslaves) auraient pu être enrôlés dans les confédérations de divers autres peuples en migration au nord de la mer Noire : ainsi, il a pu y avoir des Protoslaves parmi les Huns turcophones, parmi les Alains iraniens (ive-ve siècle), parmi les Goths germanophones (ve siècle), et on sait avec certitude (grâce aux chroniqueurs byzantins) qu'il y en eut parmi les Avars turcophones aux vie et viie siècle et surtout parmi les Varègues.

Le berceau originel des Protoslaves à la fin de l’Antiquité, si l’on en croit les témoignages archéologiques, pourrait se situer dans le bassin du Dniepr, dans les régions comprises entre, au nord, la Dvina occidentale, à l’ouest le San, au sud le Boug méridional, et à l’est le Don. Ces régions de plaine boisée, situées en Ukraine occidentale et en Biélorussie, sont celles qui portent les témoignages les plus anciens d’une présence slave (culture de Tcherniakov).

Il est possible que les Protoslaves aient également été apparentés aux Scythes et aux Thraces, dont la langue était « satem » comme celles des Slaves.

Migrations[modifier | modifier le code]

Selon la théorie de la « patrie de l'Est », avant d'être connus du monde gréco-romain, les tribus de langue slave ont fait partie des nombreuses confédérations multi-ethniques de l'Eurasie, telles celles des Sarmates, des Huns, des Avars et des Bulgares. Les Slaves sont sortis de l'ombre aux ve et vie siècles lors des grandes migrations, lorsqu'ils s'étendirent sur les territoires abandonnés par les tribus germaniques fuyant les Huns et leurs successeurs. Les Slaves apparaissent alors dans le pays entre l'Oder et la ligne ElbeSaale, dans le Sud de la Bohême, en Moravie, dans une grande partie de l'Autriche actuelle, dans la plaine pannonienne et les Balkans, tandis que près de leur terroir d'origine, ils occupent tout le bassin supérieur du Dniepr. D'autres arrivent jusqu'au Péloponnèse, tandis que des groupes passent le Bosphore et sont sédentarisés en Asie Mineure.

Autour du vie siècle, les Slaves se présentent en grand nombre aux frontières de l'Empire romain d'Orient, dont la partie européenne était alors peuplée de Grecs sur les côtes, et dans l'intérieur de Proto-Albanais et de Thraces latinisés. Les chroniques byzantines (Jordanès, Procope de Césarée et Théophylacte Simocatta) notent que : « l'herbe ne repoussait pas dans les endroits où les Slaves avaient défilé, si grand était leur nombre ».

Le caractère tardif des migrations slaves explique que des peuples parlant des langues différentes portent des noms apparentés, comme Slovènes et Slovaques, ou Serbes et Sorabes.

Premières mentions[modifier | modifier le code]

Dès le ier siècle apr. J.-C., Pline l'Ancien et Tacite parlent de Veneti (→ Vénètes), voisins orientaux des Germains.

Au iie siècle, Claude Ptolémée, tirant des informations des voisins méridionaux des Slaves, fait mention de Suovenoî, première apparition de la racine du mot « slave ».

Jordanès écrit que les trois ethnonymes, les Veneti, Sclavenes et Ante, étaient un seul et même peuple. Cela sera confirmé plus tard par entre autres Wawrzyniec Surowiecki (pl), Pavel Jozef Šafárik et d'autres historiens.

Les Slaves sous le nom d'Antes et de Sklavènes commencent à être mentionnés par les historiographes byzantins sous Justinien Ier (527–565). Au début des guerres gothiques, Procope de Césarée signale la présence de mercenaires antes parmi les troupes du général byzantin Bélisaire chargé de reconquérir l'Italie sur les Ostrogoths17.

Procope écrit en 545 que « Les Antes et les Sklavènes ont eu un seul nom dans un passé lointain, car ils étaient tous appelés Spori dans les temps anciens ». Il décrit leur structure sociale et leurs croyances : « ils ne sont pas dirigés par un homme, mais vivent depuis les temps anciens dans une démocratie où tout ce qui concerne leur vie, que ce soit en bien ou en mal, est décidé par le peuple assemblé. Ces deux peuples barbares conservent depuis les temps anciens les mêmes institutions et les mêmes coutumes, car ils estiment que seul Péroun, le créateur de la foudre, est maître de tout, et on lui sacrifie des bovins et toutes sortes d'autres victimes ».

Procope mentionne aussi qu'ils étaient grands et robustes : « Ils vivent dans de misérables hameaux qu'ils mettent en place de loin en loin, mais, généralement, ils sont nomades. Quand ils entrent dans la bataille, la majorité d'entre eux va à pied contre de leurs ennemis, portant peu des boucliers et des javelots dans leurs mains, et jamais de cuirasse. Certains d'entre eux ne portent pas même une chemise ou un manteau, mais juste des braies. Les deux peuples ont la même langue, tout à fait barbare. En outre, ils ne diffèrent pas du tout les uns des autres en apparence : ce sont tous des gens exceptionnellement grands et vigoureux, aux cheveux clairs ou blonds, à la peau rose, mais assombrie de crasse. Pauvres, ils vivent une vie difficile, ne prêtent aucune attention au confort, ni même aux lésions corporelles… ». Les études archéologiques et palynologiques confirment ces dires : une péjoration climatique de l'hémisphère nord semble en effet être à l'origine des grandes invasions aux iiie et viie siècles depuis les confins de l’Asie (où sévit durant des dizaines de décennies, une terrible sécheresse avec des gels prolongés, attestés par les pollens fossiles) et depuis le Nord de l’Europe (où l’absence d’été provoqua des famines détectables par l’état des personnes alors inhumées)18.

Jordanès précise qu'au début, les Sklavènes s'installaient d'abord près des marécages et des forêts, qui leur rappelaient leur pays d'origine. Par la suite, leur nombre croissant, ils occupèrent progressivement toutes les plaines, tandis que les populations antérieures hellénophones, latinophones ou albanophones se repliaient sur les côtes ou les piémonts et devenaient minoritaires.

Ménandre Protector mentionne un Sklavène nommé Daurentius (en) qui tua en 577–579 un envoyé du khan avar Bayan. Les Avars ayant demandé aux Slaves de devenir leurs vassaux, ce Daurentius aurait dit : « Qui voudrait notre terre, perdra la sienne, car c'est nous qui viendrons le soumettre ». Finalement, Avars et Slaves semblent s'être alliés sur un pied d'égalité.

Expansion maximale[modifier | modifier le code]

Aux vie et viie siècles, une partie des Slaves migre vers l’ouest jusqu’à l’Elbe et, contournant les Carpates, arrive au sud au Danube, à la place des Germains (Goths, Vandales, Gépides, Lombards…) qui s’étaient déplacés vers l’Empire romain d’Occident. Après le règne de Justinien, entre 586 et 610, les Slaves du Danube, alliés aux Avars arrivés en 567, font irruption au sud du fleuve, atteignant l’Empire romain d'Orient. Ils pénètrent dans les Balkans et atteignent l’Adriatique. Vers 548, ils sont en Illyrie (en Carinthie, en Istrie et en Albanie), provoquant l’abandon du limes oriental. Dans les Balkans, certains Slaves s’installent jusqu’au cœur de la Grèce et de petits groupes sont arrivés jusqu’en Anatolie, dans certaines îles grecques et en Italie (ou ils ont laissé des patronymes comme Schiavenno ou Schiano).

L’expansion des Slaves vers le sud est assez bien documentée, puisqu’elle a fait vaciller l'autorité de l’Empire byzantin sur les Balkans, au profit des Avares et des Bulgares. Des chroniqueurs comme Jean d'Éphèse en ont fait le récit : « Trois ans après la mort de Justin, en 581, le maudit peuple des Sclavènes parcourut toute l’Hellade, les provinces de Thessalonique et de Thrace, ravagea quantité de villes, prit d’assaut de nombreuses forteresses, dévasta et brûla, réduisit la population en esclavage et se rendit maître du pays tout entier. »

La poussée des Slaves vers l’ouest, à partir du vie siècle, leur permit de peupler des territoires qui avaient été auparavant peuplés par les Germains. La toponymie révèle l’emprise des Slaves sur l’Est de l’actuelle Allemagne orientale. Les Slaves habitant cette région ont été les Obodrites et les Sorabes. Beaucoup de noms de lieux ont ici des étymologies slaves, à commencer par le nom de la ville de Berlin, qui, selon les étymologues slavisants, ne viendrait pas de l'allemand Bär (« ours ») mais du slave berlo (« bâton, pieu »). Berlin était donc la « ville entourée de pieux ». Cette étymologie est d’autant plus probable que, pour les Slaves, les pieux constituaient non seulement les éléments de base des remparts, mais aussi les fondations des habitations en zone marécageuse (et Berlin en est une). Quant à Leipzig, c’était la « ville des tilleuls », Lipsk en slave.

 

Alaska Russe

L'expansion des Slaves jusqu'en Amérique eut lieu au XIX e siècle et qui à cette époque répartissait le territoire des Slaves sur 3 continent. (Europe, Asie, et Amérique du Nord

L'Alaska est la version Slavisé (Аляска) du mot aléoute Alakshak signifiant « terres » ou « grande péninsule », avant la vente de cette dernière aux États-Unis en 1867. Les Slaves, touchèrent également le nord de la Californie, entrant ainsi en compétition avec les Espagnols établis au sud19.

Arrêt de l'expansion slave en Europe de l'Ouest[modifier | modifier le code]

À partir du IXe siècle les germaniques constru=== Arrêt de l'expansion slave en Europe de l'Ouest ===a Francie orientale) allant du nord au sud de l'Europe pour empêcher l'expansions des Slaves à l'ouest.

 

La marche Sorabe

Louis le germanique fut celui qui commença ce travail de renforcement des frontières( la marche Sorabe) qui au fil du temps contribua a stopper l'avancer des Slaves sur les territoires germanique20,21.

Le commerce d'esclaves, nom dérivé de Slaves, a amené certains beaucoup plus loin de leurs terres d'origines, jusqu'en Espagne musulmane où des esclaves de cour ont fondé des dynasties : Saqāliba désigne les Slaves, en particulier les esclaves et les mercenaires dans le monde arabe médiéval22. Le Saqālib avait la réputation d'être « le plus courageux et violent des guerriers ». Dans le monde musulman, les Saqālib, très prisés notamment en raison de leur blondeur, ont servi ou ont été forcés de servir d'une multitude de façons : fonctionnaires, harem, eunuques, artisans, soldats, et même gardes personnelles du calife de Cordoue. Convertis à l'islam, certains Saqālib sont devenus dirigeants des taïfas (principautés) dans la péninsule Ibérique, après l'effondrement du califat.

Art de la guerre[modifier | modifier le code]

Le Strategikon ou Strategicon (en grec : Στρατηγικόν) est un traité de stratégie militaire qui aurait été rédigé pendant le VIe siècle et le plus souvent attribué à l'empereur byzantin Maurice Ier et qui est certainement la source la plus importante pour la stratégie militaire slave. Il est d'une telle importance parce qu'il a été écrit par des soldats, pour les soldats, comme un livre de référence pratique. C'est pourquoi nous pouvons le considérer comme fiable. Tout le chapitre de ce livre est dédié aux slaves. Au tout début, l'auteur souligne que les Slaves sont très durs. Il dit aussi que l'une des stratégies militaires slaves se cache sous l'eau, tout en utilisant la paille pour respirer. C'était une sorte de camouflage sous-marin, puisque l'observateur de la rive ne pouvait voir les pailles. Maurice a également décrit le comportement Slave pendant la bataille. Il prétend qu'ils exécutent de manière désordonnée et totalement éviter les terrains plaine et plate. Il confirme plus tôt cité Procope et Simocatta. Maurice affirme clairement que les Slaves, lors de l'entrée dans la bataille, "Avance en faisant beaucoup de bruit " Si cette peur de l'ennemi réussit, ils attaquent, mais sinon, ils se replient immédiatement d'où ils sont venus. Ici, nous apprenons que les tactiques d'intimidation d'un ennemi était connu des Slaves. Il y a une dimension psychologique à cette stratégie à laquelle je vais revenir plus tard dans le texte. Pour l'instant, il est important de souligner que les Slaves ont été qualifiés dans ce segment de la guerre.

En l'an 586 ce, slaves et Avars attaqué Thessalonique. Il ya un enregistrement de cet événement dans le "Miraculi Sancti Demetrii" ("miracles de Saint-Demetrius"). Cette source apporte des informations très importantes sur les Slaves en utilisant les moteurs de siège tout en conquérant les villes. Les dispositifs mentionnés sont helepolis, Bélier, catapultes et soi-disant tortues. Contrairement aux exemples précédents, nous voyons maintenant les Slaves et les Avars utilisaient des outils de combat avancé pour assiéger. Et ce n'est pas tout. Nous avons également lu que les Slaves et Avars ont tenté de traverser l'eau en utilisant des échafaudages, afin d'envahir le port de la ville. Cependant, il semble que les Slaves n'étaient pas habiles dans la manipulation des moteurs de siège. Selon l'auteur des "miracles", ils ont continué à jeter des pierres énormes de l'aube jusqu'au soir, mais pas une pierre a frappé le mur de la ville. Il est évident que cette technologie était encore nouvelle pour les Slaves, qui ont été habitués à une manière différente de conquérir les villes.

Une autre façon dont les Slaves ont atteint les villes entourées d'eau a été l'utilisation de bateaux fabriqués à partir d'un tronc de bois-monoksils. Ils ont été utilisés lors de l'attaque de Constantinople en 626 EC, et plus tôt, dans l'invasion de Thessalonique 614-616 ce. Dans ce dernier cas, les Slaves ont même protégé leurs bateaux par le cuir cru, pour les rendre résistants aux flèches et aux pierres.

"les miracles de Saint-Demetrius" mentionnent un certain artisanat Slave habile à façonner des engins de combat en bois. Cette information se réfère à l'année 677 . Ainsi, nous voyons que les slaves en moins de 1 siècles ont appris à produire des moteurs de siège de leur propre chef, et sans doute, comment les utiliser d'une manière plus efficace. Cela ne veut certainement pas dire que cette nouvelle technologie a mis un terme à leur stratégie d'embuscade préférée. Il devait être utilisé pendant une longue période, comme un système de guerre efficace.

D'après ce qui a été dit précédemment, nous pouvons conclure que la tactique militaire principale des Slaves était une attaque sournoise. Selon les sources, les Slaves étaient très habiles dans la clandestinité, au cours de laquelle ils pouvaient également utiliser différents types de camouflage. Il leur a permis de vaincre les ennemis mieux équipés et formés. Les Slaves ont également été en mesure d'utiliser des éléments psychologiques durant les batailles, en faisant des efforts pour effrayer l'ennemi. Cacher et camoufler a donné un avantage psychologique aux slaves. L'ennemi ne pouvait pas savoir d'où l'attaque peut venir. Il a diminué ses chances de regrouper les forces efficacement, surtout en ayant à l'esprit que les attaques slaves ont été organisées comme des raids23.

Structures politiques[modifier | modifier le code]

 

Allégorie : combat des Slaves contre les Scythes (Viktor Vasnetsov, 1881).

Grossissant les rangs d’autres peuples d’origine iranienne (les Sarmates), turco-iranienne, ou encore germanique (les Goths), les anciens Slaves ne formaient pas encore, au départ, des « nations » (au sens actuel du terme).

À l’origine répartis en de nombreuses tribus, sans doute de taille modeste, les Slaves n'avaient pas encore d'organisation politique ou militaire à grande échelle. L’unité de base était probablement la famille, et au-delà de celle-ci, le regroupement en communautés villageoises agro-pastorales, les Sklavinies. Karol Modzelewski souligne la similitude entre les structures sociales des anciens Slaves et celles des anciens Germains et Baltes. La communauté familiale, fortement solidaire, est intégrée dans le cadre de l'assemblée villageoise et dans celui, plus vaste, de l'assemblée tribale autour d'un sanctuaire commun. Les décisions se prennent à l'unanimité par acclamations, en l'absence d'un appareil étatique permanent. L'expansion des Slaves prend d'abord la forme d'une infiltration dans les vides laissés par les vagues migratoires des Avars, Bulgares, Hongrois...

La tactique des Slaves, décrite par l'empereur byzantin Maurice, relève de la guérilla : ils s'abritaient dans les forêts et les marécages, et évitaient la bataille rangée. Un auteur carolingien les qualifie de « grenouilles ». En tout cas, la méthode s'avère efficace contre des États aux ressources limitées, qui ne peuvent maintenir leur armée en campagne pour de longues périodes.

 

Le monde slave aux viie et viiie siècles.

Formation des premiers « États » slaves (viiexie siècles)[modifier | modifier le code]

Elle est étroitement liée aux contacts avec les peuples voisins, notamment les Varègues, mais aussi les empires germanique, byzantin et khazar.

Au xe siècle, à la suite des première et deuxième vagues d’invasions barbares, le « domaine slave » atteint son extension historique (et maximale vers l’ouest) : les langues slaves commencent alors à diverger, ayant acquis au cours des invasions des caractères différents permettant de distinguer parmi eux tribus occidentales, méridionales et orientales (sur le plan linguistique).

La pression des peuples germaniques au nord et à l’ouest (à l’époque carolingienne, les Francs les arrêtent sur l’Elbe ; à l’époque ottonienne, les Saxons commencent à s’étendre vers l’est), et celle des peuples des steppes à l’est et au sud semble avoir mis un terme à l’expansion des Slaves et les avoir fixés dans l’espace.

Le rôle de l’évangélisation des Slaves dans la formation de leur identité[modifier | modifier le code]

 

L'évangélisation des Slaves (bas-relief en céramique à Berlin).

Initiée à la fois depuis Constantinople au sud, et depuis Rome à l’ouest, l’évangélisation des Slaves s’étend également du début du ixe siècle jusque vers la fin du xie siècle pour l’essentiel d’entre eux, du moins.

L’action de Cyrille et Méthode – le premier ayant achevé d’apporter aux Slaves une écriture : l’alphabet glagolitique – fut celle qui eut le plus de conséquences. À cause de son caractère graphique assez difficile et compliqué, au cours du xe siècle, l’alphabet glagolitique sera progressivement remplacé par l’alphabet cyrillique, dérivé de l'alphabet grec.

Dès lors, les Slaves de l’Ouest et une partie des Slaves du Sud (les Croates, les Slovènes et les Dalmates), qui avaient embrassé la religion chrétienne catholique définie par Rome, eurent un destin politique distinct des autres Slaves (de l’Est ou du Sud) qui avaient embrassé le christianisme de rite grec, dit « orthodoxe », défini par les quatre autres patriarches (Jérusalem, Constantinople, Antioche et Alexandrie, bientôt rejoints par Moscou). La division religieuse se doublait d'une division politique, puisque les Slaves de rite latin se définissaient par rapport à le Saint-Empire romain germanique, qui pouvait leur reconnaître ou non le titre royal, et ceux de l'Est par rapport à l'Empire byzantin : les Bulgares, puis les Serbes et enfin les Russes s'efforceront d'obtenir le titre de « tsar » (césar) par délégation ou succession de Byzance.

Identité Slave hors du contexte religieux[modifier | modifier le code]

En 1440, le souverain polonais Ladislas Warneńczyk (Ladislas III Jagellon) fut couronné roi de Hongrie et, à cette occasion, il reçut la délégation du roi bosniaque Tvrtko II à Buda.  Ils ont discuté des possibilités de coopération contre les Turcs, mais ils ont également souligné l'origine ethnique commune des Bosniaques et des polonais.

L'historien croate Vjekoslav Klaic (Poviest Bosne, 1882) a écrit ces lignes sur l'événement : « le roi Stephen Tvrtko II et le despote George Brankovic espère que les meilleurs moments viendront et ont été ravis que la Couronne hongroise a été prise par un souverain slave de sorte qu'ils ont envoyé leur délégués à Buda pour saluer le nouveau roi et lui demander de l'aide. »

Le biographe du roi Vladislav a écrit ceci au sujet de la délégation bosniaque : « le roi bosniaque a également envoyé une délégation composée de grands maris. » Avec des histoires sur les origines de leur tribu, ils ont souligné que les Bosniaques avaient les mêmes ancêtres que les polonais et qu'ils ont la même langue parlée. Ils ont également déclaré que le roi bosniaque est satisfait du fait que le roi Ladislav a réussi dans ses campagnes militaires et ont mentionné le langage commun et origine commune.

Cet événement est également décrit le livre Polonais appelé Dzieje Rzeczypospolitej Polskiej de Jędrzej Moraczewski24.

Le roi Ladislas est mort pendant la bataille de Varna en 1444 où il a également commandé un groupe de chevaliers bosniaques envoyés par le roi bosniaque pour lutter contre les Turcs.

L'union de tous les Slaves du Sud[modifier | modifier le code]

 

Grande Yougoslavie

Après la Seconde Guerre mondiale des tentatives de négociations ont vue le jour pour favoriser une union de tous les slaves des Balkans dans une grande Yougoslavie, comprenant la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Monténégro, la Serbie, y compris le territoire contesté du Kosovo, de la Slovénie et de la Vardar Macédoine, y compris la Bulgarie, la Thrace occidentale et la Macédoine grecque ,l'Albanie et dans certaines propositions d'autres territoires . Au moins une partie de la Carinthie autrichienne ou tout cela, et pour un temps débutant en novembre 1943 avait revendiqué toute la région italienne du Frioul-Vénétie Julienne. Le gouvernement du Royaume de Yougoslavie a demandé l'Union de la Bulgarie en Yougoslavie25.

Les établissements et les « États » slaves du haut Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Les structures politiques mises en place au haut Moyen Âge par les Slaves, ou par les peuples qui les encadraient, ne durèrent pas longtemps et sont assez peu connues. Ces Sklavinies (grec : Σκλαβινίαι, latin : Sclaviniæ), intercalées entre les « valachies » du bassin du bas-Danube et dans l'Empire byzantin aux viie et ixe siècles, étaient le plus souvent de petites communautés appelées Kniazats (ou Canesatsdans les chroniques en latin), mais parfois aussi Banats (« duchés autonomes » en hongrois) ou encore voïvodies (« provinces autonomes » au sein d’autres États, à ne pas confondre avec les Voévodats roumains, dont le nom est également d’origine slave, mais qui sont des principautés).

Comme pour la majorité des peuples qui participèrent aux invasions, le terme d’État parfois conféré à ces structures est contestable dans la mesure où les khanats, royaumes ou principautés de cette période, étaient bien éloignées de la res publica antique, confondant sous un même terme les territoires, la dépendance des hommes à l’égard d’un pouvoir personnel et les biens de ce pouvoir.

Le royaume des Antes sur le Don : un « État » protoslave[modifier | modifier le code]

Selon Procope de Césarée, Jordanès et Maurice le Stratège, les premiers Slaves comptaient les Vénètes, les Wendes (deux formes du même mot), les Sklavènes et les Antes. Ces derniers, échappant à la domination des Goths aux iiie et ive siècles grâce à l’arrivée des Huns, auraient finalement constitué un premier État entre le Dniepr et le Don de 523 à 602. Celui-ci fut écrasé par les Avars, peuple turcophone des steppes, nouveau venu dans les invasions « barbares ».

Les Slaves de l'Ouest en Europe centrale[modifier | modifier le code]

Les Slaves occidentaux atteignirent la région de Dresde avec les Sorabes sans doute au vie siècle : ils disposent aujourd’hui encore d’une autonomie locale en Lusace, dans l’Allemagne orientale.

À leurs côtés se trouvaient alors :

Les Polanes (les futurs Polonais) suivaient vers l’est, eux-mêmes voisins des Drezvlianes (futurs Biélorusses) proches des Vyatiches, établis autour de Moscou) (futurs Russes).

Des agglomérations modestes, nommées gorods, grods ou grads, furent fondées en grand nombre partout où ils se trouvaient et sont connues pour la période kiévienne.

Le royaume de Samo (623658)[modifier | modifier le code]

Si l'origine de Samo reste incertaine, il fut le premier souverain des Slaves (623–658) dont le nom est connu ; il a fondé l'un des premiers États slaves, une union supra-tribale généralement appelée : empire, royaume ou l'union des tribus de Samo.

Les Slaves s'établissent sur des territoires qui correspondent aujourd'hui à la partie orientale de l'Allemagne, à la République tchèque, à la Slovaquie et à l’Autriche. Ils souffrirent au viie siècle de la domination des Avars sur la région et de l’hostilité des Francs à l’ouest : en 623, ils se révoltèrent et élurent un commerçant franc nommé Samo comme chef.

 

Empire de Samo.

L’évènement le plus célèbre de la carrière de Samo est sa victoire sur l'armée royale franque sous Dagobert Ier en 631 ou 632. Provoqué par une « violente dispute dans le royaume de Pannonie des Avars ou Huns » lors de sa neuvième année, Dagobert a mené trois armées contre les Wendes, la plus importante étant composée de Austrasiens sous lui. Les Francs furent mis en déroute près de Wogastisburg (castrum latine Wogastisburc), un lieu non identifié qui signifie « forteresse / château de Vogast ». Au lendemain de la victoire des Wendes, le prince sorabe Dervan abandonne les Francs et se « place lui-même et son peuple en vertu de Samo » (Frédégaire). Samo aurait même envahi la Thuringe franque à plusieurs reprises et y aurait entrepris des pillages.

Il vivait avec douze femmes, avec qui il eut 32 garçons et 15 filles ou, selon d'autres versions, 22 fils et 15 filles. La légende raconte que le roi, sur son lit de mort, « appela trois de ses fils auxquels il ordonna d'amener chacun deux flèches. Il prit à chacun une première flèche et rompit les trois flèches une par une sous leurs yeux. Puis il leur prit la seconde flèche et essaya vainement de rompre les trois flèches ensemble. Vous voyez, conclut-il, si vous restez ensemble, unis pour lutter contre l'ennemi, vous ne serez pas brisés : dites-le à vos autres frères et sœurs ! »26.

La Grande-Moravie (833907)[modifier | modifier le code]

Après que les Avars ont été écrasés par les Francs (à l’ouest), par les Bulgares (à l’est) et par les Moraves et les Slovaques (au nord), la principauté de Moravie (en République tchèque orientale et Slovaquie occidentale actuelles) s’agrandit d’abord de la principauté de Nitra (qui comprenait la Slovaquie, la Hongrie du Nord, et l’Ukraine subcarpathique), plus tard de la Bohême (890–894) et du Sud de la Pologne actuelle. C’est ainsi que se forma la Grande-Moravie en 833. Cet État « hérissé de villes fortifiées et de châteaux forts » (Denise Eckaute) dut combattre les Saxons au nord et les Bavarois au sud : il dura moins d’un siècle sous cette forme. L’empire, dirigé par Mojmir I, Ratislav, Slavomir (en), Svatopluk (871–894) et Mojmir II, disparut en effet en 907, pour cause de querelles internes et sous les coups des tribus hongroises, les Magyars, récemment arrivés dans la région depuis la steppe ukrainienne (Etelköz) située à l’est des Carpates.

C’est notamment à l’initiative de Ratislav que les missionnaires Cyrille et Méthode furent dépêchés en 863 par l’empereur Michel III pour évangéliser les Slaves.

La principauté de Bohême (fin du ixe sièclexie siècle)[modifier | modifier le code]

Le royaume de Bohême se constitua autour de Prague à la fin du ixe siècle. La région, qui avait été rattachée à la Grande-Moravie en 888/890894 sous le règne de Svatopluk, devint un État tributaire de la Francie orientale en 895.

Au xe siècle, la dynastie des Premyslides y affirma son pouvoir sous le règne de Venceslas Ier de Bohême (921–935). Venceslas, confronté à la puissante Saxe, devint le vassal d’Henri l’Oiseleur et se plaça sous la protection du pape afin de consolider son pouvoir. Se heurtant à l’opposition des nobles et de son frère en raison de cette politique qui renforçait l’autorité centrale, il fut tué par ce dernier en 935 et devint martyre à la fin du siècle.

Le fratricide Boleslav et ses successeurs, notamment Boleslav II (972999), continuèrent avec moins de succès l’œuvre de Venceslas, limités par le Saint-Empire romain, auquel la principauté appartenait, et par la puissance polonaise. Prague devint un évêché en 973, la Moravie actuelle fut conquise en 1019 et c’est finalement sous le règne de Vratislav II (1061–1092) que la dynastie obtint en 1089 la couronne des mains de l’empereur Henri IV pour avoir pris son parti au moment de la querelle des investitures (1075–1122) avec le pape.

Le royaume de Gniezno (xe siècle)[modifier | modifier le code]

Peu après le milieu du xe siècle se forma également le premier « État » polonais autour de Gniezno, sous le règne de Miesko Ier (ou Mieszko, 920992) qui prit le titre de roi, reçut le baptême et épousa la sœur du duc de Bohême, Boleslas Ier, en 966. Ainsi, il choisit d’épouser le christianisme directement de Rome pour éviter de tomber sous la domination saxonne.

Miezko s’était entendu avec le margrave saxon Gero (mort en 965) pour soumettre les Slaves de la Baltique. Ayant unifié les Slaves de la Vistule, il sut profiter successivement de l’écrasement des Magyars par Otton Ier au Lechfeld (955), puis de la défaite italienne d’Otton II au cap Colonne (982), tout comme ses successeurs profiteraient de l’affaiblissement des Hohenstaufen au xie siècle, pour faire reconnaître sa royauté par l’empereur et pour constituer un royaume polonais qui allait s’étendre de Gdańsk à Cracovie.

Les Slaves du Sud dans les Balkans[modifier | modifier le code]

Au ve siècle Procope et Théophylacte Simocatta mentionnent qu'en 577, une horde de 100 000 Slaves envahit la Thrace et l'Illyrie : Sirmium (actuelle Sremska Mitrovica, la cité byzantine la plus importante sur le Danube), est perdue en 582. Les débuts de la présence slave dans l’empire d’Orient sont contemporains de l'arrivée des Antes aux bouches du Danube, et des Sklavènes dans l’Illyrie, la Dalmatie, la Mésie et la Thrace. Auparavant, les Slaves avaient déjà ravagé ces parties de l'Empire byzantin en 545546 (Thrace), en 548 (Dyrrachium, Illyricum), en 550 (Thrace, Illyricum), 551 (Illyricum), ce qui leur avait donné une connaissance du terrain, et affaibli les défenses impériales. Entre la fin du vie siècle et le début du viie siècle, l’irruption des Avars vient bouleverser cette relative stabilité, mais il semble que les Slaves avaient recommencé leurs mouvements auparavant : les chroniques syriennes, qui datent de 551, mentionnent une seconde vague d’invasion qui atteint la mer Égée. À la fin du vie siècle, Jean d'Éphèse écrit que « toute la Grèce est occupée par les Slaves ». En tout cas, c’est sans doute à cause de l’invasion des Avars que le limes danubien est franchi à nouveau par les Slaves au début du viie siècle : en 609, 617 et 619. En 617, les faubourgs même de Constantinople sont menacés27.

Une fois installés en « sklavinies », intercalées entre les « valachies » existantes28, l'empire leur accorde finalement le statut de « fédérés » (fœderati), mais concrètement, ne contrôle plus que les côtes de la péninsule balkanique, où les Slaves deviendront progressivement majoritaires dans l'intérieur : ils y laissent une empreinte particulière qui persiste jusqu’à nos jours18. Une fois majoritaires sur le plan démographique (si l’on excepte l’Albanie, les côtes grecques et les terroirs montagneux valaques comme la Romania Planinaou le Stari Vlah près de Sarajevo), les Slaves du Sud, d'origines diverses, vont se différencier aux ixe et xie siècles :

  • les plus occidentaux d’entre eux, les Carentanes (du slave Korǫtanъ désignant alors le pays où s’installèrent les ancêtres des Slovènes, dont l’actuelle Carinthie), furent confrontés aux Bavarois. Ces derniers ont arrêté l’expansion slave vers l’ouest. Les mêmes Slovènes tombèrent ensuite sous la domination des Avars au viie siècle. Leur aire de répartition initiale couvrait tout l’Ouest de l’actuelle Hongrie (principautés de Pribina et Kozel). L'indépendance des Slovènes fut de peu de durée, puisqu'ils ne tardèrent pas à passer sous la domination de l'aristocratie allemande dans les duchés de Carinthie et Carniole.
  • les Serbes, qui apparaissent initialement dans l’actuelle Allemagne orientale, en Serbie blanche, se sont ensuite établis au centre et à l’est des Balkans sous la conduite du prince de Serbie blanche, formant en outre des enclaves jusqu’en Grèce orientale. Par la suite ils établirent un État puissant sous la dynastie des Nemanjic (voir Empire serbe).
  • d’autres peuples slavophones, aujourd'hui disparus, se partagèrent le reste des anciennes provinces romaines adriatiques : ainsi, les Doukliènes et les Narentins remplacèrent petit-à-petit les Istriens en Istrie et les Morlaques en Dalmatie ; ils s'intégrèrent ultérieurement aux Croates.
  • Les plus orientaux d’entre eux, les Slavons apparaissent d'abord dans le bassin du bas-Danube, en connexion avec la confédération irano-turcophone des Bulgares, dont ils prennent le nom et à laquelle ils donnent leur langue. Les Slavons/Bulgares s'étendent ensuite progressivement vers la mer Égée, absorbent la plupart des Thraces latinisés (le restant donnera naissance aux minorités aroumaines) et se différencient tardivement (aux xixe et xxe siècles) en Macédoniens et en Bulgares, aux langues encore très proches.

Les Slaves dans l'Adriatique[modifier | modifier le code]

Comme la Baltique, l'Adriatique a connu la piraterie des Slaves qui ont commencé à améliorer leurs connaissances en construction navale au contact des Dalmates et au moment où les Arabes se mirent à attaquer les eaux de l'Empire romain d'Orient. Vers le milieu du viie siècle, en 642, les Slaves ont monté une expédition navale à partir de la côte dalmate vers l'Italie et envahi Siponto dans le golfe du mont Gargan. Par la suite, leurs raids à travers l'Adriatique ont augmenté rapidement, ainsi que leur piraterie contre le commerce naval byzantin avec Venise.

En 827–828, les Slaves narentins sont de plus en plus présents dans la sphère d'influence de la future république de Venise. Un chef Narentin y est baptisé en 829, marquant un traité entre Méranie et Venise. Cependant, quand Venise s'affaiblit, les Narentins reprenaient leurs raids de pirates, comme en 834/835 lorsqu'ils pillèrent et massacrèrent plusieurs marchands vénitiens qui revenaient du duché de Bénévent dans le Sud de l'Italie, ou en 846, lorsqu'ils attaquèrent Venise elle-même, s'emparant de la ville voisine de la lagune de Caorle. Après de nombreuses réussites militaires, l'auto-détermination, la liberté et le tribalisme gagnèrent en force dans le bassin de la Neretva et chez les Méraniens.

Au ixe siècle les pirates slaves du Sud détruisirent le village fortifié de Sipar (en Istrie).

Dès la seconde moitié du ixe siècle, les Narentins commencent à changer leur mode de vie de pirates, ce qui ne les empêche pas d'enlever contre rançon l'émissaire de l'évêque romain qui revenait du Conseil ecclésiastique de Constantinople dans le milieu de mars 870. Les païens slaves ont longtemps résisté à l'influence du christianisme, jusqu'à ce que l'empereur romain oriental Basile Ier de la dynastie macédonienne ait réussi à les pacifier. Il réunifia ensuite l'ensemble de la Dalmatie sous la domination byzantine impériale. Ils ont été baptisés en 870.

Dès que la marine impériale s'est retirée des eaux de l'Adriatique, les païens reprirent leurs vieilles habitudes de pirates, menant une offensive militaire contre les vénitiens en 886.

Le doge vénitien Pietro Ier Candiano alla lui-même avec 12 galères dans les eaux de Neretva en 887, et y coula 5 navires narentins dans le port de Mokro. Après avoir débarqué ses troupes près de Mokro, il en chassa les Méraniens, en avançant à l'intérieur des terres. Le 18 septembre 887, les Narentins se précipitèrent contre lui et le vainquirent de manière décisive. Dans la bataille, le doge Pietro Ier lui-même perdit la vie.

Cela incita la république de Venise à renouveler son alliance anti-slave avec le roi Bérenger Ier d'Italie le 7 mai 888.

Le premier Empire bulgare (6811018)[modifier | modifier le code]

En 649, les Bulgares, confédération initialement iranophone et turcophone établie dans la boucle du Don, furent attaqués à l’est par les Khazars, peuple turcophone converti au judaïsme, établi le long de la Volga. Ils se scindèrent alors en deux groupes : l'un partit vers le nord et s'établit sur la moyenne-Volga (Bulgarie de la Volga), l'autre partit vers l’ouest et s'établit dans l'actuelle Ukraine (empire de Koubrat). De là, les Bulgares, déjà mélangés à des Slaves, affrontèrent l'empire d’Orient et, après avoir vaincu l’empereur Constantin IV Porphyrogénète, s’installèrent en Mésie orientale, sur la mer Noire (autour de Varna, en Bulgarie). Là, ils soumirent la population déjà majoritairement formée de Slavons, dont ils finiront par adopter la langue.

Sous le « règne » de leur khan, Asparuch, les Bulgares constituèrent un premier empire, mi-slavon, mi-valaque par sa population (681). Il s’étendit progressivement, regroupant un grand territoire recouvrant les États actuels de Bulgarie, Grèce septentrionale, Macédoine, Moldavie, Roumanie et Serbie orientale. Linguistiquement et culturellement, la fusion qui s’opéra entre Slavons des plaines, Valaques des montagnes, Bulgares de l’aristocratie du Khân et Grecs des côtes, se fit au profit de la langue des Slavons, même si des témoignages épigraphiques montrent que de nombreux éléments culturels bulgares, latins ou grecs survécurent au moins jusqu’au xe siècle. Religieusement, ce furent les Grecs qui donnèrent au royaume sa religion chrétienne orthodoxe.

Le nouvel Empire ainsi constitué fut l’un des plus redoutables rivaux de Byzance. Au ixe siècle, deux de ses souverains, Boris Ier qui reçut le baptême et prit le nom de Michel, puis Siméon le Grand tentèrent même de prendre le titre de Basileus. Ils échouèrent à prendre Constantinople, mais possédaient la majeure partie de la péninsule balkanique. Bien plus tard, l’empereur byzantin Basile II réussit à abattre cet empire malgré les efforts de son dernier souverain, le tsar Samuel, et prit le titre de Bulgaroctone (« massacreur de Bulgares ») en 1018.

Les Slaves des Balkans et l’Empire byzantin[modifier | modifier le code]

Depuis le début du vie siècle, les Slaves qui ont commencé à passer le Danube dévastent et pillent les riches villes byzantines, les forteresses et les villages thraco-romains de l'intérieur. En 517 apr. J.-C., sous le règne du basileus Anastase Ier (419–518), la Macédoine, l’Épire et la Thessalie sont dévastées par les Slaves qui, vers la fin du vie siècle, commencent à s’établir dans région d’Ohrid où sont mentionnées les tribus des Berzites, Dragovites, Sagudates et Veleguisites formant une alliance conduite par le chef Hatskon.

Les « Sklavinies » se multiplient sur l'ensemble du territoire compris entre les villes contemporaines de Vélès, Kavadarci, Prilep, Monastir et Debar. La ville grecque dévastée de Lychnidos (en) prit, au xe siècle, à l'époque du tsar Samuel Ier de Bulgarie, le nom slave d'Ohrid peut-être dérivé du substantif Hrid, colline.

Face aux Sklavinies, l'Empire byzantin réagit selon les circonstances29 : il tenta d'en faire ses vassaux, de les christianiser et helléniser à partir des évêchés grecs locaux, mais aussi de les combattre. Il réussit dans certains cas et notamment sur les côtes et autour des grandes villes, plus facilement accessibles à ses forces terrestres et navales ; il échoua dans d'autres cas et perdit progressivement le contrôle de l'intérieur des Balkans, surtout au nord de la péninsule. C'est pourquoi tant les cartes qui figurent l'Empire comme contrôlant encore toute la péninsule au viie siècle, que celles qui figurent son contrôle comme se limitant dès le vie siècle aux seuls abords de Constantinople, de Thessalonique et d'Athènes, sont simplificatrices et donc erronées.

Les résultats des fouilles archéologiques à Ohrid nous indiquent que les Slaves installés dans la région, ont progressivement commencé à absorber la culture autochtone (hellénique, albanaise et romane) : à partir du viie siècle une culture slave médiévale aux caractéristiques spécifiques (langue slave, christianisme orthodoxe, traditions balkaniques communes avec les Grecs, les Albanais et les Valaques) émerge dans la région d'Ohrid et dans d'autres parties de la Macédoine. Cette culture se diffuse au ixe siècle dans l'ensemble de l'État macédonien médiéval.

Sous Justinien II, puis sous ses successeurs de la dynastie isaurienne (717775), les Byzantins regagnèrent politiquement le terrain perdu en soumettant les uns après les autres les Slaves des Balkans, mais ceux-ci formaient désormais la majorité de la population dans la péninsule. Les populations qui résistèrent furent chassées au nord du Danube (notamment des Valaques) et en Asie Mineure (notamment des Slaves). Ces mesures s’accompagnèrent de la mise en place de nouvelles structures administratives à caractère défensif : les « thèmes », circonscriptions à la fois militaires et civiles gouvernées par des « stratèges ». Ainsi, en partie sous l’action indirecte des Slaves et ayant perdu la plupart de ses populations latinophones, l’Empire romain d'Orient se transforma en Empire byzantin, c’est-à-dire essentiellement grec. À partir du milieu du viiie siècle les Slaves d’Épire, de Thessalie, du Péloponnèse, de Macédoine méridionale, des rives de l’Égée et des abords d’Andrinople et de Constantinople (en slave Tzarigrad, la « ville des Césars ») sont progressivement hellénisés et au xe siècle l’Empire regagne ainsi sur le plan culturel également, le terrain qu’il avait perdu depuis trois siècles. Cela lui permet, à la fin du xe siècle, de mettre fin à l’existence de l'État macédonien médiéval et de reconquérir toute la péninsule des Balkans (reconquête achevée en 1020).

Les Slaves de l'Est en Europe orientale[modifier | modifier le code]

En mer Baltique, des groupes de pirates slaves ont sévi du viiie au xive siècle.

Les Slaves de la Baltique, dont l'agriculture n'est pas très développée au début de 800, ont un besoin urgent de ressources. Les îlots secs étaient les seuls capables de produire des cultures et le bétail était rare. Le lin a pu être cultivé. Il a été transformé en lin ou en toile pour les vêtements et utilisé comme une forme de monnaie. À cette époque, les Slaves baltes ont été également connus pour l'apiculture, échangeant leur miel et la cire avec les Allemands pour confectionner des cierges et pour créer l'étanchéité des documents. Une fois que le commerce a commencé, la monnaie allemande a circulé au sein du groupe. Il n'y a pas d'information sur cet échange entre Germains et Slaves au ixe siècle.

Pendant cette période, il est connu que les Slaves se sont croisés avec les Danois, conduisant à une série d'événements fatidiques. Les Slaves de la Baltique s'étaient engagés dans des activités de piraterie. Tandis que les Danois ont estimé que le commerce et le piratage allaient de pair. Ce qui rend intéressante la tentative de relations commerciales. Les Slaves de la Baltique s'intéressent très tôt dans le développement commercial. Ils tentent de prendre des rivières au Danemark en vue de contrôler le commerce. Les Danois ne l'entendaient pas ainsi; il y eut des guerres entre ces peuples.

En Europe orientale, c'est vers l'est que les Slaves s'étendent, rencontrant au nord-est des populations finnoises établies autour des lacs et dans la forêt boréale, et au sud-est des populations turcophones nomadisant dans la steppe eurasienne, entre les bouches du Danube et l'Altaï. Combats, avancées, reculs, assimilations, traités alternent. Le premier grand État attesté se constitue au ixe siècle : c'est la Rus' de Kiev, traduite dans les sources historiques par Ruthénie, Russynie ou Roussénie (puis plus tard par « Russie de Kiev » par anachronisme en français). Au xie siècle, c'était le plus grand État d’Europe en superficie. Fondée à l'origine par les Varègues, la Rus' tire son nom du scandinave rodslagen(« le pays du gouvernail »)30.

Initialement dirigée par une dynastie d'origine scandinave : les Riourikides, rapidement slavisés, la Rus' s'étendit de la mer Baltique à la Volga. Au ixe siècle, sa capitale était Kiev, une cité slave qui, jusqu'au début du ixe siècle, rendit hommage aux Khazars, mais qui fut prise par les Varègues en 864. La population de la Rus' était culturellement et ethniquement diversifiée, comprenant des Slaves, des populations finnoises et des Baltes : cette population fut christianisée au ixe siècle, et, lors du schisme de 1054, resta fidèle à la foi orthodoxe, alors que les Slaves occidentaux suivirent l'obédience de Rome (quant aux Slaves méridionaux, les Slovènes et les Croates suivirent l'obédience de Rome, les autres restèrent dans celle de Constantinople). Les règnes de Vladimir le Grand (980–1015) et de son fils Iaroslav le Sage (1019–1054) constituèrent l'âge d'or de la Rus', qui avait vu promulguer les premiers codes juridiques slaves, tel la Rousskaïa Pravda (« Vérité ruthène »). La Rus' est la plus ancienne entité politique commune à l'histoire des trois nations slaves orientales modernes : les Biélorusses, les Russes et les Ukrainiens, différenciés à partir du xiie siècle31.

À partir du xiie siècle, la Rus' se divise en différentes principautés qui, après 1223, subiront le joug des Mongols : pour s'en dégager, certaines (la Galicie-Volhynie ukrainienne) intégreront le royaume de Pologne, d'autres (celles de l'actuelle Biélorussie) intégreront le grand-duché de Lituanie (qui, en 1412, s'étend de la Baltique à la mer Noire), et les plus orientales (celles de la haute-Volga) seront ultérieurement réunies autour de la Moscovie, pour former l'Empire russe dont le souverain porta, dès lors, le titre de tzar de toutes les Russies. La Moscovie vainquit les Mongols en 1380 puis ne cessa de s'étendre, dépassant vers l'ouest et le sud-ouest la limite des peuplements est-slaves pour atteindre les mers Baltique et Noire au xviiie siècle, dépassant vers le sud le Caucase pour s'implanter en Géorgie en 1801, et dépassant vers l'est l'Oural et progressant à travers l'Asie pour atteindre le Pacifique au xviie siècle. Devenu multinational, cet empire fut transformé en république fédérative en février 1917, puis en champ d'expérimentations sociales et ethniques sous le gouvernement communiste (octobre 1917–décembre 1991), qui en fit une « Union soviétique » de 15 républiques, qui se fragmenta à l'issue de cette période. Par conséquent, depuis 1991, les peuples slaves orientaux vivent principalement au sein de trois États : la Fédération de Russie, la Biélorussie et l'Ukraine, mais, à la suite de la colonisation de peuplement depuis le xixe siècle, mais surtout durant la période soviétique, plusieurs millions sont dispersés à travers les autres anciennes républiques soviétiques, où, à la suite du processus de russification, le russe reste la principale langue de communication inter-ethnique (язык межнационального общения)32.

 

Drapeau aux couleurs pan-slaves.

Les États slaves, aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Voici la liste des États slaves classés par nombre d'habitants33.

Hymnes et drapeaux slaves[modifier | modifier le code]

Article connexe : Kolovrat (symbole).

Hej Sloveni (Hé, les Slaves) est un hymne consacré aux Slaves. Ses paroles originales ont été écrites en 1834 sous le titre « Hej, Slováci » (Hé, les Slovaques) par Samuel Tomášik. Il sert depuis comme hymne du panslavisme, du mouvement Sokol, ainsi que de la RFS Yougoslavie, de la République fédérale de Yougoslavie et de l'État fédéré de Serbie-et-Monténégro. La chanson est également considérée comme le second hymne officieux des Slovaques. Sa mélodie est basée sur le Mazurek Dąbrowskiego, l'hymne de la Pologne depuis 1926, mais elle est beaucoup plus lente et plus accentuée.

Il est appelé Hej, Slaveni en croate et bosniaque, Хеј Словени/Hej, Sloveni en serbe, Hej, Slováci en slovaque, Hej, Slované en tchèque, Еј, Словени en macédonien, Hej, Slovani en slovène, Hej Słowianie en polonais, Хей, Славяни en bulgare, Гей, Славяне en russe.

Il existe également, depuis cette même époque, un drapeau pan-slave aux couleurs russes, dans un ordre différent.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • V. Zdenek, Le Monde slave ancien, Cercle d'art, 1983.
  • Francis Conte, Les Slaves, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l’évolution de l’humanité », 1996.
  • Francis Dvornik (professeur de Harvard, département des Études slaves), (trad. Danielle Palevski, Maroussia Chpolyansky), Les Slaves, histoire et civilisation de l'Antiquité aux débuts de l'époque contemporaine [« The Slavs, their early history and civilisation »], Seuil, coll. « l'Univers historique », imprimerie Firmin-Didot 7-86, 1970.
    • Ouvrage original : Francis Dvornik, The Slavs, their early history and civilisation. Boston, American Academy of Arts and Sciences, 1956.
  • Karol Modzelewski, L'Europe des Barbares, Aubier, 2005.
  • Virginie Symaniec, La Construction idéologique slave orientale : Langues, races et nations dans la Russie du xixe siècle, Éditions Petra, (ISBN 978-2-84743-045-5), 2012.

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  (en) « Slavs », Wikipedia,‎  (lire en ligne)
  2.  Communiqué [archive] du 12 juillet 2011 de Zavod za Statistiku (office statistique du Monténégro) concernant les résultats du recensement de 2011.
  3.  Aménagement linguistique dans le monde - Les langues slaves [archive].
  4.  Ethnologue, Languages of the World - Slavic [archive].
  5.  (en) « Slavia », Wikipedia,‎  (lire en ligne)
  6.  « La ruée des Slaves » [archive], L'Express.
  7.  (en) « Vladimir Putin: Leonardo DiCaprio is a 'real man' », Telegraph.co.uk, {{Article}} : paramètre « année » ou « date » manquant (lire en ligne [archive])
  8.  http://poreklo.rs/srpski-dnk-projekat/ [archive].
  9.  http://poreklo.rs/srpski-dnk-projekat/?lang=lat [archive].
  10.  (en) Alexander Basilevsky, Early Ukraine: A Military and Social History to the Mid-19th Century, McFarland,  (ISBN 9780786497140, lire en ligne [archive])
  11.  « Dans quel pays du monde sommes-nous les plus grands ? », SciencePost,‎  (lire en ligne [archive])
  12.  « Quelle taille font les hommes du monde ? », medias-presse.info, {{Article}} : paramètre « année » ou « date » manquant (lire en ligne [archive])
  13.  Taille (anthropométrie)
  14.  Le grand Mourre : wendes.
  15.  Alexeï Timofeïtchev, « Mythes de l’histoire russe: le mot «Slaves» vient-il d’«esclaves»? », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎  (lire en ligne [archive])
  16.  « Mais où étaient donc les Slaves dans l'Antiquité » [archive], Patrice Lajoye, academia.edu, 2016.
  17.  Procope de Césarée, Histoire de la guerre contre les Goths, Livre I, XXVII, 1.
  18.  a et b Vladislav Popovic, La descente des Koutrigours, des Slaves et des Avars vers la mer Égée : le témoignage de l'archéologie, Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Volume 12, pp. 596-648,  (lire en ligne [archive]).
  19.  Colonisation russe de l'Amérique
  20.  (en) Gerald Stone, Slav Outposts in Central European History: The Wends, Sorbs and Kashubs, Bloomsbury Publishing,  (ISBN 9781472592125, lire en ligne [archive])
  21.  Histoire du moyen age, 1, Chamerot,  (lire en ligne [archive])
  22.  Francis Conte, Les Slaves, Bibliothèque de l'Évolution de l'Humanité, Albin Michel, 1996, p. 91-96.
  23.  (en) « Igor Stamenovic: “Military tactics of the Ancient Slavs”, Part II » [archive], sur meettheslavs.com (consulté le 10 septembre 2017)
  24.  (pl) Jędrzej Moraczewski, Dzieje Rzeczypospolitej Polskiej, N. Kamieński,  (lire en ligne [archive])
  25.  (en) « Yugoslav irredentism », Wikipedia,‎  (lire en ligne)
  26.  [1] [archive] ; dans Plutarque, cette même légende concerne le roi scythe Scilurus sur [2] [archive].
  27.  Georges Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, Payot, Paris, 1956.
  28.  Jordanès, dans son œuvre Getica note par exemple : « … Sclavini a civitate nova et Sclavino Rumunense et lacu qui appellantur Mursianus... » in : De rebus Geticis [archive] citant le manuscrit de Vienne ; même si et sclavino rumunense est une interpolation du xie siècle comme cela a été supposé, elle n'en est pas moins significative.
  29.  Georg Ostrogorsky, « Histoire de l'État byzantin », [compte rendu dans la Revue des études byzantines no 1, vol. XVIII, 1960, p. 225-227].
  30.  Chronique de Nestor, naissance des mondes russes, éd. Anacharsis, 2008 ; Régis Boyer, Vikings et varègues : histoire, mythes, dictionnaire, éd. R. Laffont, 2008.
  31.  François-Georges Dreyfus, Une histoire de la Russie : des origines à Vladimir Poutine, éditions de Fallois, 2005.
  32.  Hélène Carrère d'Encausse, La Russie inachevée, Fayard, 2000.
  33.  (ru) « inconnu » [archive], sur Google.